Max Verstappen est-il plus grand qu’Ayrton Senna ?

Dans une comparaison entre pilotes, il est difficile de se détacher de sa partialité. Pour cela, il faut regarder froidement les chiffres, rien que les chiffres. Ayrton Senna a été tué lors de sa 11e saison, après seulement 3 GP. On peut donc considérer qu’il a 10 saisons complètes, dont la première chez Toleman. Verstappen de son côté a officiellement débuté en 2014 mais n’a couru son premier GP qu’en 2015 chez Toro Rosso. Il a donc 8,5 saisons environ dont la première « et demi » chez Toro Rosso soit 7 au plus haut niveau.

Il a donc atteint son nombre de 41 victoires en moins de saisons que Senna. « Oui mais il y a plus de GP par saison maintenant ». Si fait. Et donc, au lieu de s’attacher à regarder les saisons, regardons combien de GP cela leur a pris pour atteindre le nombre de victoires : 161 GP pour « Magic » Senna, et 171 pour « Super Super Max ». Le ratio est proche, 25,5 contre 24%. Donc ce n’est pas sur ce point qu’on va pouvoir les départager.

Des carrières très comparables statistiquement parlant

D’aucuns avancent aussi que Senna a eu plus d’opposition pendant sa carrière. C’est très vite oublier que Verstappen a été lancé dans le grand bain en 2015 en pleine domination des Mercedes, pendant l’ère 1600 turbo hybride. Ce n’est que récemment que Mercedes a marqué le pas. En 2021, Max est à la bagarre avec Hamilton jusqu’au dernier tour. Cette adversité ne l’a pas empêché de remporter des courses malgré une voiture qui ne dominait pas son sujet. Donc là aussi, difficile de les départager.

En revanche, si on regarde d’autres données, on a par exemple 65 poles pour Senna (40%) contre seulement 25 poles (15%) pour Verstappen. Il a fallu attendre très très longtemps pour le prodige de Red Bull pour signer sa première pole. Il a fallu attendre 93 GP pour Verstappen, soit le 10e pilote, loin derrière les 216 GP de Perez ou les 151 de Sainz. On est très loin des 16 GP seulement avant la pole pour Senna. Point pour Senna !

A l’inverse, Verstappen a plus de meilleurs tours en course, avec 24 (14%) contre 19 (12%). Mais, là, l’écart n’est pas significatif. Et il en va de même sur le nombre de podiums : 80 contre 85 soit 49,7% pour les deux, ou le nombre de « hat tricks » ou de « grands chelems ». Le hat trick c’est signer la pole, le meilleur tour en course et remporter le GP. Le grand chelem, c’est le hat trick en ayant mené la course de bout en bout. Senna a 1 hat trick et un grand chelem de plus. Assez poche finalement.

Alors sur quoi départager ces deux grands champions ? Le nombre d’abandons ? Non. Senna a couru à une époque où les moteurs étaient jetables et où des champions comme Mansell abandonnaient une fois sur deux. Désormais, la fiabilité demandée est telle que le pourcentage d’abandon fond comme neige au soleil. 60 abandons pour Senna contre 31 à Verstappen.

Senna a eu ses trois titres plus tôt que Verstappen ne les aura

Certains pensent, à tort, que Senna était un pilote plus respectueux en piste, moins « tricheur » que ne le serait Verstappen. Ils ont sans doute encore en travers de la gorge la décision de Michael Masi à Abu Dhabi 2021 et le premier titre de Verstappen. C’est aussi rapidement oublier que Senna a souvent été mêlé à des accrochages avec ses concurrents (Ah Suzuka 1990 !). Verstappen aussi, contre Hamilton la plupart du temps, allant même jusqu’à un accrochage effroyable à Silverstone, ou guère mieux à Monza. Bref, là encore match nul selon nous.

Alors sur le nombre de titre peut-être ? Oui, on peut sans doute regarder de ce côté-ci. Verstappen n’a que deux titres pour l’instant et s’il ne fait guère d’illusions qu’il sera titré à la fin de la saison en cours, Senna avait déjà 3 titres au moment de sa 41e victoire. Quand il est titré pour la 3e fois en 91, il a même 33 victoires. Verstappen en a 35, mais au ratio des courses disputées, Senna en était à 126 courses (26,2% de victoires) contre 163 pour Verstappen soit 21,5%.

Voilà, s’il faut réussir absolument à départager Verstappen de Senna, il y a peut-être ce point qui peut faire pencher la balance en la faveur de Senna. Verstappen va continuer sa moisson de victoire, au moins en 2023, et glaner vraisemblablement un 3e titre. Il a, après, toute sa carrière pour continuer de chasser les records, carrière que n’a pas pu avoir Senna après ce funeste 1er mai 1994. Aux prochains records du Hollandais, on se demandera alors s’il est vraiment plus grand que Vettel ou Prost avec leurs 4 titres, ou Fangio avec ses 5 championnats du monde.

(4 commentaires)

  1. Le plus grand reste toujours Fangio : 24 victoires sur 51 grands-prix disputés (47 %) ! Il a participé à 7 saisons complètes (5 titres et 2 x 2ème) et a fait deux GP sur la 8ème saisons.
    Au niveau des chiffres, Senna et Verstappen se valent. Par contre, Senna était charismatique ce que n’est pas Verstappen.

  2. Ce n’est absolument pas comparable, déjà parce que le nombre de GP a doublé dans une saison par rapport aux années 80-90.
    S’il y avait encore des saisons avec 12 GP, le petit Max aurait eu encore quelques années pour rattraper le brésilien.
    De même, les F1 sont de la rigolade à piloter actuellement. Il faut voir sur YouTube une vidéo où on est embarqué avec Patrick Depailler aux essais à Montréal, piste détrempée, avec une monoplace (Ligier ?) qui patine même en ligne droite, pas de direction assistée, boîte manuelle et freinage talon-pointe, c’est juste délirant de rouler aussi vite dans des conditions pareilles.
    Si Verstappen n’a eu comme adversaire que Hamilton et actuellement personne, Senna se battait contre Prost, Lauda, Piquet ou Mansell, des vrais pointures, des gros caractères, pas des gamins polis comme maintenant.
    On ne compare pas l’incomparable, Ayrton est devenu Magic Senna de par ses exploits qu’on pourrait qualifier de surhumain, comme sa victoire à Interlagos 91 où il gagne mais complètement épuisé, ne parvient pas à sortir de sa McLaren et aura toutes les peines du monde à soulever le trophée du vainqueur sur le podium. Il a commencé à forger sa légende avec son premier podium sous la pluie à Monaco, sur une Toleman complètement dépassée techniquement. L’homme qui est devenu une idole n’en reste pas moins un homme, qui n’hésite pas à arrêter sa McLaren près de la Ligier d’Erik Comas à moitié détruite au mieux de la piste à Spa en 92, sort de sa voiture et court vers le Français inconscient alors que des F1 arrivent sur la Ligier. Il lui a certainement sauvé la vie.
    Magic Senna sera toujours une légende, Verstappen est juste un double champion du monde.

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