Maserati : fermeture de concessions en France

Il existe des symboles qui figurent dans la légende et le mythe de l’Italie, et Maserati en fait clairement partie. Mais depuis 2022 et surtout 2023, la situation devient préoccupante.

Fermetures en cascade

Le premier signal inquiétant est venu de l’usine Maserati de Grugliasco qui a officiellement fermé ses portes fin 2023, marquant la fin du « pôle de luxe » imaginé par Sergio Marchionne, avec les derniers ouvriers qui ont quitté l’usine pour être transférés à Mirafiori. Les Levante et GranTurismo sont produits dans l’usine de Mirafiori et seront bientôt rejoints par la nouvelle génération du GranCabrio. L’usine de Grugliasco a cependant été fondamentale pour la croissance du Trident, qui, grâce aux Ghibli et Quattroporte produites à Turin, a réussi à presque décupler ses volumes, dépassant les 50 000 unités par an à la fin des années 2010. En outre, l’usine de Viale Menotti, à Modène, fonctionne au ralenti. Ses 200 employés ne travaillent que 15 jours tous les deux mois, la Maserati MC20 , produite en Émilie, ne recevant pas la demande souhaitée.

A cela s’est ajouté la fin de l’Innovation Lab, qui constituait un centre de développement de la technologie et des différents produits Maserati. Jusqu’à 1 100 ingénieurs ont travaillé en interne, mais il est désormais temps de dire au revoir à ce projet, la situation devenant de plus en plus critique. De ce nombre, pas plus de 130 ingénieurs seront confirmés au siège de Maserati, tous transportés à l’usine centrale, tandis que pour tous les autres il faudra chercher un autre emploi. Le luxueux simulateur qui avait été installé à l’intérieur pour la conception des voitures devra également changer d’emplacement, le lieu le plus probable où il sera placé étant le centre d’essais Stellantis à Balocco, dans la province de Vercelli.

Effondrement en Italie et en France

Les ventes chez Maserati se sont effondrées, notamment en Italie. Au mois de mars, la chute est de 25,6% par rapport au même mois de 2023, avec seulement 349 véhicules vendus. Le premier trimestre de la nouvelle année a également commencé avec le frein à main serré, avec 802 unités vendues et une baisse de 23,7%. Ce sont les Etats-Unis qui « sauvent » actuellement le Trident, représentant environ 1/3 des ventes mondiales avec 400 unités mensuelles en moyenne. En 2024, Maserati a connu une série de fermetures de concessions en France, un marché où le malus écologique fait évidemment très mal aux modèles non électrifiés tandis que l’absence de PHEV l’exclut des soutiens fiscaux. Pour exemple, il s’est vendu 3 Maserati en mars 2024, et 12 au mois de Mai…Trois concessions ont aisi fermé cette année : Rennes, Menton et, dernièrement, Mulhouse.

Une stratégie en question

Les nouveaux modèles Folgore, avec la Grecale, la GranTurismo et la GranCabrio, incarnent cette transition vers les véhicules électriques, une stratégie pour se démarquer et répondre à des réglementations de plus en plus strictes. Cette approche marque une rupture avec les autres marques qui continuent de proposer des modèles thermiques et des hybrides rechargeables, mais elle s’avère très risquée, car le marché électrique connait un net reflux depuis fin 2023. Alors que d’autres grands constructeurs reconsidèrent et réinvestissent dans le thermique pour conserver un « mix » de motorisations, la bascule radicale vers le tout électrique semble à contre-courant…

(26 commentaires)

  1. Pas assez rentable, à cause de Maserati , Tavarès a perdu 3 millions d’euros de salaire….. Il a bien tenté de créer une nouvelle Maserati sur la plateforme de la 5008, mais ça n’a pas marché… quelle tristesse

    1. ça serait pas plus mal de quitter Stellantis. Elkann a encore les moyens de sortir Maserati, comme ça avait été avec Ferrari du temps de FCA.
      Tavares en effet ne sait pas gérer une telle marque.

  2. On se demande comment Maserati existe encore.
    Absence d’image par rapport aux marques de luxe allemandes, se battant sur le même marché mais sans les mêmes armes. Pire, la Ghibli se retrouve en concurrence frontale avec Alfa Romeo et sa Giulia QV.
    Proposant des voitures de sport mais complètement absent en compétition, notamment en GT (la FE est anecdotique).
    Redresser Maserati n’était pas impossible, la preuve avec Alpine, mais à vouloir jouer sur plusieurs tableaux, l’image de la marque est diluée et illisible.
    Maserati suit les traces de Lancia, sacrifiée sur l’autel d’un marketing déconnecté de la réalité. Si rien n’est fait pour redonner une identité forte à la marque, on peut craindre une disparition à moyen terme.

  3. Le malus tue en effet. ce n’est pas une question d’argent mais de principe : les ultra riches détestent payer des taxes.

    1. @panama : suffit d’acheter sous pavillon étranger…. d’ailleurs, les voitures de luxe en France n’ont plus bonne presse bien avant le malus.

      Mais le problème de Maserati n’est pas en France, c’est la cohérence produit.

      Comme dit plus haut : sous bannière VAG ou d’un Honda ou en division luxe/GT de Ferrari il y aurait encore un salut possible, ici préparez vous à des adieux.

      1. @Mwouais : c’est risqué de rouler en immatriculation « exotique » : ça attire l’attention de la Maréchaussée. Et ça enlève aussi au prestige de montrer qu’on est riche, puisque tout le monde va penser que c’est une location ponctuelle.

  4. Il faut voir le volume des ventes chez nous et le comparer à d’autres pays. Le pouvoir d’achat d’un italien a reculé de plusieurs années. Je ne sais plus de combien pour les grecques. Alors c’est peut être aussi une des raisons qui fait sur les chinois ne se précipitent pas
    Ça s’applique hélas aux marques européennes aussi. Ça va se concentrer sur du Ferrari et du Porsche. Panama surévalue notre marché par rapport aux mastodontes mondiaux

  5. Je n’ai jamais compris pourquoi Stellantis n’a pas proposé une Maserati sur base de la 2008 avec le 3 cylindres poussé à la limite de sa rupture de (nouvelle) chaîne.

    C’eût été un moyen d’avoir un produit exclusif pour une niche de clientèle suffisamment large pour relancer les ventes et marquer un grand coup !
    De surcroît, ils disposent de la technologie e-cockpit exclusive qui aurait été parfaite pour l’acheteur italien ou asiatique de petite taille.
    Enfin, il reste des airbumps en stock pour muscler la ligne de ce produit adapté au rodéos urbains.

    Le tout avec les yeux exorbités d’une Lancia 208Stratos pour faire rallye Cibie et le designer de chez DS3/Alfa Junior pour une ligne personnelle disruptive.
    Quel gâchis !
    Vite Stellantis, inventez quelque chose de nouveau pour Maserati, quelque chose qui colle à la marque : un monospace cabriolet ou un moulin à poivre au trident pour assaisonner les produits de la mer.

  6. Quand la haine du riche (et autres) se retrouve dans les urnes, l’avenir est sombre.
    Le matraquage fiscal modèle la France automobile.
    Demain,cela risque de concerner toutes les voitures.
    Mais cela concerne les voitures de luxe en France depuis la seconde guerre mondiale.

  7. Toutes les marques de luxe se portent insolemment bien, surfant sur le nombre croissant de riches et ultra riches. Seul Maserati fait exception: Tavares devrait prendre sa retraite, il en a atteint l’âge.

    1. Allez dire cela à Jaguar ou Aston Martin qui creusent leur dette 😉

      A-M vend plus en 2023, mais continue de perdre de l’argent. Le plan est de retrouver l’équilibre peut-être en 2026…et encore.

      JLR devrait retrouver les profits en 2024-2025, mais ce ne sera pas grâce à Jaguar.

      Vous en voulez d’autres des marques de luxe qui ne vont pas si bien que cela ? 😉

    2. Que ces marques perdent de l’argent est une chose. Il n’empêche qu’elles vendent très bien leurs voitures et elles ont de véritables plans produits , contrairement à Maserati. Et, comme tu le dit, les profits suivront. J’ajoute que Aston Martin investit sur son image grâce à son écurie F1. Le seul véritable exemple c’est Jaguar, mais là c’est certainement une volonté des propriétaires de tout miser sur Land Rover, qui répond parfaitement à la mode lucrative des SUV de luxe, au détriment de Jaguar

      1. @Twin Spark : Jaguar est moribond car Tata veut positionner la marque en « super luxe » 100% électrique.
        JLR ne survit que grâce à Land Rover.

        Aston Martin je ne sais pas où cela va…il y a le DBX qui devrait faire bouée de sauvetage, mais on ne peut pas dire que le plan produit soit super clair.

        Stroll a arrêté la Valkyrie, pour mieux la relancer en WEC…
        Certains modèles « iconiques » sont délaissés au profit du SUV (après tout).

        Tiens parlant de F1…McLaren ce n’est pas la joie non plus.
        Plus d’1 milliard d’euros de pertes en 2023, un PDG qui a jeté l’éponge en pleine pandémie, une nouvelle direction qui veut…un SUV.

        Tous vont faire comme Porsche avec le Cayenne 😉

        Bref, des marques de prestiges, sportives et ou de luxe en berne, à la dérive ou mal en point, il n’y a pas que Maserati.

        Le souci de cette marque est d’avoir été sous la coupe réglée de Ferrari pendant des années.
        Maserati pour beaucoup de monde c’est « une Ferrari en moins bien ». Ou des « Fiat en mieux ».

        Avec la GranTurismo cela sortait de ce cliché, mais cela ne se vend plus ce genre de véhicule….va falloir faire du SUV qui déboîte. Le souci c’est d’être dans un grand groupe, cela contraint pas mal les émissions, l’homologation, etc.

        Maserati détachée de Stellantis (mais avec des liens capitalistiques inchangés) pourrait sans doute s’en sortir mieux (ou différemment). Mais pour le moment ce ne sont pas des 308 rebadgées 😉

        1. Voir l’article chez vos confrères ItalPassion : Tavares n’a pas cité une fois Maserati lors de sa présentation des plans produits devant les investisseurs le 13 juin! Si ce n’est pas la preuve de son absence de vision…

    3. @amiral,
      Pour Aston et Jaguar, j’ai répondu à Thibaut (même si je n’ai pas convaincu tout le monde), pour Lexus je ne suis pas d’accord : la marque fonctionne très bien au niveau mondial (et en plus c’est pas le même positionnement que Maserati)

  8. c’est une valeur croissante encore pour les modèles collections – une 3500 GT ( 57 à 64) on pouvait se la payer il y a 30 ans ! le tarif à l’époque ne couvre pas même les frais de la révision à présent . Alors oui certaines marques ne seront plus distribuées pour les modèles actuels! Pas grave ! les gens qui achètent des autos aujourd’hui savent qu’on ne peut plus s’en servir . Les trafics croissants ont décidé tous les politiciens à bloquer les usages des autos & ça va encore continuer crescendo. Les gens qui paient des autos chers sont dans des calculs financiers . ( avantages inconvénients )

  9. Le grand drame, c’est qu’il n’y a pas assez de gagneurs de Loto et d’Euro Millions !
    Il faut faire quelque chose !!
    Combien d’Alpines à 100000 balles seraient parties… et comme des petits pains !!
    Marie-Antoinette serait contente… tout le monde mangerait de la brioche !!

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