Hommage à Nicolas Materazzi
A la fin du mois d’août dernier, Nicolas Materazzi, le génial concepteur des Ferrari 288 GTO et F40 (entre autres), nous quittait. Dans ses derniers mois, malgré la maladie, l’ingénieur avait collaboré au projet de « restomod » mené par la société Automobili Maggiore, et dont le travail est désormais achevé : la 288 GTO reprend vie, sous les traits de la Maggiore GranTurismo.
Le restomod, qui consiste à restaurer et à moderniser en même temps un véhicule classique, reste un sujet sensible pour les puristes. Ne parlons même pas de l’électrification de véhicules classiques, qui demeure pour certains le blasphème ultime, mais quand on s’attaque à une Ferrari, autant dire que le droit à l’erreur est interdit…Dans le restomod, tout est question de dosage, entre la modernisation technologique et la nécessité de ne pas dénaturer l’œuvre de base, de faire en sorte qu’elle conserve son charme des origines. Vaste programme !
L’entreprise italienne Maggiore s’était déjà occupée, lors de son précédent travail, le « projet M », d’un restomodo sur la base d’une 308 spider. Maintenant, l’équipe rend hommage à ce chef-d’œuvre appelé Ferrari 288 GTO, donnant vie à la GranTurismo , un restomod développé avec Nicolas Materazzi mais qui est allé plus loin qu’une simple restauration. On devrait même parler de restomod EVO !
A mi-chemin entre un restomod et une création Icona !
Sortie en 1984, la 288 GTO avait été pensée pour la course, et devait servir de base au développement d’une Groupe B, ce que fut la GTO Evoluzione, malheureusement restée à l’état de prototype avec la fin prématurée de la catégorie en 1986. Alors que la production initiale avait été fixée à 200 exemplaires, le succès du modèle poussa Ferrari à grimper à 272 unités.
Le châssis de la voiture donneuse a subi un processus complet de restauration et de renforcement pour supporter la puissance supplémentaire. Elle est équipée de freins Brembo et les suspensions sont en aluminium. La ligne de la carrosserie, entièrement réalisée en fibre de carbone, a été repensée afin d’en faire une Ferrari 288 GTO dans une touche moderne, avec le mélange de traits carrés et vintage, aux côtés de détails typiques de notre époque.
La 288 GTO impressionnait à l’époque par son côté musculeux, accentué par ses passages de roues proéminents et son capot plongeant et agressif. La Maggiore conserve et même accentue cette idée, avec des voies élargies qui lui donnent un aspect encore plus intimidant et bestial. Les prises d’air ont été élargies pour permettre à un moteur plus puissant de « respirer » correctement, tandis que les phares escamotables typiques ont été modernisés avec une bande à LED. Les jantes en alliage de 18 pouces reprennent le style étoilé des capots d’origine, et des prises d’air et des « ouïes » supplémentaires ont été ajoutées sur les côtés.
Si l’avant en impose et stylise à la perfection les lignes tendues et musculeuses des années 80, comme dans du design retrowave, le dessin, notamment au niveau des flancs et de la poupe, s’éloigne du côté anguleux très eighties et gagne en fluidité pour se rapprocher des standards aérodynamiques et stylistiques actuels de la production Ferrari. S’il ne s’agissait pas d’un projet présenté comme un restomod, quelqu’un n’étant pas averti pourrait penser qu’il s’agit d’un nouveau modèle Icona !
Maggiore parle même de courbes en « bouteille de Coca-Cola » qui rappellent les monoplaces conçues par John Barnard à la fin des années 80, notamment les 640 et 641. Disons que l’avant conserve davantage l’esprit de la 288 GTO que la partie arrière au design plus moderne. Les designers évoquent d’ailleurs des « feux arrière installés comme dans de petits volcans qui sont comme coupés en deux par une bande de matériau brillant, rappelant les concepts des productions les plus récentes de Maranello ». Un soupçon de F8 Tributo dans le look en somme.
Un V8 allégé et plus puissant
Dans la lignée du bloc d’origine, le moteur est un V8 bi-turbo de 2,9 litres, mais avec de nombreuses modifications et corrections : le châssis a été renforcé pour encaisser la puissance supérieure. Ce bloc a été modifié de fond en comble, seul le carter étant resté d’origine. Le V8 dispose de ainsi de nouveaux turbocompresseurs, d’un nouveau système d’admission et de lubrification ou encore d’un refroidisseur intermédiaire dans le collecteur d’admission pour réduire le décalage. Les artisans du projet parlent d’un moteur 30% plus compact que celui d’origine. Conséquence, le bloc a pu être installé longitudinalement, contrairement à la disposition transversale du V8 de la 288 des années 80. Le V8 serait capable de franchir le mur des 600 chevaux.
La Maggiore Gran Turismo est à la frontière entre le restomod et la création à part entière, mélangeant respect de l’œuvre d’origine et évolution en profondeur.A chacun d’apprécier la démarche. Une vingtaine d’exemplaires sont prévus, mais il faudra encore attendre un peu pour les voir rouler puisque seuls des rendus 3D et des modèles d’exposition à l’échelle 1/8 ont été présentés pour le moment, ce qui explique aussi l’absence de visuels pour l’intérieur.
C’est assez étrange comme rendus avec la cellule centrale qui montre son âge et son origine, mais tout le reste qui est plus que juste modernisé comme sur un projet de restauration modernisation (restomod).
Mais c’est très sympathique comme voiture 🙂 surtout en jaune !
La 288 GTO est un monument de l’histoire automobile.
Je trouve dommage de déformer un tel héritage.
Je n’aime pas ces restomods, pas pour leur design (quoique) ou les améliorations apportées mais parce qu’ils sont basés sur des modèles originaux pour avoir la CG.
Les mêmes reconstruites de zéro là oui pas de souci.
Mais dans le cas présent, je trouve la 288 GTO originelle bien plus belle dans tous les cas… Là c’est comme si tous les détails que j’aimais sur ce modèle avaient été effacés !! (les montants de pare-brise noirs, les rétros au design encore très moderne, les feux arrière typiques de Ferrari, etc….)
A ce stade et à ce niveau de rareté… je ne vois pas pourquoi on ne part pas d’un châssis neuf… Il ne reste quasiment rien.
Singer a au moins la décence de partir de châssis de 964 pas toujours des plus frais (bien que dans le détail il y a ptet des trucs « rares » qui ont du y passer dans tous les restomod Porsche des 10 dernières années)
Mais au moins c’est bien fait, Materazzi n’a pas fait ça sur un coup de tête…
Un restomod, je suppose qu’il s’agit d’une cantine sans prétentions…
Toujours la même rengaine sur un terme parfaitement français et accepté comme tel « restauration modernisation » = restomod…