Maggiore Project 308M : se prendre pour Magnum

Un « restomod », c’est une restauration d’un véhicule plus ou moins ancien tout en lui faisant subir une cure de jouvence. On change souvent les trains roulants, on peut moderniser le moteur, changer la carrosserie, etc. De plus en plus, ces préparateurs en profitent pour revoir le style à leur manière comme Totem Automobili avec l’Alfa Romeo Giulia GT.

Un restomod c’est toujours compliqué philosophiquement parlant. Est-ce que l’on achèterait un tableau de Van Gogh, Picasso ou autre, pour le confier à un autre peintre pour qu’il « l’arrange et le modernise » ? Surtout quand, sans faire injure à Stefan Scholten à qui Gianluca Maggiore a confié le design de son Project 308M, le nouveau designer/peintre est moins connu et réputé que celui d’origine (ici Pininfarina).

Quand, en outre, on s’attaque à une marque mythique, ici Ferrari, alors on a toutes les chances de se prendre des « scuds » en pleine tête. Pourtant, Maggiore a décidé de lancer son « Project 308M » en modernisant une Ferrari 308.

Equilibre délicat entre modernisation et défiguration

Modernisant est en fait un euphémisme. En effet, si Maggiore conserve le style de Pininfarina, la 308M est ici « lissée ». La face avant est reconnaissable mais perd son côté 70’s qui fait son charme. La ligne qui coupe la voiture en deux dans le sens de la longueur est aussi conservée. Toutefois, le côté « lisse » lui donne un côté jouet.

Le travail est tout de même impressionnant. A l’arrière, les deux fois deux feux ronds sont bien là, mais passent aux LED « flottantes ». Ce qui choquera peut-être à l’avant, c’est l’absence des phares escamotables de l’originale, remplacés par des LED fixe…argh !

Pour sa restauration, Maggiore a utilisé le carbone à outrance : capot, ailes, etc. toute la carrosserie y passe (sauf les portières) même si cela ne se voit pas tout le temps, peinture oblige. Les freins sont revus et confiés à Brembo. Même les jantes iconiques sont reprises, mais en 17 pouces. Les liaisons au sol sont évidemment revue elles aussi. Enfin, le capot noir intègre une partie en plexiglass pour voir le V8.

Le V8 est lui aussi revu

Le V8 justement, il a été entièrement démonté, révisé et « amélioré » (crime de lèse-majesté de toucher au cœur de la bête non ?). Italtechnica à Turin a réalésé l’ensemble et de 2 926 cm3 on passe désormais à 3 146 cm3. 220 cm3 de plus et un revêtement au graphite (graphite coating) permettent de sortir 300 chevaux au lieu de 255 d’origine, ainsi que 300 Nm au lieu de 290.

Sur ce moteur, Italtechnica monte des pistons forgés au dessin étudié pour créer un tourbillon et améliorer le mélange, des arbres à cames spécifiquement retravaillés, mais aussi des soupapes redessinées et un contrôle d’injection électronique et mécanique. Le moteur est accouplé à une boîte manuelle 5 rapports (avec pommeau de levier en marbre !) et crache ses gaz via un échappement en acier inoxydable à 2×2 sorties.

Le châssis est révisé et élargi. Les suspensions sont confiées à Koni dans des versions « racing » ajustables. Enfin, l’intérieur aussi est revu avec du carbone, de l’Alcantara, du cuir Maharam, de l’aluminium et un système audio moderne même si respectant autant que faire se peut l’ancien. Evidemment, tous les logos et badges Ferrari disparaissent au profit de ceux de Maggiore.

Notre avis, par leblogauto.com

Toujours compliqué d’avoir un avis tranché sur un restomod. D’un côté, voir une voiture comme la Ferrari 308 et son V8 être autant modifiés ressemble à un sacrilège. Une restauration dans les règles de l’art peut sembler plus respectueuse de la voiture, de son histoire de son designer.

Mais, dans le même temps, voir une 308 qui date de la deuxième moitié des années 70 continuer de rouler fait plaisir. Cela montre aussi ce à quoi pourrait ressembler des Ferrari modernes si le style de l’époque avait perduré.

Reste l’inconnu : le prix. Comme tout peut être modifié à l’envi, surtout l’intérieur, Maggiore ne semble indiquer aucun prix de base. A noter qu’il faut un véhicule donneur.

(16 commentaires)

  1. Personnellement j’adore ce type de transformation !
    Les americains font du restomod depuis longtemps sur d’innombrables modèles.
    Et certaines réalisations font envie (Ring Brothers, Chip Foose..): rouler dans une voiture des années 60 ou 70 mais avec la fiabilité, le confort et la sécurité d’une voiture récente 😉

    J’adore la Ferrari 308 et je trouve que cette proposition est bien sympa : la ligne de la 308 est toujours là avec une pointe de modernité qui ne dénature pas à mon sens le style d’origine. Le filet bleu en revanche, je trouve ça moyen.

    Quant à la comparaison « acheter un Van Gogh, Picasso ou autre, pour le confier à un autre peintre pour qu’il l’arrange et le modernise », je la trouve exagérée puisqu’on parle là d’une oeuvre unique. Donc si on la modifie, on perd irrémédiablement l’original.
    Une Ferrari 308 (ou autre modèle) reste tout de même un objet industriel réalisé à quelques milliers d’exemplaires : donc si un modèle est transformé, il en reste assez à l’état d’origine pour la personne qui pourrait se l’offrir.

      1. Une lithographie tirée à 500 exemplaires : ça n’est finalement que la reproduction d’un original suivant un procédé d’impression.
        Alors oui j’aurais tendance à dire : celui qui possède une lithographie, fusse-t-elle de Picasso, peut en faire ce qu’il veut. Si elle perd de sa valeur, ça ne regarde que son propriétaire après tout.

        1. Ah mais oui, de la même manière que l’on peut rétrofité une ancienne, ou même, comme cela s’est fait plusieurs fois, changer la carrosserie d’une Bugatti Royale.

          De la même manière qu’un propriétaire d’une oeuvre unique d’un peintre ou autre peut barbouiller par dessus.
          Ici, je souligne surtout que l’on estime que le dessin de Pininfarina peut être retouché, amélioré, etc.
          C’est la même question qui se pose avec Foose bien que j’adore son travail (sur la Type E par exemple) ou la proposition de Cyan avec la Volvo P1800 : https://www.leblogauto.com/2020/09/volvo-p1800-cyan-restomod-de-gout.html

          Question qui reste totalement ouverte évidemment. 🙂

    1. La ligne générale est effectivement intacte mais personnellement je n’adhère pas à ces jantes très grandes avec ce gros bord poli et surtout ce rabaissement exagéré.
      Au final, je préfère la proposition ci-dessus 😉

  2. je ne suis pas trop Ferrari. Là je dis Bravo: les images me plaisent toutes ! beau travail car on reconnait la bête. la boite a été revue probablement on a pas trop de précisions. Une boite est essentielle pour s’accorder parfaitement à un moteur retravaillé. Il ne suffit pas de sortir les watts au ban , il faut des rapports parfaitement adaptés au chronomètres sur un parcours pour valider . Les constructeurs ne font que ça : ils évoluent leurs modèles qui continuent à être toujours plus performants en tous critères. – Le moteur , ils ont fait un minimum pour sortir 300 équidés 2020 : Bravo – Les anglais font bien d’autres modifications dans le tuning qui transfigurent un modèle. Bravo j’aime bien

  3. Ils ont surtout dû fiabiliser la bête !
    De toute façon si elle est iconique elle a été très largement diffusée (pour une Ferrari).

  4. ça part en sucette avec ces « restomod » ! Alfa hier, Ferrari ce jour ,ça devient du grand n’importe quoi et c’est à pleurer…Où est le designer ??? on copie on pompe on magouille mais on est incapable de créer aujourd’hui ? Triste génération ! j’ai l’impression dans l’automobile de voir ces jeunes qui dansent sur les musiques des années 80 et qui nous ressortent du Goldman… Aucune imagination ! Et on nous traite d’has been quand on a passé 60 ans ! au moins on avait des rêves qu’on concrétisait pas de la création … et on continue de rêver !!! allez y allez y le pouce en bas ! je me marre …

    1. de la DB5 sans James Bond, de la 403 cabrio sans Columbo, de la Gran Torino sans Starky & Hutch, de la Coyote sans le Juge & le Pilote… (ok oubliez la dernière).

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