Cinq ans après avoir marqué les esprits avec la Miura, Lamborghini et Bertone créent à nouveau l’événement avec la présentation du premier prototype de la Countach au salon de Genève. Nous sommes en 1971.
La Miura aura largement aidé à sortir Lamborghini de l’anonymat et à en faire une marque de premier plan. Etonnante par son style et son architecture, elle ne parvient toutefois pas encore à prendre réellement l’ascendant sur Ferrari en termes de performances. Pour Ferrucio Lamborghini, sa remplaçante ne peut qu’être la meilleure.
Pour son design, il se tourne naturellement vers Bertone et son designer fétiche, Marcello Gandini. Inspiré de quelques-unes de ses récentes créations (dont l’Alfa Romeo Carabo et la Lancia Stratos Zero), il tranche les liens avec la Miura, et donne naissance à l’un des design les plus marquants de l’histoire de l’automobile. Son nom à lui seul exprime le choc qu’elle a créé à sa présentation. Countach est en effet un juron piémontais exprimant l’étonnement et l’admiration, et aurait été prononcé par Ferrucio à la découverte de la voiture.
Profil en coin, arrière tronqué, vitrages inclinés, elle semble sortir du futur, et aujourd’hui encore étonne… et inspire le design des Lamborghini actuelles qui sont toutes ses héritières. A bien des titres, la Countach peut être considérée comme la pierre angulaire de la marque Lamborghini.
Par rapport à la Miura, elle exprime aussi un changement architectural de taille. Le V12 reste en position centrale arrière, mais passe en longitudinal (il est transversal sur la Miura). Le nom du prototype illustre d’ailleurs ce changement : LP500 pour Longitudinal Posterior 5 litres. Un V12 donné alors pour 440 ch et censé permettre au prototype de passer la barre des 300 km/h et d’effectuer le 0 à 100 en 5 secondes.
L’intérieur est totalement tourné vers le conducteur, avec une instrumentation numérique et un volant monobranche tout à fait dans l’ère futuriste de l’époque. La rétrovision passe par un périscope et un échancrure dans le pavillon.
Comme on peut s’y attendre, l’accueil est spectaculaire, et plusieurs commandes sont enregistrées sur le stand avant même tout confirmation de mise en production. Une décision qui ne tarde pas et le premier exemplaire sortira en 1974.
Entre temps, deux autres prototypes ont été réalisés (un vert, sur la seconde série de photos) et un rouge. Car quelques aménagements sont nécessaires pour passer en production. En premier lieu l’amélioration du refroidissement du moteur. Les élégantes entrées d’air dans le prolongement des vitres sont trop petites. Elles sont agrandis via un carénage, et complétées de grandes prises Naca sur les flancs. Les autres évolutions concernent l’ouverture des vitres, le dessin des feux arrière, ainsi que la disparition du périscope. L’aménagement intérieur est aussi revu, avec un grand bloc instrumentation et un volant de facture plus conventionnelle.
Sous le capot, le V12 5 litres n’ayant pu être mis au point à temps, la Countach est lancée avec le V12 4,0 litres de 375 ch. Ce qui ne l’empêche pas d’afficher des performances fidèles aux ambitions de Ferrucio Lamborghini : un 0 à 100 km/h en 5″4 et une vitesse maximale de 309 km/h. De quoi affronter la toute nouvelle Ferrari 365 GT4 BB donnée pour 5″4 et 302 km/h.
Le prototype original (jaune) a été utilisé comme prototype de développement après sa présentation en 1971. Il a fini son existence lors d’un crash test validant la résistance de la carrosserie aluminium et de la structure tubulaire.
La Countach vivra jusqu’en 1990, avec des évolutions stylistiques pas toujours très heureuse sacrifiant parfois l’élégance et la finesse originale sur l’autel de la mode des appendices plus ou moins aérodynamiques, et plus ou moins bien intégrés. Au total, 2041 Countach ont été produites, dont seulement 157 LP400 de la première série.
LP500 Prototype
Prototype N°2
Crédit photos : Bertone