L’épopée des bleus
Enguerrand Lecesne, Normand de naissance, voue une véritable passion pour le A flêché et y a consacré déjà un ouvrage, parmi d’autres dédié aux icônes françaises, à l’instar de celui sur la R8 Gordini qui a été chroniqué ici.
L’Alpine A110 a déjà suscité une abondante littérature, mais pour ceux qui s’intéressent plus particulièrement au palmarès sportif de la berlinette française, cet ouvrage peut apparaître comme très complet. L’ambition est ici de chroniquer la totalité des courses où ont été engagées des Alpine officielles, du tout début des années 60 jusqu’à la fin des années 70, avec les résultats et les plaques d’immatriculation des modèles respectifs, un véritable travail de fourmi dont l’auteur ne cache pas la difficulté, étant donné que la valse des plaques et des cartes grises, notamment au moment de la revente des modèles, était monnaie courante à l’époque !
Jamais avare en détails et en anecdotes sur le déroulement des courses et de ses pérpéties ou encore le parcours des pilotes, l’auteur nous emmène, année après année, dans l’épopée de la berlinette, depuis les premiers Tours Auto, en passant par la première victoire scratch en 1963 (le rallye des Lions avec José Rosinski, le célèbre journaliste essayeur), les débuts en circuit et les participations aux 24 heures du Mans, les premiers titres en championnat de France, puis en championnat d’Europe, le triplé historique au Monte-Carlo 1971 (Andersson/Thérier/Andruet) puis la consécration ultime de 1973 avec le titre mondial et les exploits des « Mousquetaires ».
Le crépuscule, puis la légende
Mais cette consécration est aussi le zénith de la marque, puisque à partir de 1974, la Régie donne la priorité aux 24 heures du Mans puis au défi de la Formule 1, qui se concrétise en 1976 avec la création de Renault Sport qui absorbe Alpine. Pour l’A110, faute de développement et avec le poids des ans qui commence à se faire sentir, il est de plus en plus difficile de jouer les premiers rôles. Quelques résultats notables surviennent encore, comme une victoire au Rallye de la Réunion 1976 avec un certain Jean Ragnotti, et la bombinette tricolore se fait encore remarquer jusqu’au début des années 80 grâce à l’engagement de nombreux privés, notamment dans les classes Groupe 5 et Groupe F qui autorisent de nombreuses modifications, que ce soit en rallyes sur terre, en rallycross ou même en course de côte.
Comme souvent, ce récit exhaustif et maîtrisé s’accompagne d’une abondante iconographie et de tableaux complets récapitulant les résutats des Alpines officielles.
Pour les « Alpinistes », sans nul doute un « must have » ou bien l’occasion pour de plus jeunes amateurs de découvrir cette fabuleuse aventure française, le tout vendu par les éditions ETAI au prix de 45 euros.