L’huile de palme  bannie : vers un report sur le soja juge Matignon

Un amendement approuvé sur le fil du rasoir

Précisons que cet amendement déposé par le député du MoDem Bruno Millienne avait d’ores et déjà fait l’objet d’une désapprobation du gouvernement et du rapporteur général. Le texte a été adopté in extremis, recevant l’appui de tous les groupes d’opposition mais également de cinq députés LREM.

La réduction sur la Taxe générale sur les activités polluantes (TAGP) désormais inapplicable

En étant exclue de la liste des biocarburants l’huile de palme ne devrait donc plus désormais permettre de bénéficier d’une réduction sur la Taxe générale sur les activités polluantes (TAGP). Si cette mesure a été saluée par les organisations écologistes, elle est loin d’obtenir les faveurs des industriels, parmi lesquels figurent au premier rang le géant pétrolier français Total. Lesquels devraient très rapidement trouver une alternative pour contourner le problème et poursuivre leurs activités dans le domaine.

Vers un report du problème sur d’autres matières premières ?

S’exprimant lundi sur BFMTV, Benjamin Griveaux a certes admis que « l’intention de Bruno Millienne » était extrêmement louable mais a néanmoins estimé que cet amendement était d’un effet « totalement contre-productif ». Il s’attend en effet à ce que cette mesure provoque un report du problème sur le soja. Selon lui, une telle situation serait de nature à provoque une déforestation encore plus massive que dans le cas de l’huile de palme.

Colère des signataires de l’amendement contre l’avis défavorable du gouvernement

Les signataires de l’amendement ont quant à eux très peu appréciés l’avis défavorable émis par le gouvernement et le rapporteur du projet de loi. Les députés MoDem Bruno Millienne et Jean-Louis Bourlanges ont ainsi fait part de leur « colère », ne comprenant pas pourquoi « quand on veut faire du carburant propre en France, on garde l’huile de palme » qui est « plus nocive que l’essence » alors qu’ « on se bat pour expliquer pourquoi on fait la transition énergétique ».

Plan global du gouvernement sur la déforestation

Souhaitant démontrer que le gouvernement oeuvrait – dans le bon sens – dans ce domaine, le porte-parole du gouvernement a mis en avant les travaux menés actuellement en vue d’élaborer un plan global sur la déforestation. Précisant que ce dernier réalisé dans le cadre de la «  Stratégie Nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI) » avait été présenté la semaine dernière par François de Rugy, le nouveau ministre de l’Ecologie.

« Plutôt que de s’intéresser à un petit amendement d’un vendredi soir, je vous propose de regarder le plan global », est allé même jusqu’à déclarer Benjamin Griveaux.

Pour lui, l’huile de palme n’est pas la seule matière première agricole pour laquelle se pose la question d’une éventuelle introduction dans la liste des biocarburants. Y figureraient également le cacao, l’hévéa et le soja.

« L’objectif c’est zéro importation de produits qui génèrent de la déforestation en 2030″, a par ailleurs martelé Benjamin Griveaux.

La bio-raffinerie de Total à La Mède : entre emplois et déforestation

Le porte-parole a également tenu à souligner les enjeux économiques et sociaux liés au dossier. Prenant pour exemple la bio-raffinerie de Total à La Mède (Bouches-du-Rhône), site dont l’activité controversée devrait permettre la création de 250 emplois. Le site devrait démarrer sa production dès 2019 …. et importer jusqu’à 300 000 tonnes par an d’huile de palme  certifiée durable.

« Ce n’est pas de gaieté de cœur que j’ai autorisé la raffinerie  de la Mède à rouvrir. L’avenir n’appartient pas à l’huile de palme » avait déclaré Nicolas Hulot, sur Europe 1  en mai 2018.

Celui qui était encore alors Ministre de l’Ecologie a en effet hérité du dossier, négocié fin 2015, sous la présidence de François Hollande, entre Total, la raffinerie de La Mède et l’État. A cette date, le site, qui produisait de l’essence à partir de produits pétroliers, affichait un déficit chronique. Pour éviter la fermeture de la plateforme et préserver l’emploi de 250 personnes, l’État a accepté le projet de reconversion en bio-raffinerie proposé par Total.

Sources : AFP, BFM TV , Europe 1

(14 commentaires)

  1. Pourquoi s obstiner à mètre des additifs végétaux (éthanol,huile et autre) dans les carburant alors que le remède est pire que le mal au point de vu environnemental global?
    Et la raffinerie Total qu elle soit reconvertit en site de méthanisation !

    1. @Fabi35 : l’argent bien sûr.

      Pour La Mède, l’usine ne fait pas que cela 😉
      – ferme solaire
      – production d’adblue
      – production d’Avgas (essence spéciale aviation)
      – etc.

      Mais Total pourrait se fournir en déchet en France (pour ne pas utiliser des aliments comme le colza ou autres).

    2. ça, cela fait comme la voiture électrique : voir les gouvernements (et pas que français) n’investir que dans les infrastructures de recharges de batteries au lieu d’investir dans la conversion des pompes à carburants en pompes à éthanol pour faire la promotion de la pile à combustible, c’est presque criminel !

  2. Le pognon le pognon toujours le pognon … on finira tous dans des cercueils en or ça nous fera une belle jambe ?

  3. L’huile de palme etait une solution totalement hypocrite. Déplacer notre « merde » à l’etranger et acheter, faire acheminer par voie maritime (fuel maritime haute teneur en soufre) de l’huile alimentaire pour fabriquer du carburant sous pretexte de « transition energetique »?… Moi, j’appelle cela de l’escroquerie à tout niveau. Ce gouvernement se croit réellement au dessus du peuple en essayant de nous faire passer des vessies pour des lanternes.
    Ce Mr grivaux devrait faire preuve de plus d’humilité face à des députés qui ont réfléchis un peu plus loin que le bout de leurs nez.
    Il serait temps que Total s’implique un peu plus dans le local. La filière agriculture est en souffrance.

  4. LaREM prefere importer de l’huile de palme de TOTAL au lieu de l’ethanol de batteraves rouges produit en France par des agriculteurs. voila voila

    1. L’huile de palme ainsi que les huile de colza, soja, tournesol, cacao, etc.., servent à la fabrication de diesel (moins de 5%) et de biodiesel (appelé aussi diester)
      Les avantages du tournesol est que la plante se nourrit d’une partie de la pollution et n’a pas de gros besoins en eau et traitements contrairement à d’autres plantes cultivées pour le biodiesel.
      Les avantages du Colza sont des besoins en eau très faible, très peu de pesticides, de bons rendements, il craint que certaines chenilles qui font le bonheur de nos mésanges et autres hirondelles…
      Le soja est une plante qui est aussi responsable des déforestations (à très grande échelle), elle a un grand besoin en eau et divers traitements.
      L’avantage de la palme est son rendement, 6 à 10 fois supérieur aux autres plantes, plantes que nos sols ne suffiraient pas pour combler la demande pour notre consommation industrielle et ainsi qu’humaine.
      D’où l’autorisation donné, par le précèdent gouvernement, à Total d’utiliser uniquement de l’huile de palme durable (donc ne provenant pas de sites liés à la déforestation).

      Les alcools de betteraves, cannes à sucres, maïs, blé, raisin, etc.., servent à la fabrication d’ethanol : l’e85 (essence)

      Donc, quel est le lien entre diester et éthanol dans ton com.

      1. Parce que tu sais si ta cargaison provient uniquement de filière durable?
        Le boeuf des lasagnes n’est pas du cheval, le miel de chine n’est pas du miel, lafarge n’a jamais financé DAESH (certaines de ces affirmations sont du 2e degré).
        Je fais totalement confiance aux entreprises et à leurs équités (au pluriel car à géométrie variable en fonction du rapport bénéfice numéraire vs risques en cas de condamnation) pour tenir leurs cartes de bonne conduite.(2e degré et cynisme inside).
        D’ailleurs, un exemple du respect des engagements d’un constructeur vis à vis des reglements imposés (et qui est un des éléments du diesel bashing actuel) ?
        VW -Dieselgate…
        Avec une interdiction pure et simple, pas de problèmes et des économies de contrôle de régulation, pas de soucis de scandale dans 20 ans.

  5. enfin voter par 42 députés 22 contre l’huile de palme et 20 pour…où etaient les 535 députés lanquants au bordel , bistrot , où ?
    1500 euros retiré pour un gilet jaune en pleine séance..alors pour les 535 manquants leurs indemnités… avec dernier avertissement avant d’être déchu de leur mandat???

    1. Les députés sont déjà mis à l’amende en fonction de leur (non)assiduité aux commissions, ou aux votes.
      Ici, après 1 mois à débattre et siéger à l’AN sur le budget 2019, on arrivait à la fin, un vendredi à 17h.

      En commission, après 2 absences consécutives non justifiées, le député reçoit une amende de 360 euros (25% de l’indemnité commission).
      En vote solennel, depuis le début de l’année, « s’il y a une absence à plus de deux tiers des scrutins, ce sera 4.320 euros d’amende »

      Surtout qu’un député a toute les facilités pour déléguer son vote à un collègue (une procuration).

    2. Je rajouterais que l’on a supprimé depuis bien 2009 le quorum.
      Avant, il fallait une majorité de députés. Cela permettait à « l’opposition » de faire blocage en ne se présentant pas dans l’hémicycle, comptant sur une absence partielle de la majorité.
      Depuis le 27 mais 2009 (sous la Présidence Sarkozy donc), le règlement précise qu’un groupe ne peut demander la vérification du quorum que s’il est présent en majorité (en gros 1 seul député de l’opposition ne peut pas demander la vérification) et en cas d’absence de quorum, le vote est repoussé de 15 minutes. A l’issue des 15 minutes, il est procédé au vote et il n’est pas besoin du quorum.

      C’était trop facile de bloquer l’AN, reproche que l’on fait très souvent à l’AN.
      Ici, je soupçonne beaucoup de députés de LREM d’avoir été absents volontairement.
      En étant là, ils auraient dû choisir entre la « loyauté » au gouvernement, ou leur âme et conscience (et donc voter contre).
      Absents, ils n’ont pas à se prononcer (on peut voir cela comme une lâcheté) et ont permis à l’amendement de passer.
      Bien entendu, ce n’est que mon interprétation. 😉 Mais il parait que la première vice-présidente de groupe LREM ce jour là était furax (Amélie de Montchalin Députée de Lyon).

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