Selon les termes du communiqué de PSA, cette plate-forme, baptisée CVMP ( Connected Vehicle Modular Platform ou plate-forme modulaire pour véhicules connectés) permettra de déployer de nouveaux services directement liés aux fonctions intrinsèques du véhicule tels que le diagnostic de la voiture à distance et à la demande, les commandes à distance comme le contrôle de la charge batterie, le préchauffage.
Plus largement, PSA souhaite offrir à ses clients de nouveaux services tels que la mise à jour des logiciels véhicule, de l’info-trafic, de la navigation, mais également des services d’autopartage, de gestion de flotte d’entreprise ainsi que des services personnalisés dans la voiture tel que l’assistant personnel.
Le constructeur a par ailleurs précisé que les premières applications de cette nouvelle plate-forme seront commercialisées en Europe et en Chine en 2018, puis dans le reste du monde.
Dans un communiqué distinct, Huawei a indiqué qu’il allait apporter « son savoir-faire en briques technologiques » en vue d’élaborer la plate-forme devant permettre à PSA de connecter les différents composants dont elle a besoin et de les faire communiquer entre eux. Selon l’équipementier chinois, le groupe pourrait ainsi évoluer de « simple constructeur automobile » vers un statut beaucoup plus large de « fournisseur de solutions de mobilité ».
Une plate-forme on ne peut plus sécurisée selon PSA
Le groupe automobile se fait fort d’offrir toutes les garanties en terme de sécurité et de mécanismes anti-intrusion. Il est vrai que si les services connectés offrent des avantages non négligeables, ils représentent néanmoins un point d’entrée névralgique pour quiconque souhaiterait pirater les données transmises à partir du véhicule, voire même à contrario souhaiterait prendre la main à distance sur les fonctionnalités de l’automobile.
Dans cette optique, PSA se veut on ne peut plus rassurant, affirmant que la plate-forme CVMP « assurera la gestion sécurisée de l’ensemble des interactions numériques entre la voiture et le cloud tout en garantissant l’intégrité, l’authenticité et la confidentialité des données ».
Huawei vraiment un bon choix en terme de sécurité des données ?
Reste toutefois qu’en 2012, un rapport de la commission du renseignement de la Chambre des représentants US indiquait que Huawei et ZTE, toutes deux sociétés de télécommunications chinoises, constituaient une menace pour la sécurité des Etats-Unis et devaient être exclues des acquisitions et contrats américains. Les USA avaient alors accusé Huawei d’espionner les pays où il était implanté en vue de fournir des renseignements au gouvernement chinois.
Parallèlement, un rapport de la même commission établissait que « la Chine a les moyens, l’occasion et les motivations pour utiliser les sociétés de télécoms à des fins malveillantes« . Affirmant également que « sur la base d’informations classifiées et non classifiées, Huawei et ZTE ne peuvent pas garantir leur indépendance par rapport à l’influence d’un Etat étranger ». La commission avait lancé son enquête, redoutant que Pékin puisse utiliser ces deux groupes télécoms pour faire de l’espionnage économique ou militaire, ou pour mener des cyber-attaques.
En mars 2014, les accusations avaient toutefois changé de camp …. Le New York Times et le magazine allemand Der Spiegel affirmaient alors que la NSA, l’Agence nationale de sécurité américaine aurait infiltré les serveurs du siège de Huawei afin d’obtenir des informations sensibles et de surveiller les communications de ses dirigeants. L’opération aurait été révélée via les documents de la NSA fournis par Edward Snowden, ancien employé de l’Agence et désormais célèbre pour avoir divulgué de nombreuses données révélant la surveillance opérée par les États-Unis. L’un des objectifs aurait été de trouver des liens entre Huawei et l’Armée populaire de libération mais également d’exploiter les technologies du groupe de télécoms.
Plus récemment, en mars 2017, le Canard Enchaîné avait révélé que le partenariat mondial conclu entre Orange et Huawei sur le cloud avait fait frissonner d’effroi l’administration française, laquelle redoutait des opérations d’espionnage des clients et dirigeants du groupe télécoms par la Chine. Le journal affirmait alors qu’une
réunion « ultra-secrète » s’était tenue au Palais de l’Elysée fin 2016 en vue de réunir une dizaine de hauts fonctionnaires représentants les services de Renseignement et de la Défense, mais également Bercy. Objet officiel de la réunion : évoquer l’accord sur le cloud. Mais officieusement, l’État français soupçonne la Chine de vouloir espionner les dirigeants et clients de l’opérateur.
Sources : AFP, PSA, Huawei, Canard Enchaîné, Spiegel, New-York Times
Crédit Illustration : PSA