Mazda SkyActiv : l’atmosphérique mieux que le down-sizing?

Atmosphère, atmosphère…

Face à des normes anti-pollution toujours plus restrictives et des considérations écologiques devenues capitales sur le plan marketing, Mazda planche depuis quelques années sur ses moteurs pour mettre au point une nouvelle génération de blocs capables de performances meilleures et de niveaux de pollution et de consommation plus bas. Un effort qui prend le nom élégant de SkyActiv et qui couvre aussi bien les moteurs essence et diesel que la conception des châssis, des trains roulants et des transmissions. La philosophie SkyActiv est plutôt unique en ces temps où la plupart des constructeurs généralistes disposent de blocs suralimentés et plus compacts pour arriver à ces mêmes objectifs de faible pollution et de faible consommation : pas la peine de se lancer dans de gros travaux pour mettre au point de nouveaux moteurs down-sizés et suralimentés, d’après Mazda il suffit d’optimiser simplement tout ce qui existe déjà, quitte à revoir certains processus de fabrication. Tout le monde sait que le light is right, Mazda reprend donc ce célèbre credo à la sauce japonaise avec beaucoup de rigueur et ce pour chaque futur modèle de sa gamme.

Le concept SkyActiv passe d’abord par des châssis conçus pour gagner une petite centaine de kilos sur la balance tout en présentant une rigidité plus importante que sur les précédents modèles de la marque. Mazda pouvait déjà compter sur un MX-5 toujours svelte et sur une citadine Mazda2 très bonne élève sur ce plan avec un des poids les plus contenus de la catégorie. L’objectif est désormais de présenter le poids le plus bas possible pour tous les futurs modèles Mazda à venir, en conciliant ça avec une rigidité accrue et un niveau de sécurité passive au top. Dans la pratique, ça donne un châssis ( prochainement utilisé pour le nouveau SUV compact CX-5, dévoilé en septembre à Francfort ) épuré par rapport aux plateformes actuellement utilisées par Mazda, par exemple sur la berline 6. Le design de la structure est plus simple et pensé ( on l’a déjà dit ) pour gagner en rigidité ( +30% ), perdre en poids ( -8% ) et présenter une architecture meilleure en cas de collision que ce soit de face ou de coté. Mazda se refuse cependant à opter pour des matériaux très coûteux comme l’aluminium ou la fibre de carbone : l’idée est vraiment d’atteindre l’objectif sans impliquer une hausse des coûts de fabrication et Mazda annonce obtenir des résultats au moins aussi bon que les constructeurs premium ( aussi en recherche de perte de poids depuis quelques années ) avec leurs solutions plus coûteuses.

Coup de piston

Le châssis représente forcément un point d’attention important pour le programme SkyActiv, les moteurs plus encore. Coté motorisation essence, Mazda oppose son SkyActiv-G ( pour Gasoline ) face aux concurrents, souvent de plus faible cylindrée et suralimentés. Pas de turbo ni de compresseur, il suffirait d’optimiser au maximum le fonctionnement d’un bloc thermique atmosphérique pour faire baisser la consommation et le niveau de pollution tout en obtenant des performances de bonne facture. Là aussi, le poids est l’ennemi du bien et la construction de chaque élément du moteur est repensée pour être le plus léger possible. Au total, le gain sur le nouveau bloc SkyActiv-G ( quatre cylindres, 2,0 litres, 165 chevaux, 210 Nm ) est de 10% de poids en moins par rapport au moteur qu’il remplace. Mieux construit, son niveau de frictions serait réduit de 30% pour un niveau d’émissions de CO2 en baisse de 15%. Point de travail le plus important sur le moteur essence SkyActiv, le dessin des chambres de combustion du bloc : Mazda se targue de présenter le taux de compression le plus haut de la production automobile avec 14:1. Les pistons présentent un alésage réduit et leur tête ont droit à une forme plus étudiée que jamais. La distribution variable est optimisée elle aussi, tout comme les tubulures d’échappement au dessin plus long. Ajoutez à tout ça la présence de l’injection directe et vous obtenez un bloc atmosphérique certes simple, mais au fonctionnement plus efficient que jamais.

Même principe du coté des diesel SkyActiv-D, à la différence que ces derniers disposent évidemment d’un système de suralimentation ( via un turbocompresseur à double étage ici, idéal pour convenir à faible régime et à haut régime ). Là aussi, Mazda a beaucoup bossé sur la conception de chaque pièce pour réduire le poids de l’ensemble et sur le taux de compression, ramené vers le bas pour tendre dans l’autre sens à la valeur de 14:1, présenté par le constructeur comme un équilibre quasi-parfait dans un moteur thermique à pistons. Le premier de cette nouvelle génération de blocs diesel développe 175 chevaux pour 420 Nm de couple et des émissions de C02 réduites de 20 % par rapport à l’actuel bloc 2,2 litres du catalogue. Ses plages de couple et de puissance s’annoncent mieux aménagées que jamais.

Le concept SkyActiv passe enfin par le rayon des transmissions avec toujours de gros travaux pour réduire les consommations tout en optimisant les performances et le confort. Coté boîtes manuelles, la SkyActiv MT se veut plus compacte et plus légère et son maniement s’inspire de celui du roadster MX-5, que ce soit par le ressenti à la sélection des vitesses ou au toucher de l’embrayage. Coté boîte auto, la nouvelle transmission SkyActiv Drive serait capable d’après Mazda de réduire la consommation jusqu’à 7% et le constructeur annonce même des performances supérieures à une boîte double embrayage avec des passages de rapport plus rapides !

Mazda nous a permis de prendre le volant du prototype embarquant cette technologie SkyActiv sur le circuit de Renn Arena à Majorque. Les véhicules conduits étaient tous des mulets reprenant une carrosserie de berline 6 actuelle, mais dotés des blocs SkyActiv essence et diesel en plus du nouveau châssis ( prochainement visible sur le tout nouveau CX-5 visible au prochain salon de Francfort ) et des transmissions décrites plus haut. Impossible de tester vraiment tout ça puisqu’il fallait à chaque fois se contenter de deux tours de circuit avec une auto équipée d’une conduite à droite, mais on peut déjà dire que la nouvelle plate-forme semble bien née, que le diesel s’annonce très performant, la boite manuelle très agréable dans son maniement et la boite automatique, pas spécialement à l’aise dans des conditions certes très particulières. Il faudra de toute façon attendre les vrais essais du CX-5 et des prochains modèles Mazda pour avoir un vrai avis sur l’efficacité de cette philosophie SkyActiv. En espérant que le constructeur garde tout de même un peu de budget pour continuer à développer ( aussi ) sa technologie de moteur rotatif, ne serait-ce que pour surfer sur la nouvelle vague des supercars japonaises ( GT-R, LF-A… ).

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