Premier feu vert pour les gigaliners, mais…

Le méga-camion avance petit à petit. Si les dernières propositions avaient été rejetées systématiquement, cette fois le Parlement a voté pour à 330 voix pour, 207 contre et 74 abstentions. C’est une première victoire pour les pro-gigaliners qui estiment que cela doit permettre de baisser la facture CO2 du transport routier. Pour les opposants, la bataille n’est pas finie.

En effet, il faut désormais une validation du Conseil Européen (les Etats). Chaque état-membre va pouvoir donner sa position et des négociations vont avoir lieu entre états. A l’issue de ces négociations, chaque Etat sera libre de refuser le passage sur son territoire de ces mégacamions, à condition de ne pas les autoriser sur son territoire. On verra que cela a son importance.

Concurrence accrue contre le fret ferroviaire et fluvial

On l’a vu précédemment, les gigaliners sont des camions qui pourront mesurer (cabine comprise) 25,25 m de long et peser, là aussi tout compris, 60 tonnes. Selon les pro-gigaliners, cela permet de réduire jusqu’à 20% la dette CO2 par tonne de marchandise transportée. D’autres, anti, dénonce une concurrence accrue envers le fret ferroviaire et fluvial, seuls à vraiment décarboner le transport de marchandises.

Les autres craintes concernent des routes non adaptées. Ce sera vrai sur les traversées de villes/villages, et pas mal de routes en France où il faudrait aménager les carrefours à sens giratoires très nombreux. Sur les routes empruntées régulièrement par des convois exceptionnels, ces « ronds-points » permettent de couper à travers. Mais tous les aménagements ne sont pas faits. Ces mégacamions seraient donc potentiellement limités à certaines routes (mais qui surveille ?).

L’autre crainte, c’est que ces camions « défoncent » des routes pas adaptées. Or, s’ils pèsent jusqu’à 60 tonnes, ces camions géants répartissent la charge sur plus d’essieux, baissant le poids à l’essieu. Il faut plus s’inquiéter de la possibilité offerte par l’Europe d’augmenter la charge à l’essieu pour accueillir les camions électriques. En revanche, là où il y a une vraie crainte, ce sont sur les ouvrages comme les ponts.

L’argument écologique ne convainc pas

L’argument de l’écologie n’a pas convaincu les verts au Parlement qui ont rejeté le vote. « En France, le problème que nous avons, c’est que nous n’avons pas du tout des routes adaptées à ces mégacamions », a regretté sur France Inter l’eurodéputée écologiste Karima Delli. La Députée, présidente de la Commission des transports et du tourisme du Parlement européen, parle aussi de distance de freinage accrue et de risque d’accident augmenté de 80% (sic.).

Sauf qu’on n’est pas encore à voir des gigaliner traverser l’Europe de l’Espagne à la Mer du Nord ou jusque dans les pays Baltes ou aux portes de la Turquie. En effet, chaque état membre pourra refuser ces camions. Et s’il y en a un qui est stratégique, c’est la France. L’Espagne qui a une dérogation pour faire circuler ces camions par exemple ne peut sortir vers le reste de l’Union Européenne que par la France en liaison terrestre.

Ainsi, si la France refuse le passage des mégacamions, l’Espagne ne pourra pas aller au-delà de la frontière. Il risque donc d’y avoir pas mal de négociations et de pressions sur la France pour qu’elle accepte le transit sur son sol. De quoi mettre un peu plus en rogne les patrons transporteurs tricolores. A moins qu’ils ne militent eux-aussi pour l’autorisation complète de ces camions. Prochaine étape, donc, le Conseil Européen.

Sur une note « optimiste », si les camions sont autorisés jusqu’à 25,25 m, on pourrait avoir plus de camions avec un « nez » (à l’américaine). En effet, la longueur de 18,75 m comprend la cabine et les cabines « plates » sont donc privilégiées.

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