Une longue litanie de revers…
La majorité des effectifs qui quitteront le Trident, soit 130 personnes, sont des ingénieurs et des concepteurs. Ce n’est certainement pas un signe encourageant pour le développement futur de la marque. Cela survient quelques mois seulement après la fermeture de l’usine de Grugliasco, l’ancien site de Bertone qui produisait les Ghibli et Quattroporte. Ce qui devait devenir ce pôle « Luxe » cher à Sergio Marchionne a fait pschiiiit, étant mis en vente fin 2023. Plusieurs cadres clé ont quitté la maison ces derniers mois (l’ingénieur en chef et le responsable des ventes). Cela fait beaucoup…
Après une chute des ventes en 2023, 2024 ne s’annonce pas mieux. Au mois de mars, en Italie, Maserati a enregistré une baisse des ventes de 25,6%, avec 349 véhicules immatriculés, soit un chiffre qui au premier trimestre de l’année a baissé de 23,7% avec seulement 802 véhicules. Alerte rouge !
A Modène, le syndicat FIOM CGIL n’a pas signé l’accord et attaque :
« Ceci à Modène pourrait déterminer la fin du projet de recherche et développement qui, il y a seulement quelques années, avait trouvé sa place dans l’Innovation Lab de l’usine de via Emilia Ovest. En plus d’avoir des répercussions négatives sur la capacité de production de l’usine de via Ciro Menotti, et donc sur sa pleine reprise de la production, et des répercussions évidentes sur les industries liées ».
Au moins sur le site de production Ciro Menotti, Maserati confirme à nouveau les investissements prévus dans l’Atelier, la zone de peinture et de personnalisation des voitures. Un vecteur de marges dans lequel le Trident devrait sans doute trouver des leviers de croissance, avec un positionnement luxe qui devrait faire primer la marge sur le volume.
Un plan de relance attendu de pied ferme
Mais Fiom Cgil a encore quelques doutes :
« Quelles voitures Maserati va-t-elle peindre lorsqu’elle arrête toute sa nouvelle production en Italie ? Même si l’Atelier fonctionnait à pleine capacité à partir de fin 2024, comme nous l’espérons, il suffirait de garantir le plein emploi (près de 200 salariés) en l’absence de nouveaux modèles jusqu’en 2025 ? Le nouveau modèle électrique est attendu pour 2025, mais la question demeure : un seul modèle de voiture pourra-t-il saturer la production ? Même si l’électrique devient véritablement un substitut pour le moteur à combustion interne, les doutes sont nombreux. »
Surtout quand on voit le coup le frein sur l’EV en ce moment…
De leur côté, Fim Cisl Emilia Centrale, Uilm Uil Modena et Aq Cfr revendiquent la réduction du nombre de licenciements par rapport aux prévisions de l’entreprise, soit une centaine de travailleurs en moins. Réduction obtenue avec l’accord du 3 avril qui a déclenché le plan de sortie volontaire.
Les syndicats expliquent
« Avec cet accord, nous avons réussi à éviter un coup de hache qui aurait porté un coup grave, trop grave, à Maserati. Autrement dit, nous avons réussi à gagner du temps pour la marque mais maintenant nous demandons l’arrêt de les vagues promesses. Nous avons besoin d’un plan industriel, une stratégie de relance. Les syndicats et les institutions continuent de travailler pour avoir une réunion avec le PDG Carlos Tavares et nous attendons le plus grand sérieux à la table convoquée à nouveau pour la mi-avril au Ministère du Commerce. et Made in Italy. Au Ministre Urso, nous demandons et demanderons un plan national de soutien pour l’ensemble du secteur automobile, axé sur des interventions claires et mesurables pour le cas spécifique de Maserati qui est l’une des âmes de la Motor Valley émilienne ».
En attendant un E-SUV (Levante) 100 % électrique pour 2027 et une Quattroporte 100 % électrique pour 2028, la marque doit tenir avec les MC20 et MC20 Cielo (dont les commandes sont ne baisse pour 2024), le Grecale en thermique et Folgore, et les Granturismo et Grancabrio en thermique et Folgore. Toutefois, pour une marque qui a bâti son image sur ses moteurs, le passage à l’électrique est bien délicat. Les puristes et la clientèle historique pourraient vite se détourner…et il n’est pas certain d’attirer une nouvelle clientèle aisée adepte du VE, qui ira vers des valeurs sûres déjà bien établies. Il n’y a qu’à voir comment Ferrari y arrive avec beaucoup de précautions… Victime d’un positionnement bancal, de plans produits incertains et d’un marketing qui questionne (à quoi bon la FE, pourquoi ne pas miser plutôt sur le GT3 plus visible et plus rentable étant donné que la MC20 GT2 marche bien)
Source : Modena Today
Bravo Tavares. Faire du low cost à coups de copier coller, c’est sa spécialité, mais le premium et a fortiori le luxe c’est en dehors de ses capacités
Maserati est une marque zombie comme Lancia. Ça fait des décennies qu’elles survivent on ne sait pas trop comment. Les 2 marques ont aussi en commun un positionnement hasardeux sur le marché voulu par des incompétents successifs. Lancia et Maserati aurait dû rester dans les voitures sportives, places laissées vacantes par Ferrari et Lamborghini, partis pour des sommets inaccessibles financièrement. Places dans lesquelles se sont engouffrés les marques allemandes.
Résultat, Maserati s’est attaqué simultanément à Aston-Martin, Jaguar et les BAM, sans proposer de réelles alternatives. Quand à Lancia, ça a été l’abandon pur et simple.
Après tant de gâchis, il est surprenant de constater que les 2 marques existent encore en 2024.
Licencier des concepteurs et des ingénieurs est très mauvais signe.
Ça y est c’est presque acté, Maserati ne fera que du rebranding avec un peu d’arrangement stylistique pour se démarquer du reste du groupe et donner une « âme » à la marque.
La R&D de Maserati c’est le seul morceau de l’ex groupe FCA qui aurait pu être sauvé et qui n’entrait pas en concurrence avec un autre pôle R&D de l’ex PSA ou Chrysler. Ça annonce clairement la fin des V6 et des plateformes spécifiques type supercar telles que la MC20. Bientôt la STLA LARGE! Magnifica! Et des batteries de 2T. C’est sûr qu’avec ce genre de propositions la marque va s’en sortir et se démarquer à son avantage face à Ferrari ou Porsche.
La faute ne revient pas qu’a Tavares. Les anciens dirigeants de FCA sont aussi coupables de l’état désastreux du groupe au moment de la fusion (qu’ils n’auraient d’ailleurs jamais acceptés si le groupe se portait bien et si un avenir solide se présageait).
Gamme désuète, image en perte, aucun investissement marketing… La MC20, à peine sortie et déjà oubliée. Un bijou qui n’a jamais été mis en avant. La comm c’est zéro. Au lieu de financer la FE et un sponsor titre Alfa-Roméo en F1, c’est racheter Sauber et la motoriser avec un moteur maison qu’il aurait eu de l’impact. Je ne suis pas financier, oui c’est surement un cout. Mais le jeu n’en aurait-il pas valu la chandelle pour redonner une grandeur à Maserati?
Bref, Renault arrive à faire d’Alpine une marque à part entière avec ses écuries en sport auto, ses plateformes spécifiques (actuelles et à venir). Pareil pour VAG avec Lamborghini qui garde une large part d’autonomie. Mais pour Maserati Stellantis n’y arrive pas.
Les marques italiennes chez Stellantis ce n’est plus qu’une histoire.
Carlos le banquier va devoir rendre des comptes, à quand la dissolution de Stellantis ??