Nissan prépare la succession de Saikawa

Nissan veut préparer au plus vite la succession de Saikawa

Nissan a désormais indiqué de manière très claire devant des journalistes, par la voix d’un de ses administrateurs, vouloir préparer « au plus vite » la succession de son patron Hiroto Saikawa. Ce dernier étant tout à la fois fragilisé par les retombées de l’affaire Ghosn et des résultats calamiteux.

« Une des questions les plus cruciales est de commencer le processus pour identifier un successeur dès que possible », a ainsi déclaré Masakazu Toyoda, responsable du comité de nomination, lors d’une rencontre informelle avec des journalistes à Yokohama (banlieue de Tokyo), au siège du constructeur.

Toyoda n’a pas souhaité donner des indications en terme de durée, ne souhaitant pas se prononcer prématurément, mais il a toutefois affirmé que Nissan devait « être prêt à tout moment ».

Saikawa pris dans la tourmente des résultats calamiteux de Nissan

Ces propos voient le jour alors que Saikawa vient d’annoncer jeudi la suppression de 12 500 emplois dans le cadre d’une profonde restructuration de son activité de production. Des mesures que la plupart des analystes lient à une mauvaise gestion du constructeur.

Alors que Nissan a été sauvé de la faillite par Carlos Ghosn au début des années 2000, le constructeur a par la suite affiché une santé florissante. Néanmoins, le moins que l’on puise dire est que l’arrivée de Hiroto Saikawa aux commandes au printemps 2017 ne lui aura pas été bénéfique …

La situation s’est même gravement empirée ces derniers mois alors que Nissan a réalisé un virage stratégique après l’arrestation et le limogeage de M. Ghosn.

Saikawa rate un virage stratégique

Depuis qu’il est devenu PDG de Nissan, Saikawa a rapidement pris à revers une grande partie de la stratégie de Ghosn consistant à fixer des objectifs chiffrés ambitieux. Il a également critiqué l’incitation de Ghosn à donner la priorité à la part de marché et au volume sur des marchés clés tels que les États-Unis, souvent au détriment de la rentabilité.

Le précédent plan d’entreprise de Nissan, lancé par Ghosn en 2011, prévoyait une série d’objectifs en matière de ventes et de parts de marché, y compris la cible – controversée – d’une part de marché américaine de 10% au 31 mars 2017. Appelé Power 88, le plan tire son nom de ses deux objectifs chiffrés : une marge d’exploitation de 8% ainsi une part de marché mondiale de 8%. Aucun de ces deux objectifs n’a toutefois été atteint.

Saikawa concède la médiocrité des résultats de Nissan

« Nous reconnaissons que les résultats sont très médiocres », a déclaré jeudi Saikawa.

C’est le moins qu’on puisse dire … Entre avril et juin, Nissan a vu son bénéfice net fondre de près de 95 % à 6,4 milliards de yens (52 millions d’euros). Son chiffre d’affaires a quant à lui reculé de 12,7 % sur la période, pour s’établir à 2 372,4 milliards de yens. La marge d’exploitation est proche de l’encéphalogramme plat … chutant de 98,5 % à 1,6 milliard de yens.

« Nous devons admettre que ces chiffres sont en deçà de nos estimations, mais nous pensons que nous pouvons nous redresser » dans les trimestres à venir, a néanmoins déclaré Saikawa, visiblement adepte de la méthode Coué. « Nos actions portent leurs fruits », en particulier aux États-Unis, a-t-il estimé.

Saikawa fragilisé également par l’affaire Ghosn

Saikawa se trouve également fragilisé par de récentes allégations émises par un ancien administrateur de Nissan, Greg Kelly, qui avait été interpellé en même temps que Carlos Ghosn.

Dans le cadre d’un entretien accordé en juin dernier à un mensuel japonais, Greg Kelly a rappelé que Hiroto Saikawa avait lui-même apposé sa signature sur un document avalisant une minoration de revenus de l’ancien patron.

Saikawa pris lui aussi les doigts dans le pot de confiture ?

Autre élément non négligeable : Kelly affirme que Saikawa aurait (lui aussi ? ) enfreint les règles de la compagnie pour s’offrir une propriété à Tokyo. « Une investigation est en cours au sein de Nissan », a précisé mercredi Yasushi Kimura, Président du conseil d’administration du constructeur.

La gestion de Nissan critiquée par Ghosn

En décembre 2018, des sources proches du dossier avaient laissé entendre que Ghosn souhaitait réorganiser la direction de Nissan, en raison notamment de la mauvaise performance financière enregistrée par le constructeur sous Saikawa. Il est vrai que le bénéfice d’exploitation de Nissan avait diminué de 17% au cours de la première moitié de l’exercice clos le 30 septembre 2018.

Ghosn aurait également critiqué le traitement par Saikawa du scandale des contrôles et inspections avant mise en circulation au Japon. Lequel a nui au bénéfice du constructeur et a obligé Nissan à rappeler plus d’un million de véhicules sur son marché intérieur.

Malgré les efforts déployés pour résoudre les problèmes, Nissan continuait fin 2018 de dissimuler de nouvelles erreurs d’inspection. Une annonce effectuée le 7 décembre déclenchant 150 000 rappels supplémentaires.

L’avis de Leblogauto.com

Ironie de l’histoire, effet boomerang, qui est pris qui croyait prendre ? Et si tout simplement, l’affaire Ghosn n’avait fait que retarder l’échéance pour Saikawa ? L’homme qui dit-on aurait fait tomber Carlos Ghosn étant désormais lui aussi sur les rails de la sortie. D’autant plus que ses résultats sont catastrophiques. Des contre-performances qui avaient d’ores et déjà déplu à Carlos Ghosn lors qu’il exerçait encore au sein de Nissan … et qui lui avait attiré les foudres de Saikawa.

Sources : AFP, Wall Street Journal, Automotive News

(21 commentaires)

  1. Il a tout manigancé ( même si Ghosn n’est pas tout à fait clean ) pour essayer de cacher la réalité et ça lui revient dans les naseaux. Car les chiffres, eux, ne mentent pas.
    Le plus grave c’est que la justice et l’état japonais sont complices.

  2. Dommage Tavares aurait plus reprendre le flambeau Renault plus Nissan malheureusement l’empereur Ghosn n’en voulait plus.
    Maintenant il faut un homme à poigne et d’envergure chez Nissan sinon catastrophe assurée j’espère que Renault va participer aussi à cette décision vu le capital de Nissan détenu.

    1. Le problème de Tavares, c’était que l’empereur Ghosn avait fait prolongation. Tavares n’a que 4 ans de moins que Ghosn. Toute année prolongée par Ghosn, ce sera ça en moins pour Tavares, qui ne pourra pas laisser l’empreinte de son oeuvre (avoir conçu, développé, lancé avec succès un nouveau produit, une nouvelle technologie…). Sans le scandale, Ghosn aurait fait encore 1 ou 2 ans de plus, et Tavares aurait 62 ou 63 ans, et n’aurait pas eu de temps pour faire quelque chose d’important.

      Cela fait déjà 5 ans que Tavares est à la tête de PSA, et ferait peut-être 5 ans de plus. Il aura « contribué » à redresser PSA, aura acheté Opel pour pas très cher, et contribué à redresser le constructeur. Et peut-être autres choses encore dans les prochaines années… Toute cette gloire n’aurait pas été possible en restant chez Renault, à attendre que Ghosn se retire…

      1. et non c’est que Tavares voit les choses autrement et que Ghosn voulait rester l’empereur chez R&N… cf ce qu’a dit Pelata sur Ghosn..
        Ghosn pouvait tres bien mettre Tavares sur Renault/Dacia/Samsung/Avtovaz…

    2. Le problème, c’est que Renault n’a presque plus de pouvoir au sein de Nissan depuis l’incroyable erreur de Macron (une erreur d’enfant), ce raid hostile qui a déstabilisé l’Alliance et fragilisé Ghosn… S’en est ensuivi fin 2015 un « accord de stabilisation » négocié par Macron à l’issue duquel les droits de vote de Renault étaient plafonnés à 18% et Renault s’engageait à ne jamais s’opposer au conseil d’administration de Nissan aux assemblées générales…
      Hallucinant !

      1. Erreur de Hollande plutôt puisque c´était son idée, sa loi, et ses instructions. Macron n´était qu´un éxécutant. Je suis toujours autant surpris de voir à quel point Hollande sort épargné de toute cette affaire.

  3.  » Il a également critiqué l’incitation de Ghosn à donner la priorité à la part de marché et au volume sur des marchés clés tels que les États-Unis, souvent au détriment de la rentabilité. »
    Pourtant comme vous le rappelez vous-même, le plan power 88 prévoit bien une marge de 8%….
    Sinon ceci:  » « Une investigation est en cours au sein de Nissan », a précisé mercredi Yasushi Kimura, Président du conseil d’administration du constructeur. » Il n´a donc pas été livré au procureur et remercié?

  4. N’empêche ça semble le bon moment pour remettre en cause cet accord, l’état à bien réduit sa participation dans Renault et Nissan est plutôt mal en point!

  5. A la place de Renault si ils ont les fonds, plutôt que de tenter un mariage « boiteux » avec FCA ce serait le moment de lancer un « raid » sur Nissan histoire de remettre un peu d’ordre et surtout se débarrasser de Saikawa. Bizarrement les Japonnais aimaient bien l’ouvrir quand les résultats de Nissan étaient supérieur à ceux de Renault et là comme par hasard ils se font bien discret?

    1. Techniquement c´est possible, mais une prise de contrôle hostile risque de créer plus de problemes que de solutions. Les japonais feront tout pour saboter la chose.

      1. Est ce qu’on peut qualifié d’hostile une prise de contrôle par un actionnaire qui détient déjà 43% des actions et qui a littéralement sauvé l’entreprise de la faillite. La direction actuelle montre sa compétence, quitte a éjecter son supérieur il est quand même préférable de s’assurer que les résultats suivants seront bons, là c’est pas le cas, honnêtement Renault s’associe avec un fond d’investissement qui prend une grosse participation puis une fois à l’AG place ses pions à la direction de Nissan car en plus j’ai du mal à croire que la position de défiance envers Renault de Saikawa soit défendue par la majorité des actionnaires et salariés de Nissan?

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