Le « yolocharging » est-il interdit en France ?

Le véhicule électrique demande, pour l’utiliser au quotidien, d’avoir un point de charge accessible et facile, proche du domicile. A défaut, il faut pouvoir le recharger au domicile sans gêner les autres personnes. Sauf que certains tirent une rallonge pour pouvoir brancher leur véhicule depuis chez eux. La rallonge traîne sur le trottoir et c’est ce que l’on appelle le « yolocharging ». Cela peut aussi se faire au travail, toujours avec un câble électrique (recharge lente) sorti par une fenêtre ou une porte.

Est-ce que ce procédé est interdit ? Formellement : non. En effet, rien dans le code de la route ou autre n’interdit formellement de brancher sa voiture électrique ou hybride rechargeable. Toutefois, avant de vous ruer sur la première rallonge électrique pour alimenter votre véhicule, sachez qu’il y a d’autres moyens pour l’interdire.

Certaines municipalités ont anticipé ce genre de souci en prenant des arrêtés municipaux interdisant purement et simplement la manoeuvre. Et quand bien même il n’y a pas d’arrêté municipal, il y a la possibilité de faire valoir le « Code général de la propriété des personnes publiques » et particulièrement l’utilisation anormale du domaine public (article L2121-1 du CGPPP). Le trottoir ne vous appartient pas et donc y faire passer un câble est une appropriation illégale du domaine public.

C’est ce même article qui vous interdit de vous garer devant votre propre garage puisqu’il s’agit d’une privatisation de fait du domaine public. Et ne cherchez pas à gruger en faisant passer le câble par les airs. Donc si faire traîner un câble sur le trottoir pour brancher son véhicule n’est pas formellement interdit, c’est tout de même interdit pour occupation illégale du domaine public. Certains tentent de le faire en se stationnant sur le trottoir au plus près du domicile. Cela se transforme alors en stationnement gênant, voire dangereux, et là c’est l’article R417-9 du CDR.

Alors que faire ?

Le plus simple avant de vous mettre hors-la-loi est de contacter votre mairie. En effet, selon les cas, certaines municipalités peuvent accepter que l’on branche son véhicule via le trottoir, à condition de faire passer les câbles dans une gouttière spéciale (comme pour des travaux) et de retirer le plus rapidement son dispositif. Sinon, vous pouvez aussi demander l’installation de bornes à proximité de votre domicile, mais c’est plus aléatoire.

Enfin, sachez que ce problème du « yolocharging » ne touche pas que la France. Certains pays ont rapidement interdit le principe comme la Belgique. En solution, il y a la possibilité d’installer des prises dans les bordures de trottoirs, ou dans les lampadaires (s’ils sont en bord de trottoir). Mais ce n’est pas demain la veille que l’on aura cela de manière généralisée.

Il faut dire qu’un câble en travers du trottoir est dangereux. Des piétons peuvent se prendre les pieds dedans et chuter. Là, c’est votre responsabilité qui est engagée. Cela peut gêner les personnes à mobilité réduite (PMR) mais aussi les poussettes, enfants en bas âge, etc. Outre une chute, votre câble peut provoquer une électrisation ou une électrocution. De plus, il est à la merci de quelqu’un considérant qu’il n’a rien à faire en travers du trottoir et le coupe (provoquant sans doute un court-circuit chez vous).

En bref, autant ne pas jouer et éviter simplement le yolocharging. Les règles du domaine public ne s’appliquent pas sur un parking privatif (résidence, immeuble de travail, etc.). Pour ce cas, il faut se référer au code intérieur et demander au syndic de gestion ce qu’il en est exactement.

(14 commentaires)

  1. Un juriste ou avocat qui ne connait strictement rien en électricité va chercher l’interdiction dans le droit et le code pénal , l’électricien va chercher dans NFC 15 100 ou bientôt un bouton poussoir de sonnerie pour l’appartement en copropriété alimenté 220v depuis l’intérieur de celui ci va être interdit ….. Rien en 220 v privé ne doit sortir en parties communes….. ( c’est plein de variantes )

    1. Les boutons de sonnette extérieurs doivent déjà être en 12, 8, 6 V (ou autres mais pas 220 V) depuis un paquet d’années et pas « bientôt ».

      1. La norme 2024 , soit , 80% de la France hors norme ….. 1980 et avant Hlm ou pas ou maison ..=.. fusible plomb … à moins d’habiter un quartier huppé ….. 80% est une statistique personnelle de ce que j’ai vu région 06 relativement riche ….

      2. Dans mon immeuble (construit en… 1925 ; -) même si l’installation électrique doit avoir été refaite dans les années 60), la sonnette et l’interphone de la porte d’entrée sont bien en 230VAC.

  2. Pas de stationnement ou le garage rempli de merdier, ainsi le véhicule reste toujours sur la voirie: place ou trottoir et bande cyclable.
    Pas d’inquiétude sur Nantes, les autorités ne font rien et c’est bien le merdier 😉

  3. Je ne savais pas que ça avait un nom. Surtout quand on passe dans les zones pavillonnaires où s’est sensé être à double sens et t’as qu’une voie car tous les véhicules sont le long du trottoir. Où quand tu passes dans des cités à naviguer entre les voitures car ils sont tous dehors car les parkings sous terrain sont hors service depuis 20 ans. Je me dis qu’est ce que ça va être si tous cela est en électrique ! L’anarchie totale et des câbles partout ! Seule solution… Électrifier toutes les places des supermarchés… Le futur électrique pour tous ^^

    1. Electrifier les parkings de supermarché n’apportera à mon avis pas de solution. En 1 heure de course hebdomadaire, avec un chargeur AC 11kW, vous récupérez juste de quoi faire 60-70km : très insuffisant pour tenir toute la semaine, sauf très petit rouleur. Ou alors il faudrait installer des chargeurs DC puissants, 50 ou 100kW, sur chaque place… Mais ce sera ruineux, aussi bien pour le supermarché (prix du chargeur et de son entretien) que pour l’automobiliste (prix du kWh aussi voir plus cher que l’équivalent en carburant : à mon Leclerc, c’est déjà 50cts le kWh en 11kW !!! )

  4. j’ai l’impression que les maires se foutent de la recharge. Pourtant la recharge en ville est un point très important dans la transition. Il va falloir beaucoup de bornes, dans chaque quartier, sans cables qui trainent par terre. Je ne lis rien sur ces points

    1. Il y a eu des tentatives de bornes lentes intégrées dans les lampadaires (Vendée, etc.). Il n’y a pas eu vraiment de suite. Une y a une société qui propose des prises intégrées au trottoir, là encore pas vraiment de suite. Sinon des mini-bornes avec 2 prises, idem.

      Pourquoi ? Souvent car on considère que fournir gratuitement de l’électricité, même à 8A (1,8 kW) n’est pas « bien ».

      En Norvège depuis des dizaines d’années on trouve des prises sur les parkings. A la base elles servaient à pouvoir réchauffer le thermique avant de repartir le soir. Puis à charger les VE la journée. Prises totalement libres.

  5. J’habite dans une petite préfecture de 40 00 habitant un peu rurale et désargentée, à l’habitat plutôt ancien (beaucoup d’immeubles et de résidences construits avant 1960, sans parking ou bien des HLM avec de grandes allées de places de parking mais non nominatives), très mal équipée en bornes de recharge (10 bornes 22kW gérées par le SDE dont 4 non accessibles au public car réservées à des Zoé partagées tarifées 40cts le kWh avec abonnement, et 10 bornes 11kW au Leclerc à 50cts le kWh 2h maxi). Je constate moi aussi que je voie de plus en plus de VE garés dans la rue qui yolochargent : des habitants au rez-de-chaussée d’immeubles collectif, ou de maisons de ville sans garage ou sans allée accessible. Ils font passer une rallonge par le portail, une fenêtre ou un soupirail jusqu’à leur VE garé juste devant dans la rue. La plupart le font discrètement, la nuit, et beaucoup prennent la précaution de recouvrir le câble d’un tapis en caoutchouc ou d’une protection type ‘passage de route de camping’. Cela démontre clairement que, dans de nombreuses villes, il y a clairement un GROS problème de recharge publique de proximité. LeS bornes sont trop peu nombreuses, pas installées là ou il le faudrait (trop souvent proches de mairie, de la piscine ou de la place du marché, et loin des immeubles près desquels les habitants garent leur voiture la nuit), et les tarifs au kWh ont explosé avec la généralisation de la facturation partielle au temps de recharge. Sans une volonté claire d’installer des bornes publiques avec un prix abordable dans tous les quartiers, la diffusion du VE va très vite buter sur les 30 % de ménages sans parking, qui sont même 50 ou 70 % dans certaines villes comme la mienne où la voiture est pourtant indispensable pour travailler (très peu de bus, pas de train ni de tram, bassin d’emploi sinistré très etendu etc). Moi-même, sans possibilité de yolocharger ou sans volonté forte de la mairie pour construire des infrastructures de recharge, avec mes 90km de trajet pro par jour et la borne la plus proche à 15 bonnes minutes de marche de mon appartement, je ne vois pas comment passer un jour au VE.

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