Mercedes veut concurrencer Tesla, dans les camions

Evidemment, il ne faut pas s’attendre à traverser la France en diagonale sur une seule charge. L’eActros 600 de Mercedes est capable selon le constructeur de faire 500 km d’une traite. Sur une journée, avec des charges intermédiaires, ce sont 1000 km qui sont faisables selon le communiqué.

Il est beau comme un camion cet eActros. Visuellement, comme les voitures électriques, il se sépare de sa grande calandre pour une surface très lisse. Seule la partie basse reste ajourée pour les entrées d’air. Cela donne un petit côté « à l’ancienne » à ce camion qui est, en plus, dépourvu de rétroviseurs pour des caméras placées plus haut que sur les Mercedes actuels.

Pour les données de charge utile, Mercedes avance un poids roulant total pouvant aller à 44 tonnes (classique) avec une charge utile autour de 22 tonnes avec un tracteur standard. C’est aussi cela qui fera que ces camions électriques seront pris ou non par les sociétés de transports et de logistique.

Techniquement, le camion Mercedes eActros 600 embarque, comme son nom l’indique une batterie LFP (lithium phosphate de fer) de plus de 600 kWh (621 exactement). Les charges partielles peuvent se faire durant les temps de pause légaux des chauffeurs, et même sans une charge « Megawatt », cela permet de récupérer de l’autonomie. Sur une borne à 100 kW, c’est environ 80 km qui peuvent être récupérés par heure si on est entre 10 et 80% de charge.

Le Tesla Semi essuie les plâtres

Est-ce que cela suffira pour contrer Tesla avec son Semi ? A voir. La réputation de Mercedes dans les camions n’est plus à faire quand Tesla se lance dans l’aventure. Les premiers retours sur le Semi ne sont pas tous positifs avec des pannes en série, des soucis de freins, etc. Principalement c’est le logiciel qui pêcherait. Quand il buggue, il empêche tout affichage d’information, obligeant soit à prendre un risque et à « conduire à l’aveugle » (pas de vitesse ni d’autonomie), soit à faire remorquer le véhicule.

Sur la toute petite flotte de Semi qui a été lancée en tests, plus de 10 véhicules ont été ramenés à la Gigafactory pour inspection et réparation. Fin mars, la NHTSA, l’organisme fédéral en charge de la sécurité routière aux USA, a lancé un rappel pour 35 des Tesla Semi. La raison ? Un risque de défaillance des freins d’urgence.

Mercedes n’aura pas droit à l’erreur non plus. Et si son eActros 600 fait moins « technoïde » que le Tesla Semi, il pourrait enfin lancer la révolution électrique du transport routier. Mais, il faut encore attendre 2025 ! Au moins.

Où trouver une borne avec 1 MW de puissance ?

Evidemment, si on a une station qui délivre 1 MW de puissance (LOL) on peut récupérer de 10 à 80% de charge de batterie en 30 minutes. Le camion est lancé commercialement cette année et le début de la production n’interviendra qu’à la fin 2024. Mercedes prévoit, en plus du simple tracteur, de faire des eActros 600 « rigides » (pas de semi-remorque). Pour le moment, Mercedes construit environ 50 prototypes de eActros 600 pour valider la mise en production, mais aussi passer à des futurs clients pour qu’ils valident le camion.

L’argumentaire de Mercedes pour son camion électrique est à peu près le même que pour les véhicules particuliers ou les utilitaires légers. Le prix des carburants fossiles augmente, et les thermiques sont repoussés hors des villes. Un camion électrique est potentiellement plus rentable sur sa durée de vie. Surtout, il permet d’économiser 80% d’émissions de gaz à effet de serre sur son cycle entier (production + utilisation + recyclage) si on se fournit en électricité renouvelable. C’est sûr que si on prend l’électricité charbonneuse ou gazeuse d’Allemagne, Pologne, Estonnie, etc. le camion électrique n’a pas grand intérêt.

Pour en revenir à la batterie, en fait ce sont 3 batteries réparties dans le tracteur. Chacune fait 207 kWh de capacité et on peut donc envisager de ne remplacer qu’une batterie qui serait défectueuse. Néanmoins, Mercedes a choisi la technologie LFP (LiFePO4) pour son grand nombre de cycles avant dégradation. Mercedes parle de 10 ans et de 1,2 million de km avant d’atteindre au pire 80% de capacité résiduelle.

Le Mercedes eActros 600 peut entrainer un circuit hydraulique comme tout camion classique, mais a aussi la possibilité d’alimenter directement un réfrigérateur, un four, ou tout autre appareil électrique pour le confort du routier. Le tracteur est aussi bardé de capteurs, de radars et de caméra pour « voir » tout autour (à 270° en fait).

(24 commentaires)

    1. Le compte est bon : « une batterie LFP (lithium phosphate de fer) de plus de 600 kWh (621 exactement). » 😉

    2. J’avais écrit différent mais le symbole a du coincer (pris comme une balise html ?).
      « Pour en revenir à la batterie, en fait ce sont 3 batteries réparties dans le tracteur. Chacune fait 107 kWh de capacité »

  1. Je suis à la fois amusé par la photo en soufflerie (ils nous prennent vraiment pour des billes) et consterné par l’absence d’évolution du style et de l’aéro toujours aussi catastrophique. On a vraiment l’impression que Mercedes s’est contenté d’électrifier leur fleuron.
    On peut se moquer de Tesla mais ils ont bossé sur l’aérodynamique visiblement.

    1. En Europe, on est limité sur la longueur du camion d’où l’emploi de cabines avancées pour privilégier la longueur de la remorque. La cabine avancée empêche de profiler comme un tgv.

  2. Dans le monde du poids lourd…les constructeurs font souvent face à des patrons de flottes de camions …et là cela ne rigole plus du tout question rentabilité !!

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