S’il existait un pendant « Champ Car » à F1 Rejects, nul doute que Danny Oakes y figurerait. Cet as des midgets n’a jamais été chanceux en monoplace: 15 tentatives entre 1952 et 1954, 6 qualifications et une 11e place à Springfield en 1953 comme meilleur résultat.
Au grand prix d’Italie 1992, Marco Apicella ne dépassera pas le premier virage (la faute à la Sauber de JJ Letho, car il n’y avait pas de place pour deux…) Sa carrière de F1 s’arrêtra là. 40 ans plus tôt, à Indianapolis, le job d’Oakes était simple: relayer Ascari lorsqu’il aura un coup de chaud. Mais après 40 boucles, l’Italien est trahit par sa monture et Oakes ne roulera pas sur le fameux anneau.
A 96 ans, il était une véritable mémoire vivante du sport auto US, d’autant plus qu’il arpentait encore régulièrement les circuits.
Danny Oakes est né à Santa Barbara en 1911. Adolescent, il admirait les pilotes en transit entre Los Angeles et San Fransisco et surtout les Ford T modifiées sur lesquels ils courts. Il déménage à Los Angeles au début des années 30. La ville est alors la Mecque de la midget avec des dizaines de courses et autant de généreuses primes d’arrivées. Il s’y fait très vite un nom. Sa stratégie? Rouler tranquilement pour économiser le matériel et appuyer sur l’accélérateur en vue de l’arrivée lorsque les autres pilotes sont fatigués d’avoir tout donné. Au premier Turkey Night Grand Prix (grande course qui termine la saison de midget) de l’après-guerre, il double le leader dans le dernier tour. Après la course, extenué lui demande comment il a fait et Oakes répond qu’il avait encore suffisement de réssources pour faire encore 50 tours!
Pour garder une bonne condition physique (rappellons que jusqu’à Schumacher, rares étaient les pilotes qui fréquentaient les salles de gym), il danse. C’est également un bon moyen pour avoir du succès auprès de la gente féminine. Il se mariera cinq fois et se retrouvera cinq fois veuf!
Triple champion de la côte ouest, il tente sa chance en Champ Car au début des années 50. Là, il multiplie les non-qualifications et lorsqu’il prend le départ, la mécanique rend l’âme.
En 1952, non-qualifié à Indianapolis sur une Ferrari privée, il sympathise avec Alberto Ascari, qui pilote une voiture officielle. Les 500 miles comptent pour le championnat du monde de F1, mais Ascari sera l’un des rares pilotes « européens », avec Fangio et Trintignant, à y tenter sa chance. Ferrari a créé une voiture dérivée de la 500 F2 championne du monde, munie d’un V12 réalésé à 4,5l. Ascari lui propose de le ralayer en cas de coup de fatigue. Mais comme je l’ai dit, la « Ferrari Special » abandonnera sur bris de roue.
En 1954, Oakes tentera de s’aligner de nouveau sur Ferrari, mais la voiture ne sera pas prète à temps. Il retournera ensuite aux midgets, remportant un unique titre national en 1959.
Il décide ensuite de devenir chef-mécanicien.
Sous sa responsabilité, Jim Hurtubise sera rookie 1960 à Indianapolis. Puis ce sera le tour de Johnny White en 1964. Après 65, il reprend son casque pour courir en off-shore, le temps d’une décennie (en parallèle, il court également en midget.) Puis il s’arrête définitivement, parce que:
1. C’est trop dangeureux et tous ses amis sont morts en course.
2. Il sent qu’il n’est plus capable de faire un temps.
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