PSA récupère l’énergie de ses fonderies pour le chauffage urbain

Les  émissions de la fonderie de PSA utilisées pour le chauffage

Si auparavant, la chaleur issue de la fonderie de l’usine PSA était en quelque sorte « perdue », ce n’est plus le cas désormais : elle permet depuis janvier dernier de chauffer plus de 3.000 logements sur trois quartiers ainsi que le centre hospitalier de la ville, créant une vingtaine d’emplois, se réjouissent le maire LR de Charleville-Mézières et le président d’Ardenne Métropole, Boris Ravignon.

L’investissement – qui représente tout de même la bagatelle de 10 millions d’euros – a été porté par Dalkia, société gestionnaire du réseau de chaleur via une délégation de service public signée en juin 2017.

4 millions proviennent du « Fonds Chaleur » de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME). Selon les concepteurs du projet, l’opération permettra d’éviter le rejet dans l’atmosphère de 7.000 tonnes de gaz carbonique chaque année. Ce qui équivaut selon la patronne de Dalkia au retrait de la circulation de 4.000 véhicules.

Système gagnant-gagnant

Ce nouveau système de chauffage se veut être un projet gagnant-gagnant entre les utilisateurs et les producteurs de ressources énergétiques. Grâce au système mis en place, la facture des bénéficiaires est réduite d’environ 15 %, PSA quant à lui pouvant retirer des revenus de la vente à Dalkia des chaleurs résiduelles de six fours de fonderie. Un double avantage pour le directeur du site de PSA ,Stéphane Gelas, rappelant qu’auparavant ces émissions « ne servaient avant qu’à chauffer les oiseaux ».

Ne serait-ce que pour l’hôpital, cette « récupération » permet d’économiser 300.000 euros par an.

Concernant le prix de vente de cette chaleur dite « fatale », PSA le qualifie de « raisonnable », sans toutefois en préciser le montant.

D’importants potentiels d’énergies à récupérer

Une étude réalisée par le CEREN a permis d’identifier et de quantifier les gisements de chaleur dite «  fatale » sur la base de données issues des 7 000 plus gros consommateurs d’énergie dans l’industrie (industries manufacturières et industries du raffinage). Le périmètre d’investigation comprenant notamment les procédés les plus énergivores tels que fours, séchoirs, chaudières…

Les résultats de cette étude ont montré que 109,5 TWh, soit 36% de la consommation de combustibles dans l’industrie (hors usage en matière première, mais y compris le secteur du raffinage), sont rejetés sous forme de chaleur fatale, dont 52,9 TWh à 100 °C et plus.

Le gisement de chaleur fatale dans l’industrie provient en tout premier ordre des fumées de fours, viennent ensuite les buées de séchoirs puis les fumées de chaudières.

Selon l’étude,  16,7 TWh de chaleur fatale à plus de 60 °C (13,4 TWh à plus de 90°C), sont valorisables dans les réseaux de chaleur existants. Ce gisement de chaleur fatale provient des sites industriels présents à proximité des réseaux de chaleur de 496 communes desservies. Ce gisement correspond à 70 % de la chaleur livrée en 2013 par les réseaux de chaleur en France.

L’avis de Leblogauto.com

Si comme l’affirme la patronne de Dalkia, une telle initiative permet d’éviter le rejet dans l’atmosphère de 7.000 tonnes de gaz carbonique par an, ce qui – tient-elle à préciser – équivaut au retrait de la circulation de 4.000 véhicules, verrons-nous bientôt les constructeurs négocier auprès des plus hautes instances pour que soit prise en compte ces comportements « écologiques » pour apprécier globalement leurs efforts mis en œuvre pour lutter contre la pollution atmosphérique ?

Selon l’ADEME, les enjeux de la récupération de chaleur « fatale » au niveau d’un territoire sont notamment de « créer une synergie économique et environnementale avec le tissu industriel », de limiter les gaz à effet de serre et contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique, notamment dans le cadre des Schémas Régionaux Climat-Air-Énergie (SRCAE) et des Plans Climat Énergie Territoriaux (PCET).

Sources : AFP, PSA, ADEME, CERENE

(8 commentaires)

  1. Il est dommage que cela ne soit pas réalisé plus tôt car les techniques existent depuis pus de 10ans. Que d’années perdues à chauffer la nature, mais au moins les cris d’alarme sur la pollution, le prix des énergies et donc du chauffage incitent les industriels à réfléchir et agir……..

      1. Pour Saint Alban je ne connais pas, mais la centrale d’Avoine sert à chauffer, entre autres, la piscine olympique du village et les serres des maraichers.
        Pour la centrale de Gravelines on peut citer la fourniture de chaleur au terminal méthanier de Dunkerque (afin de changer l’état du méthane)

        1. @Gérald, ces exemples me paraissent déjà plus pertinent que du chauffage de particulier. C’est déjà bien ne récupérer la chaleur pour économiser sur le chauffage d’habitation c’est certain mais il se passe quoi en plein été? On recommence à chauffer les oiseaux? Là on moins on utilise la chaleur produite toute l’année.

          1. @seb : même en été on a besoin d’eau chaude.
            A noter que d’autres chauffent des serres tropicales pour des crocodiles.
            Ou servent de « source chaude » pour des pompes à chaleur, des piscines, etc.

  2. On peut faire encore mieux, la co-génération, ici : fonderie>électricité>réseau de chaleur.
    Et ça n’est pas récent.

    1. fonderie>électricité>réseau de chaleur.

      pourquoi pas, sur le principe

      mais la loi Carnot, elle dit quoi en ce qui concerne le rendement? (conversion chaleur perdue de la fonderie en énergie exploitable)

  3. Gagnant-gagnant ? Pas tout à fait !
    Car le projet nécessite 10 M€ pour réaliser les réseaux de chaleur, dont 40 % proviennent de l’ADEME, c’est à dire… de fonds publics !
    Dit plus clairement, chaque contribuable participe, à l’insu de son plein gré, à cette opération dont il ne tire rien, mais qui lui soutire un peu de pouvoir d’achat.
    Dit encore plus clairement, un projet sera réellement gagnant-gagnant quand il n’impliquera que les parties prenantes (industriels et collectivités concernées).
    Notre système français ne sait pas fonctionner sans générer de taxes ou prélèvements obligatoires même si c’est pour les redistribuer ensuite avec les meilleures intentions : il y a quelques gagnants, certes, mais beaucoup de perdants (les contribuables). Et personne pour évaluer si in fine le projet était pertinent.
    A l’inverse, ceux qui « à l’anglo-saxonne » se financent tout seuls, quand ils fonctionnent, peuvent affirmer qu’ils étaient pertinents, et à l’inverse quand ils s’effondrent qu’ils ne l’étaient pas. Sans impacter le reste de la société.

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