Avant de nous laisser les clés d’un Kangoo pour quelques jours, Renault nous avait d’abord conviés à une visite du Technocentre, une fois le déjeuner terminé à l’Atelier. Après des échanges très intéressants sur la force des médias internet et notamment des blogs durant le repas, il était temps de prendre la route pour le Technocentre, bien entendu en Kangoo.
Ce qui impressionne à l’approche du site, c’est d’abord sa taille puisque s’étendant sur plus de 150 ha, le Technocentre en impose. Lieu sensible, particulièrement en ce moment, un agent de sécurité guette l’entrée et la sortie des véhicules. Bien que l’accueil fut plutôt chaleureux dans le hall, notre accompagnatrice affiche pourtant la couleur: Interdiction de photographier ou filmer. Badge en évidence sur la chemise, nous nous dirigeons dans une des 950 salles de réunions. Le Technocentre, c’est 12 500 personnes dont environ la moitié de personnel « Renault », le reste étant des prestataires pour la plupart. Le bâtiment compte 3 secteurs principaux, à savoir l’Avancée là où naissent les projets, puis La Ruche le coeur du site où l’on valide notamment le travail de l’Avancée. Pour faire court, tout ce qui se rapporte au développement des projets définis dans l’Avancée se fait dans la Ruche. Au sein du troisième bâtiment principal, on fabrique les prototypes que l’on retrouvera notamment en « spyshots » sur le net.
Malgré l’actualité, on nous dit que les employés sont plutôt bien installés (ça a l’air en effet!), et heureux de travailler dans cette enceinte monumentale. Et puisque beaucoup passent énormément d’heures sur le site, on trouve une boulangerie, une Poste, une banque, un magasin de vêtement ou encore un coiffeur. Bardés de larges surfaces vitrées la lumière naturelle pénètre beaucoup à l’intérieur de l’artère qui parcourt les trois bâtiments principaux. On y trouve différentes expositions pour les visiteurs comme nous, mais également pour le personnel.
Mais le Technocentre, pourquoi faire? Finalement le but est simple: rapprocher la plupart des activités liées au développement des projets, pour une simple question de logistique d’abord, mais également pour une meilleure compétitivité avec à la clé réduction des coûts de conception et un gain majeur de temps (j’ai bien retenu la leçon!). D’ailleurs, désormais une seule grande équipe développe le Produit et le Process de chaque projet. A titre de comparaison, Mégane 1 a été réalisé en 59 mois, alors que Mégane 2 développé au Technocentre n’en a réclamé que 29. Avant la construction du bâtiment en 1998, c’est sur une 50aine de sites que l’on développait les voitures entre le premier coup de crayon et la sortie du premier véhicule de série.
Si l’on ne nous a pas montré beaucoup de choses, une entrevue avec l’un des hommes du centre d’analyse de la concurrence fut particulièrement intéressante. Cet endroit, c’est en fait un grand garage où l’on démonte (au sens propre) toute la concurrence. Si les constructeurs européens s’échangent les dossiers techniques des véhicules une fois que ceux-ci sont commercialisés, au sein du CAC, on en vérifie l’exactitude, mais aussi si quelques brevets n’ont pas été piqués et s’il est possible d’en piquer subtilement un ou deux en passant. Sur de longs tableaux on peut voir les colonnes vertébrales des véhicules analysés, c’est-à-dire tous le circuit électrique. Puis on peut observer sur les carrosseries et partout sur le châssis des coups de crayons matérialisant les cotes. L’homme nous précise que les marques européennes s’échangent gracieusement des modèles afin que chacun les dépèce dans son atelier, mais les Japonais eux ne donnent rien, donc Renault achète dans les réseaux les véhicules qu’ils souhaitent analyser quand ils sont d’origine nippone (hors Nissan évidemment).
En plus de la vérification des brevets et des dossiers techniques, dans ce service, on tente de définir combien coûte à un constructeur la fabrication de la voiture concurrente. Combien mesure la couche de peinture, le coût des différents matériaux et leur nature… Rien ne semble échapper à l’équipe du CAC. Au moment de notre venue, ils avaient trouvé des traces de magnésium dans les sièges de C4 Picasso. Concernant les véhicules présents dans l’atelier, on notait notamment la présence d’un S-Max, des Corolla (version étrangère et française), une Avensis, un Santa Fe, ou encore un Rav4. On sentait donc, qu’entre autres, la marque au Losange planche à plein sur le future Koleos par exemple.
Au final, on se dit que Renault avec le Technocentre s’est donné les moyens de faire des produits encore plus concurrentiels et de qualité toujours meilleure. Nous verrons avec les futurs modèles si cela se vérifiera.