Une grande culture
En étant baptisé du nom d’un des piliers de la civilisation italienne, ce piémontais, né à Rome en 1905 alors que son père y faisait son service militaire, était appelé à une brillante et « divine » carrière. Diplômé en ingénierie mécanique de l’école polytechnique de Turin, Giacosa a reçu une formation classique d’une grande richesse, puisqu’il parlait le latin et le grec. Une culture classique solide, qui fut déterminante à ses yeux en lui donnant « un sens de la mesure et de l’équilibre sans lequel (il) n’aurais pas pu faire (son) travail ».
En 1927, il répond à une annonce parue dans un journal pour être recruté par S.P.A, une filiale de Fiat, en tant que dessinateur. Toutefois, grâce à des initiatives personnelles qui lui permettent de se faire remarquer, il gravit rapidement les échelons du « cursus honorum » au sein du géant turinois, et devient en 1933 chef du bureau technique pour la branche automobile. Spécialisé dans les moteurs, Giacosa s’intéresse néanmoins à tous les aspects de la conception et profite aussi des tâches qu’il a pu accomplir dans la branche aéronautique et la branche des véhicules utilitaires, comme le Pavesi P4.
Années 30 : Topolino et Balilla
Dans la seconde moitié des années 30, Giacosa réalise ses deux premières réalisations de renom : d’abord, en 1936, la Fiat 500 « Topolino » à propulsion, une voiture économique dont le strict cahier des charges (5000 lires maxi) était exigé par Agnelli (sur insistance de Mussolini, désireux d’avoir sa voiture du peuple) puis, en 1938, la Fiat 508 Ballila, une berline très en avance à l’époque avec sa boîte à 4 rapports, ses roues avant indépendantes et sa carrosserie tout acier. Deux modèles qui contribuent à la première étape dans le motorisation de masse de l’Italie.
Au sortir de la guerre, il travaille pour Cisitalia sur la monoplace D46 et la GT 202, puis revient rapidement aux projets Fiat. Nommé directeur des bureaux techniques véhicules, il devient responsable des projets voitures mais aussi des autres véhicules terrestres construits par Fiat.
La « divine » 500 et la motorisation de l’Italie
Les années 50 sont marquées par de nouveaux coups de génie: la Fiat 1400, présentée au salon de Genève 1950, est le premier modèle turinois à se doter d’une carrosserie autoporteuse et se décline même en diesel en 1953. Viennent ensuite les Fiat 110, Fiat 600 et sa variante Multipla puis puis enfin en 1957 la mythique Nuova 500. Modèle de rationalité, le « pot de yaourt » devient une icône nationale et un emblème de l’Italie dans le monde entier, au même titre que la Colisée.
Deux ans plus tard, il supervise la création du Centro Stile Fiat et recrute un certain Giorgetto Giugiaro. Giacosa s’implique dans tous les secteurs du groupe, de l’aéronautique aux automotrices, en passant par les véhicules militaires et les gros moteurs spéciaux à usage industriel. Design, mécanique, industrialisation des produits, rien ne lui échappe ! Giacosa n’est pas uniquement l’homme des voitures économiques et populaires. Quand le directoire souhaite, au début des années 50, lancer une GT destinée au marché américain, il conçoit une splendide 8V.
Concepteur prolifique
Dans cette période de la 2e moitié des années 50 et des années 60 – il entre au conseil de direction en 1966- les projets se multiplient, Giacosa étant le chef d’orchestre de tous les modèles Fiat et de l’élargissement de la gamme : Fiat 1300/1500, Fiat 1800/2100 et 2300 statutaires à 6 cylindres, la Fiat Dino, la grande routière Fiat 130, les Autobianchi, dont la Primula de 1964, qui, en véritable modèle-laboratoire, annonce les futurs grands changements techniques de Fiat avec une architecture à traction avant et moteur transversal. Les petites Fiat 127 et 128, lancées au début des seventies, sont les dernières à avoir été conçues sous la responsabilité de Dante, qui oriente la stratégie du constructeur sur les modèles d’entrée et de moyenne gamme, jugeant le haut de gamme trop coûteux à développer.
En 1970 , ayant atteint la « limite d’âge », FIAT annonce sa nomination en tant que consultant auprès de la présidence et représentant de la société dans les instances nationales et internationales. Peu de temps après, il démissionne et se consacre à l’écriture. Ayant professé à l’école polytechnique de Turin entre 1946 et 1966, ses ouvrages font référence, dont Moteurs endothermiques, qui est un traité exhaustif sur la conception des moteurs.
Primé à de nombreuses reprises (il reçoit le prestigieux Compas d’or en 1959), président de nombreuses commissions nationales et internationales, comme la FISITA (Fédération Internationale des Sociétés des Ingénieurs des Techniques de l’Automobile), Dante Giacosa disparait en 1996.
Images : wikimedia commons
Juste une remarque: la photo de la Topolino est sous-titrée ‘Ballila’, et je crois que cette dernière est sortie avant (1932?), également sur un cahier des charges de Mussolini.
Au crédit de Giacosa, on pourrait aussi mettre dans cette période la 1500 de 1935, une des premières voitures très profilées, ou la Turbina d’après-guerre, techniquement au niveau des recherches des constructeurs américains (et sublime).
Il a tellement marqué l’histoire de Fiat qu’une reconstitution de son bureau est présente dans le musée de la marque !
Les gens pensent, et même les journalistes auto, qui y’a eu 3 générations de 500 (en comptent la toute dernière électrique) alors qui y’a bien eu 4 générations avec la 500 Topolino.
Le centre de style en photo est celui de Citroën et non celui de Fiat. On y voit la SM, une GS entre autres.
La 130 n est pas vraiment sont oeuvre
« Années 30 : Topolino et Ballila » : légendes inversées.
C’est la première photo (voiture rouge) qui est la Balilla comme écrit en travers de sa calandre (et Balilla s’écrit ainsi avec deux « l » à la fin du nom). La Topolino est, bien entendu, la mignonne Fiat 500 couleur Bordeaux.
Il n’y a pas eu que des réussites : la calamiteuse Fiat 130 est bien là pour le rappeler. Tout comme la 8V, plantage industriel magistral
Quant à la 500, si elle reste bien une icône c’est bien à la 600 que l’Italie doit son automobile de masse. Comme la 4Cv encore une copie de la VW.
Bref, merci à la « Nuova 500 » pour passer à la postérité !
La 500 ne s’est jamais appelée Pot de yaourt en Italie et en France le Pot de yaourt c’était plutôt l’Isetta Velam
Je suis titulaire de la marque.
Pour ce qui est de Dante Giacosa j’ai eu la chance de le croiser en 1992 en Italie et surtout sa fille en 2007 lors de l’inauguration du musée de la Fiat 500
Sans Giacosa, les Fiat ne seraient pas ce qu’elles sont, et leur succès. Je parle des années 50 60 et 70.
Tout le reste après n’a aucune importance…du jetable.