Evénement de taille sur le marché automobile japonais: en termes de ventes de janvier à octobre 2006, Suzuki (587.874) passe devant Honda (581.249) pour prendre la troisième position derrière Toyota (1.417.984) et Nissan (670.096). La Swift ? elle va bien, merci. Mais la vraie raison est la part grandissante des Kei, dont Suzuki est le spécialiste avec Daihatsu, qui n’est d’ailleurs pas loin (524.381). Et particulièrement la Wagon R, numero uno des ventes depuis 35 mois consécutifs, rejointe par les nouveautés du constructeur d’Hamamatsu, la MR Wagon, le microvan Every et depuis ce mois la Cervo. Ces mouvements dans le classement sont le signe le plus évident d’une tendance profonde du marché: l’avènement du Kei comme roi de l’écosystème automobile japonais, avec 35% des ventes, en augmentation.
Les Kei, que fabriquent Suzuki et Daihatsu mais aussi Mitsubishi, Honda et Subaru, sont maintenant arrivés à un degré de développement tel, en termes de rapport encombrement/habitabilité, performance, économie, équipement et sécurité, sans compter un prix moyen tournant autour du million de yens (6.700 euros) et une fiscalité avantageuse, qu’ils constituent pour le conducteur japonais moyen (et la conductrice, dont la part est grandissante) une solution tout à fait adéquate à ses besoins de transport. Le conducteur type fait peu de kilomètres, principalement en ville, et même pour l’occasionnelle sortie, les petites voitures actuelles sont largement capables d’assurer le service demandé.
D’autre part la démographie en chute libre génère de moins en moins de familles nombreuses et de plus en plus de « empty nests », comme on dit en marketingue, c’est-à-dire des couples de seniors qui n’ont que faire de quatre mètres ou plus de métal alors que trois et quelques suffisent.
La voiture, sacralisée comme instrument de liberté, sculpture mobile, chef d’oeuvre technique, symbole de pouvoir, substitut phallique, pourvoyeuse de plaisir, etc, oubliez tout ça. Le Kei matérialise l’approche électroménagère, l’appareil à bouger, le service rendu, très bien d’ailleurs, et il y a une énorme clientèle pour ça.
Est-ce que le succès de cette philosophie peut être transposé hors du Japon ? C’est possible: Suzuki vend ses Kei en Asie, Daihatsu tente une percée timide en Europe et Mitsubishi promène la i à travers le monde, histoire de tester les réactions. Et plus près de nous, la Fiat 500 va reprendre bientôt à côté de la Smart Fortwo rafraîchie le flambeau des puces européennes. Tremblez berlines, la petite voiture a un grand avenir.
Source: Shiotsu via Autoblog.com, Nikkei, Response
Crédit photo: Suzuki
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