Les Ferrari de deux flics à Miami

Jusqu’aux années 80, à la télé, le policier US est un moine-soldat: c’est un célibataire endurcit qui ne boit pas, ne fume pas, ne jure pas, s’habille comme son grand-père et se couche à 9h30 (10h pour les fêtes.) Il habite dans un 9m² sordide, n’a pas de vie privée, mais il est content car il sert son pays. De plus, il n’utilise jamais son arme de service et à la fin de l’épisode, il y a l’épilogue (drôle ou moralisateur, au choix.)

Dans les années 80, avec Magnum ou Riptide, le policier devient cool. C’est un ancien du Vietnam qui distribue volontiers des coups de poings et des balles de pistolet, il travaille dans un coin ensoleillé (d’où le bronzage), il roule dans une GT et surtout, à chaque mission, il y a toujours une jolie fille qui traîne (témoin, petite amie du suspect…) et qui finit dans son lit.

Avec Miami Vice (1984-1989), Michael Mann veut faire une série pour la « génération MTV »: pas beaucoup de dialogue, ni de psychologie, mais de l’action et de belles images, sur fond de musique pop.

« Sonny » Crockett (Don Johnson) et Ricardo Tubbs (Philip Michael Thomas) sont deux inspecteurs en civils à Miami (logique), chargés d’infiltrer des barons de la drogue. Pour que leur couverture soit parfaite, ils sont habillés comme des gravures de mode et roulent dans une GT saisie (Tubbs possède néanmoins une Cadillac cabriolet 1964 personnelle.)

Pour les habits, Michael Mann se tournent vers un styliste alors inconnu: Gianni Versace. Et la voiture? Il songe d’abord à une Countach, mais cette voiture est trop connu et la série risque de devenir « le truc où deux flics roulent en Countach ». Il se décide donc pour une Ferrari Daytona Spyder, un véhicule exotique, mais méconnu (malgré ses succès en course.)

La légende voudrait qu’à une vente aux enchères à Newport Beach, il découvre deux répliques sur base Corvette 1980 (peinte en jaune avec un intérieur noir) signée Tom McBurnie pour Al Mardikian. Ce dernier les vend sous le nom de « Mardikian 350 GTS ». Mais à l’époque, il est en faillite. D’où la vente aux enchères. Mann achète les deux « Ferralette », il les fait repeindre en noir avec un intérieur cuir jaune (c’est plus chic) et y fait ajouter des élèments de vraies Daytona (poignée de portes, jantes, etc.)

Au boût de deux saisons, Ferrari North America en a marre de voir une fausse Daytona tenir la vedette dans une série (où elle se fait designer par « la Ferrari ».) Il propose de fournir à la production deux Testarossa noires (plus une couleur argent pour Don Johnson, qu’il a revendu bien des années plus tard, lorsqu’il fut en interdit bancaire) afin de remplacer les « Daytona ».

Mann les fait repeindre en blanc (pour un meilleur contraste la nuit) et remplacer le 12 cylindres boxer par un V8 de Corvette (car le moteur Ferrari est jugé trop fragile!) Pour les cascades, ils utiliseront une Pantera munie d’une carrosserie de Testarossa.

Et la Daytona? Au début de la troisième saison, Crockett et Tubbs enquêtent chez un marchand d’arme Sud-Africain qui, pour montrer l’efficacité de ses bazooka, tire sur la Daytona. Un épisode plus tard, Cruz Castillo annonce à Don Johnson qu’ils ont saisi une autre Ferrari: une Testarossa blanche.

Mais Miami Vice est déjà sur le déclin. La série s’arrêtera après cinq saisons, en 1989. A noter, parmi les nombreux « guest », Arielle Dombasle (son premier grand rôle), Phil Collins (en présentateur télé), Lee Iacocca (en marchand d’arme) et Danny Sullivan (en pilote d’endurance, ça c’était un rôle de composition!)

http://www.youtube.com/watch?v=nGw9e0kRWhI

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