Pollution aux particules fines : 238.000 décès en 2020 en Europe ?

Dans les polluants de l’air, l’AEE analyse les particules fines (PM), les oxydes d’azotes (NOx avec principalement le NO2 ou dioxyde d’azote), ainsi que l’ozone, O3. Concernant l’ozone, la tendance est à la baisse avec une estimation de 24 000 décès prématurés en 2020 à travers l’Europe. Pour rappel, l’ozone est un polluant dit secondaire car il n’est pas émis directement par l’activité humaine, mais va être issu de réactions chimiques des gaz dits précurseurs comme NOx, CO et COV. Les poches d’O3 peuvent très bien se former au-dessus d’une forêt, avec des gaz poussés par les vents dominants puis stagnants là. En Ile de France par exemple, c’est souvent le cas sur la forêt de Fontainebleau.

Pour les NOx, l’AEE estime à 49 000 décès prématurés en Europe sur l’année 2020. Les NOx sont principalement émis par les centrales thermiques, mais aussi, pour la France par les véhicules Diesel, particuliers comme camions. Pour réduire les émissions de NOx, on utilise de l’urée, alias l’AdBlue qui va réaliser une réduction chimique dans un circuit que l’on appelle SCR (selective catalytic reduction). Mais, en Europe, tous les véhicules Diesel, particuliers comme utilitaires et poids-lourds n’ont pas forcément cette technologie. Cela s’améliore tout de même note l’AEE même si l’année 2020 était particulière avec la pandémie Covid-19 et les restrictions de circulation.

On en vient au gros morceau de la pollution de l’air, ou plutôt les plus petites particules (alias PM2.5) qui s’insinuent très profondément dans les poumons et provoquent différentes maladies, voire décès. L’AEE estime que les particules fines provoquent la mort prématurée de 238 000 personnes en Europe en une année. C’est en légère hausse par rapport à la dernière estimation.

Ces particules elles viennent d’où ? Eh bien principalement en Europe du chauffage tertiaire comme résidentiel, et des centrales gaz et charbon qui produisent de l’électricité. Il n’y a pas que le CO2 dans la vie et l’industrie est très émettrice de PM2.5. En une vingtaine d’années, les normes européennes ont permis de diviser par deux ces décès prématurés. Et si on remonte à 30 ans, c’était un million de décès prématurés en Europe.

Décès prématurés, c’est-à-dire ?

En fait, la pollution aux particules fines va provoquer différentes pathologies qui in fine vont réduire l’espérance de vie des gens de 30 ans et plus. On estime que la pollution cause une perte de 6 à 8 mois d’espérance de vie, à 30 ans. En fait, la technologie actuelle des voitures leur font polluer 20 fois moins environ que les modèles équivalents des années 2000. Mais, il faut laisser le temps aux parcs automobiles de se renouveler. Et avec les différentes crises, ce renouvellement se ralentit fortement.

Il est aussi à noter qu’une voiture électrique va émettre autant de particules fines qu’un VT. Pourquoi ? Car les particules à l’échappement sont ultra minoritaires par rapport aux particules d’abrasion. Ces particules, ce sont les freins, les pneus sur la route, les roulements, les particules tombées au sol et remises en suspension, etc.

Près des grands axes routiers, les particules fines sont principalement émises par le trafic routier. Mais dès que l’on s’éloigne des axes, ces particules sont dues à plusieurs facteurs comme le chauffage, l’industrie, mais plus étonnant l’agriculture et l’érosion naturelle. L’érosion, ce sont les vents dominants qui vont éroder le sol, emporter les embruns, du sable, etc. Et ces particules, on l’a vu avec les épisodes de « pluies de sable du Sahara » peuvent voyager sur des milliers de kilomètres.

L’agriculture, elle, utilise des produits azotés, des entrants chimiques ou naturels qui vont là aussi être transportés par les vents et se recombiner dans l’air sous l’effet du soleil, etc. Cela crée des particules fines qui là aussi voyagent sur des centaines de kilomètres. Ainsi, en Ile de France, 68% des particules fines ne sont pas produites sur place mais portées par les vents dominants.

Quoi qu’il en soit, l’Europe estime que cette pollution est toujours trop importante et vise le seuil de non nocivité d’ici 2050. C’est à dire être en dessous des limites fixées par l’OMS. Cela passera forcément par une transformation de nos sociétés, tant de l’industrie que de l’automobile. Pour l’automobile, ce sera via le renouvellement plus rapide du parc, avec des interdictions de plus en plus drastiques de circulation pour les véhicules thermiques anciens.

Pour l’industrie, cela devrait passer par l’utilisation d’électricité, et d’hydrogène, même si ce dernier est un immense gâchis énergétique vu les rendements. Un voeu pieu lorsque l’on voit que certains pays dépendent encore très fortement du charbon, du gaz et du fioul pour leur énergie. Pendant ce temps, le nucléaire n’émet pas de particules fines.

Notre avis, par leblogauto.com

Le bon côté de cette étude, c’est que l’on peut enfin clouer le bec à ceux qui ânonnent sur les 48 000 décès prématurés en France à cause de la pollution de l’air (souvent lu ici aussi dans certains commentaires). Ce chiffre totalement obsolète se base sur une très ancienne étude, largement remise en question.

Ici, l’AEE ne détaille pas les chiffres pays par pays mais prend l’UE des 27 comme un tout. Si on prend notre population de 67 millions d’habitants, que l’on applique un ratio sur les 447 millions d’habitant de l’UE27, on arrive à 35 000 décès prématurés. Mais, la France a un énorme avantage par rapport à de nombreux pays d’Europe niveau pollution grâce à son électricité nucléaire et renouvelable. On est donc plutôt sur 30 000 décès prématurés, quoi qu’en dise même les officiels des Ministères.

L’AEE précise par exemple : « L’Europe centrale et orientale et l’Italie ont signalé les concentrations les plus élevées de particules et de benzo[a]pyrène (un cancérogène), principalement en raison de la combustion de combustibles solides pour le chauffage domestique et de leur utilisation dans l’industrie ».

Pour ceux qui veulent aller plus loin : le rapport.

(6 commentaires)

  1. Sur France Info, les 48 000 décès prématurés en France à cause de la pollution de l’air seraient les anciens chiffres… Ça serait « que » 40.000 environ décès prématurés en France.
    Cela reste pas mal !?

  2. Ce que cette étude a été revue par des pairs ?
    J’avais entendu un écart type de 48 000 donc le nombre de décès est entre 0 et 48 000.
    Est-ce la même méthode ?

  3. Que c’est comique c’est chiffres.

    Une seule personne croit à ces chiffres qui ne font vivre plus longtemps, assez inutilement et plus richement que ceux qui les produisent ?

    Et le pays avec lq plus grande espérance de vie est…. HONG KONG.

    Mais ça doit être du au fait qu’il n’y a pas de voitures là bas.

  4. la pollution de l’air est un problème global auquel il faut apporter des solutions par de l’innovation, il n’y a pas le choix. la science crée des problèmes mais la science traite beaucoup de problèmes. Nous (humanité) avons rendu l’humanité plus agréable ainsi. Beaucoup idéalisent la nature mais ne pas oublier que la définition de la nature est la sélection. C’est à dire qu’elle tue. Il ne faut ni l’idéaliser, ni la diaboliser mais l’homme a du l’affronter pour survivre et c’est toujours le cas. Il la protège, mais s’en méfie, car elle se défend toujours. C’est un sujet complexe et philosophique.

    J’ai un purificateur d’air allemand made in china, ça compte 🙂 ?
    Plus sérieusement, ça va mieux, je dors mieux. Il y a des transition qui seront un mal nécessaire et ensuite il faudra dompter les effets secondaires.
    Les plaquettes de freins sont un vrai problème, les résidus, il y a un tas de choses qui peuvent être améliorées. L’Europe est technologiquement bonne dans le recyclage des batteries. Ce n’est que le début d’une nouvelle ère. Il faut voir l’avant comme des opportunités et éviter toute vision mortifère.

    Pour avoir vécu en Allemagne, ils sont certes l’industrie la plus émettrices mais sont très innovants dans le recyclage. Leur territoire n’est pas défiguré. C’est très beau l’Allemagne. Les normes de constructions font qu’ils ont parmi les maisons les plus isolées du monde. J’espère qu’ils vont pas changer car leur pragmatisme était positif.

    Il faut être pragmatique, croire en la science et investir dans tous les domaines, c’est ce que fait l’Asie et l’Europe a beaucoup d’atouts. Les discours idéologiques ne servent à rien
    L’Europe a une puissante industrie de recyclage, l’un n’empêche pas l’autre.
    https://atlasocio.com/classements/environnement/dechets/classement-etats-par-taux-de-recyclage-europe.php
    Et c’est corrélé avec les industries. L’Italie par exemple a des géants du recyclage des batteries (Italmatch)

    Les chinois sont certes les plus pollueurs mais c’est aussi le premier pays au monde qui investit dans les énergies propres. Ils ont aussi replanté tout un desert en utilisant leur armée.
    https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/l-inde-et-la-chine-ont-replante-l-equivalent-de-l-amazonie_131501 (en gros l’Inde et la Chine, pourtant fortement peuplés, ont replanté l’équivalent de l’Amazonie) et c’était en 2019

    L’article est en allemand mais on peut le traduire en ligne.
    https://www.asiafundmanagers.com/ch/china-fuehrend-bei-investitionen-in-erneuerbare-energien/
    « Les investissements dans les énergies renouvelables à travers le monde ont atteint un record de 266 milliards de dollars au cours du premier semestre 2022, selon un rapport du cabinet de recherche BloombergNEF (BNEF). Et la Chine à elle seule en représentait 43 %. »

  5. « Les chiffres sont contestés et contestables »
    Oui car avec les estimations et l’emploi du conditionnel, on peut donner des chiffres à la louche qui sont invérifiables.
    Ce qu’on peut imaginer (très scientifique également) c’est que la pollution permet de diminuer la mortalité due au covid et inversement mais dans quelle proportion ?

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