L’Etat bombe le torse face à l’actionnariat de Renault

La loi Florange, du 29 mars 2014, vise à éviter les fermetures sauvages d’entreprises mais prévoit aussi, dans son article 5, des droits de vote doubles dans les assemblées générales pour les actionnaires qui conservent leurs titres pendant au moins deux ans.

Cet article, très critiqué par les investisseurs, a été mis en place dans 22 entreprises du Cac40 et est en cours d’instauration dans plusieurs autres selon Bercy.

Or lors de l’assemblée générale du groupe Renault, le 30 avril prochain, les actionnaires récalcitrants veulent faire échouer l’adoption par Renault de la loi Florange et faire voter une résolution annulant les droits de vote doubles pour les actionnaires de plus de 2 ans. En rachetant 14 millions de titres, l’Etat va faire grimper sa participation de 15 à 19,7% et ses droits de vote à 23,2%.

Ainsi le Ministère de l’Economie affiche sa volonté d’avoir une gestion active de ses investissements et veut peser plus lourd lors du vote de la mise en application de la fameuse loi Florange. En effet, l’actionnariat de Renault est très « éclaté » et l’Etat devrait « facilement » rallier 1/3 des droits de votes pour avoir une minorité de blocage et faire barrage à une éventuelle résolution « anti Florange ».

Si l’investissement est conséquent, il traduit une volonté de gestion à long terme de nature à rassurer certains investisseurs et à faire fuir les plus spéculateurs. Ce n’est pas forcément un mal. Mais cet investissement ne présage en rien de la stratégie future de l’Etat concernant Renault et les achats d’actions ont une « porte de sortie ». L’Etat se garde la possibilité de céder à prix fixe les titres nouvellement acquis, pendant une durée de 6 mois (on évite donc une moins-value sur fluctuation boursière). On pourrait donc voir la participation étatique redescendre à 15% une fois le vote passé, à moins que l’Etat ne décide de conserver Renault sous pression.

Source : Ministère via Agences, illustration : T. Emme/le blog auto

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