Les pétroliers résistent à la chute des prix

TotalEnergies ou Shell viennent de publier leurs résultats du second trimestre et donc du premier semestre 2023. Pour Shell, c’est du -50% sur les six premiers mois tandis que TotalEnergies réussit à limiter la casse entre -9 et -30% selon les écritures comptables.

Rendons grâce à feu Christophe de Margerie qui a très tôt compris que de pétrolier/gazier, il faudrait transformer Total en un énergéticien global, avec du renouvelable de plus en plus présent. C’est avec cette transformation que TotalEnergies résiste bien. L’euphorie de 2022 avec des prix du pétrole et du gaz délirants est passée et le soufflé retombe. On a beau avoir des carburants relativement chers, et du gaz aussi, ce ne sont pas forcément les pétroliers qui s’en mettent plein les poches. Les raffineurs et distributeurs y gagnent et n’ont pas encore renoncé à leurs marges.

Pour Shell, la partie gaz plonge de 72% sur S1 2023. Et c’est essentiellement dû au prix car les volumes produits évoluent peu, et sont même en hausse. La partie « upstream » qui comprend l’exploration, l’extraction, mais aussi le transport et les infrastructures de livraison recule lui aussi fortement à -54%. Même la pétrochimie recule de 33%. A l’opposé, le « marketing » (i.e. lubrifiants, huiles, décabornification, etc.) double en revenus à +111% et les énergies et solutions renouvelables triplent presque avec +260%.

Si on regarde le bilan de TotalEnergies, on a à peu près les mêmes tendances avec -49% sur les revenus de l’exploration/extraction, -36% pour le gaz liquéfié, et -32% pour le raffinage et la chimie. A l’opposé, le « integrated power » (alias les renouvelables) fait x3,2 ! Mais, pour le moment, comme pour Shell, ces renouvelables performent, mais à un niveau absolu relativement bas. Sur les 12,5 milliards de dollars du résultat opérationnel de S1 2023, seulement 0,8 proviennent du renouvelable.

Des résultats largement au-dessus de 2019

Toutefois, les pétroliers sont en train de se diversifier en rachetant des producteurs d’énergie « renouvelable », des fabricants de panneaux, etc. D’ailleurs, TotalEnergies a annoncé avoir racheté intégralement Total Eren ces derniers jours. Total Eren c’est une coentreprise née en 2017 entre Total (à l’époque) et Eren Re. Cette prise de contrôle complète était prévue depuis le lancement du projet. Il y a aussi les biogaz (biométhane, etc.) et l’hydrogène qui intéressent l’industrie pour décarboner leur production (comme Saint Gobain qui se fournit en biogaz chez TotalEnergies).

Résultat, le groupe français possède 19 GW de puissance installée d’électricité renouvelable. Et la production est en hausse de 9% par rapport à S1 2022 à 16,6 TWh sur S1 2023. Cela reste « peu ». C’est l’équivalent de la production éolienne française sur six mois. Néanmoins, c’est une transformation année après année pour les ex-pétroliers.

Pour autant, ce premier semestre de forte baisse n’empêche pas TotalEnergies de verser un deuxième acompte sur dividende au titre de l’exercice 2023 en hausse de 7,25%. Il faut dire que les bénéfices restent confortables, bien qu’en baisse par rapport à 2022. Si on compare à 2021, TotalEnergies annonçait 6,5 milliards de dollars en résultat net ajusté par TotalEnergies pour S1 2021 contre 11,5 cette année. En 2019 (année pré-covid) , le premier semestre s’établissait à 5,6 milliards de dollars. Confortables on vous dit.

Pour lire le bilan complet du 1er semestre 2023 de TotalEnergies, c’est ici. Pour Shell, c’est là.

(2 commentaires)

  1. « avec du renouvelable de plus en plus présent »…
    Ce n’est pas là dedans que certains banquiers font des investissements considérables !!
    Lisez le récent discours du patron de BP !! Lamentable !!
    Cela va être un suicide à terme de l’espèce occidentale …avec le conflit généralisé au sein du capitalisme prédateur productiviste !
    De neuf milliards pourquoi ne pas passer à 5 milliards, et la Terre s’arrangera bien avec cela !! Une moitié avec des jardins militarisés dans le nord et des poubelles monstrueuses dans le sud. Nous ne serons pas là pour le voir !!

  2. Quand le prix du pétrole augmente, le prix à la pompe augmente.
    Quand les revenus des pétroliers baissent, le prix à la pompe augmente aussi pour préserver les bénéfices.
    À tous les coups on perd.
    Je ne vais pas plaindre ces profiteurs, qui ont fait des résultats ahurissants l’année dernière.

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