Opel : plan de départs néfaste pour l’expertise ?

Fuite des cerveaux et de l’expertise

Durant les derniers mois, plusieurs cadres ont d’ores et déjà quitté l’entreprise, réagissant à leur manière après la finalisation durant l’été dernier du rachat d’Opel par PSA. Selon Reuters, certains ingénieurs de premier plan ont rejoint d’autres constructeurs comme BMW ou des équipementiers comme Continental.

Dans le cadre d’un plan de redressement d’Opel, PSA souhaite supprimer 3.700 postes chez le constructeur Allemagne d’ici 2020 via notamment des départs volontaires et des retraites anticipées.

Mais en fin de semaine dernière, le programme a été suspendu dans l’attente d’une réunion fin mai entre la direction d’Opel et le conseil d’entreprise de l’ancienne filiale de General Motors.

Les représentants du personnel, emmenés par le président du conseil d’entreprise Wolfgang Schäfer-Klug, exhortent néanmoins désormais le groupe français à interrompre les départs volontaires. Selon eux, ce plan constitue une réelle menace de déclin de l’expertise de la marque dans des domaines essentiels.

Vaste défi : réduire les coûts sans perdre l’expertise

PSA est donc confronté à un double défi : mener une politique de réduction des coûts en vue de permettre à Opel – déficitaire depuis des lustres – de redresser la barre sans toutefois perdre le savoir-faire indispensable pour pouvoir redresser la marque.

Des qualités mises en avant lors du rachat d’Opel à General Motors. Carlos Tavares, le président du directoire de PSA, avait en effet indiqué à cette occasion que l’excellence allemande en matière d’ingénierie permettrait d’attirer de nouveaux clients qui auraient pu être réticents à acheter une voiture française.

Reste que selon un cadre dirigeant parti d’Opel à l’automne dernier, il est nécessaire de réduire l’encadrement du constructeur de 25% pour pouvoir diminuer les coûts.

Deux ingénieurs de haut rang ayant quitté Opel en mars affirment quant à eux que les nombreux départs  ont gravement affaibli la marque dans le domaine de la conception de plates-formes de véhicules pour les voitures urbaines et les petites citadines.

Tous les postes essentiels pourvus selon Opel

Répondant aux demandes de réactions des journalistes sur le sujet, PSA a renvoyé la balle Opel. S’exprimant sur le risque d’une perte d’expertise une porte-parole du constructeur allemand a tenu à souligner qu’Opel s’appuyait en Allemagne « sur des programmes de réduction des effectifs volontaires » et s’abstenait « de provoquer des départs forcés. » Ajoutant qu’en agissant ainsi, Opel garantissait « que tous les postes essentiels restent pourvus et que tous les secteurs continuent de fonctionner dans le cadre d’une organisation simplifiée.« 

La direction d’Opel a toutefois refusé de fournir des chiffres détaillés sur le nombre de départs de salariés.

Rappelons que le Directeur RH d’Opel a quant à lui préféré récemment quitter le navire avant de d’être contraint de procéder à des coupes sombres en terme d’emplois. Un mauvais signe annonciateur d’orages  avais-je déclaré lors de cette annonce, certes relativement discrète mais néanmoins suivie par de nombreux lecteurs.

Mouvement de sauve qui peut : une légende ?

Dans un document interne adressé par Opel à son personnel fin avril, le constructeur indique avoir reçu environ un millier de demandes sur un total de 19.000 salariés en Allemagne. Volume enregistré en moins d’un mois, après l’ouverture de son guichet en mars dernier destiné aux employés souhaitant profiter d’une prime de départ.

« Les affirmations selon lesquelles nous sommes confrontés à un ‘exode massif’ de personnel hautement performant et que le travail ne peut plus être fait relèvent de la légende de grand-mère », écrit la direction des ressources humaines dans le document.

Inquiétude persistante des syndicats

En avril dernier, Wolfgang Schäfer-Klug, président du conseil d’entreprise d’Opel avait indiqué que des plans de retraite anticipée et d’autres mesures avaient d’ores déjà entraîné la disparition de 2 000 postes chez Opel. “Environ 2 000 personnes ont accepté de partir et il est probable que 2 000 personnes supplémentaires accepteront des plans de départ”, avait-il déclaré.p

Sur le ton d’un humour corrosif, le président du CE avait ajouté ne pas éprouver d’inquiétude « quant à la capacité à tenir les objectifs de coûts » mais que « l’ampleur du taux d’acceptation » des plans de départ lui faisait redouter une pénurie d’effectifs pour pouvoir gérer la charge de travail actuelle.

Sources : Reuters, Syndicats Opel, Opel

(33 commentaires)

  1. « les nombreux départs ont gravement affaibli la marque dans le domaine de la conception de plates-formes de véhicules pour les voitures urbaines et les petites citadines. » pas besoin les ingénieurs de PSA ont déjà fait le travail (CMP).

    1. Pas faux car le but c’est qu’Opel reprenne en grande partie les technologies du groupe PSA. Mais il faut aussi conserver « un peu » d’image maison.
      C’est un peu la quadrature du cercle : vendre du PSA avec une l’image « allemande ».
      Le pari est osé.
      Ce qui a très bien réussi avec Citroën va s’avérer plus compliqué avec Opel.

  2. une guéguerre de communiqués ? En quoi le déficit d’Opel serait ‘il dû sinon a des sureffectifs et une mévente en rapport aux capacités de productions…
    La conception de plateforme est PSA donc reste l’adaptation en format Opel des modèles dédiés de la marque, sauf à imaginer des sorties hors sentiers battus ?
    Fini pour l’heure la conception de Holden ou de Chevrolet…

    1. Tu sembles négliger volontairement le fait que Opel a assumé seul le coût du développement de plusieurs véhicules vendus ensuite Sous le logo Buick et Opel/Vauxhall sans que les bénéfices des ventes Buick soient intégrés à la comptabilité Opel….. Difficile d´être rentable dans ces conditions.

      1. relis plus haut : effectif sans rapport avec le dimensionnement des productions, (ou plus bas selon le sens chronologique).

      2. @greg « C’est pas tout le monde qui peut se permettre de vivre a crédit pendant » 25 « ans » !

  3. Les allemands découvrent que la fermeture d’usine est une perte pour le savoir de l’entreprise, je suis sûr que les « continental » de Picardie apprécient…

  4. D´après ce que j´ai lu, ceux qui quittent en majorité l´entreprise sont des employés relativement jeunes et très qualifiés.
    Alors que le but était de se « débarasser » en priorité des « vieux » travaillant à l´usine.

    1. C’est toujours le probleme daans ce genre de plans : ceux qui partent sont ceux qui trouveront facilement un emploi ensuite, donc les meilleurs, ou les plus bosseurs ou les plus capables.
      C’est generalement ceux que l’ont voudrait voir partir qui restent…

  5. Comme dans tous les plans de departs: les bons savent qu’ils retomberont sur leur pied donc prennent le cash et partent vers autre chose. Les « pilliers » la depuis des années ne partiront pas car ils sont au chaud, dehors retrouver du boulot ne sera pas simple, et puis ont leur avantage d’ancienneté qu’ils refusent de lacher.

  6. 4000 de moins ou une fermeture d’usine c »est un peu kif kif, on ne licencie pas que la femme de ménage ou le cuisto de la cafet’ !

  7. Moi, je ne vois pas l’intérêt d’acheter du Opel si ce n’est plus allemand. Les dirigeants de PSA dans leur orgueil se sont tiré une balle dans le pied.

    1. Mouai… Si Opel n’est pas allemand aujourd’hui alors il ne l’ait plus depuis 89 ans.
      Je ne pensais pas que les lecteurs de ce blog étaient aussi âgés pour avoir eu la possibilité d’acheter une Opel allemande.

  8. Si ça avait été Mercedes, VW ou BMW qui avait acheté Opel, la musique aurait été tout autre : ça restait allemand dont qualitatif…

    1. Renseignes toi mieux, les trois groupes que tu mentionnes ont largement baissé en termes de qualité, ce qui était vrai il y a une quinzaine d’années n »est plus trop d’actualité.

  9. Il y a et il y aura toujours des departs et des arrivées dans les entreprises, c’est la loi du marché.
    Dans un plan de departs volontaires, des personnes de valeur ont tendance a se faire valoir ailleurs, pour d’autres, c’est une opportunité a saisir … bref, un plan de depart, c’est des competences qui partent …

  10. Oui, c’est sur, souhaitons que cela soit aussi nefaste à Opel que cela ne l’a été à Peugeot, Citroën et DS !

  11. C’est la loi du marché, effectivement.
    Plus qu’à espérer que ce ne soit pas la catastrophe généralisée pour ces 4 marques.

    Moi j’attends toujours la première voiture de l’ère Tavares. Parce que jusqu’ici toutes les nouveautés avaient été conçues en majorité avant les bouleversements qu’il a souhaité pour PSA. La première 100% conçue et développée avec les moyens Tavares, et so’ premier cycle de vie en après-vente. Là on saura s’il avait raison.

    1. c’est en effet l’attente que j’ai. Car jusqu’à présent, il ne fait que vivre de l’usufruit de la réussite de la 3008 … qui n’a pas été conçu par lui. Je trouves sa stratégie industrielle est floue. J’ai bien peur que l’effet messie ne dure pas longtemps, même si j’espère le contraire pour Peugeot

  12. A noter que PSA refuse encore à OPEL le droit d’exposer en salon, puisque la décision a été prise que la marque allemande ne sera pas au Mondial de l’auto de Paris en fin d’année 🙁

    On se demande où seront présentées les prochaines nouveautés(Corsa III, Mokka II,…) 😮

    1. au salon de Francfort? (tout du moins pour la prochaine Corsa)
      ça donnera ainsi une image de deutch kalitadt…

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