Accumulation de problèmes
Evidemment, le contexte difficile de ces dernières années, sur fond de pandémie, de récession puis de conflits géopolitiques, n’a pas aidé, avec des calendriers bouleversés et des épreuves annulées, surtout sur les manches asiatiques pourtant fondamentales en termes de marketing. Les temps ne sont pas faciles, à l’image de l’annulation des W Series, mais à cela se sont rajoutées des polémiques sportives et techniques à répétition.
Contestations et bricolages de Bop (balance de performance censée rééquilibrer les performances des voitures) inaudibles pour le grand public, concurrence des championnats GT3 et GT4 bien rodés, arrivée de constructeurs comme Link&Co avec des équipes quasiment « usine » face à des teams privés, sans oublier l’affaire des pneus Goodyear et des crevaisons à répétition, qui ont finalement entraîné le retrait unilatéral de Link&Co. avant même la fin du championnat en cours, les dernières manches de la saison se disputant avec un plateau famélique de 12 voitures !
François Ribeiro, le Directeur de Discovery Sports Events, promoteur du championnat, avance aussi comme raison du manque d’attractivité la problématique des carburants synthétiques « En 2021, lorsque nous avons annoncé l’extension de notre partenariat à long terme avec la FIA pour promouvoir le WTCR, nous l’avons fait dans le but de rendre la WTCR encore plus durable sur le plan environnemental, dans le cadre de notre feuille de route visant à offrir un sport automobile plus durable, explique-t-il. L’introduction d’un carburant 100% durable était au cœur de cette démarche. Malheureusement, il est devenu évident que le carburant 100 % non fossile n’est pas encore compatible avec les moteurs de série utilisés dans la catégorie TCR, car il sollicite trop les composants mécaniques. De plus en plus de sponsors ne souhaitant pas être associés à une catégorie qui n’utilise pas de carburant fossile, nous craignions vraiment que cela ait un impact négatif sur le nombre de voitures sur la grille de départ du WTCR en 2023. »
Hauts et bas du « mondial » de tourisme
La formule TCR marche plutôt bien dans les championnats nationaux, et plus de 1000 voitures de type TCR sont en compétition dans le monde, mais la catégorie tourisme n’offre plus les mêmes retombées. Le DTM s’est converti au GT3 et les plateaux ne sont plus aussi spectaculaires que dans les années 90, quand les constructeurs s’y investissaient massivement avec des pilotes de renom. Quelques singularités persistent, comme le BTCC anglais qui suit ses propres règles (voiture NGTC) et s’est considérablement nationalisé, contrastant avec l’époque bénie du TOCA Championship. Le Supercars Australia suit également sa propre voie.
Les goûts et les tendances du marché ont aussi évolué, la berline déclinant peu à peu. La formule « mondial » en tourisme a toujours eu du mal. Si le championnat d’Europe a connu ses heures de gloire dans les années 60-70, dans un contexte bien différent, le premier WTCC en 1987, rapidement monopolisé par BMW, n’a fait qu’une seule saison. Le DTM « première ère » a vite explosé en plein vol quand la folie des grandeurs a pris l’ITR (le promoteur du DTM) et la FIA qui l’ont transformé en championnat international ITC en 1996, là aussi la formule ne survivant pas une seule année à cause de l’explosion des coûts et de retombées insuffisantes. Le WTCC des années 2000 a bien marché, avec Alfa Romeo et BMW en pointe, mais il s’est ensuite vite essoufflé.
World Tour et Classement mondial
La fin du WTCR tel quel ne signifie pas pour autant la fin de toute compétition d’envergure internationale. Le groupe WSC, qui est à l’origine de la classe TCR, a annoncé le lancement d’une nouvelle « plate-forme innovante » permettant aux équipes et aux pilotes de courir parallèlement à son nouveau système de classement mondial, inspiré un peu de l’ATP en Tennis.
Les résultats de course de tous les pilotes participant aux événements sanctionnés par le TCR à partir de janvier 2021 sont inclus dans les calculs du classement mondial qui est divisé en cinq catégories ; courses de sprint internationales, régionales, nationales, d’endurance et autres. Le classement est établi par deux coefficients, la série à laquelle ils ont participé et le nombre d’entrées, les champs de 20 voitures ou plus marquant le plus. Le classement actuel est basé sur les 20 derniers résultats de course, les pilotes qui n’ont pas couru depuis 30 semaines voient leurs résultats les plus anciens supprimés jusqu’à leur retour à la compétition.
Le nouveau TCR World Tour sera composé de neuf événements sélectionnés parmi diverses séries sanctionnées par le TCR dans le monde entier, « donnant la priorité aux meilleurs circuits et aux championnats les plus populaires ». L’idée est de se rapprocher du GT World Challenge qui fonctionne bien dans le monde du GT3. Les pilotes participant au World Tour se verront attribuer des points de classement à un niveau supérieur à celui des concurrents réguliers dans les différentes courses, qui doivent se dérouler sur quatre continents.
Les 15 meilleurs pilotes du classement World Tour à l’issue de la saison seront ensuite invités à participer à la Finale du Classement Mondial TCR, qui sera organisée en coopération avec Discovery Sports Events dans les quatre mois suivant la fin du TCR World Tour, un peu à l’image des coupes du monde de Tourisme qui avaient eu lieu dans les années 90. L’événement se déroulera sur quatre jours sous forme de séries éliminatoires, les 15 pilotes du TCR World Tour étant rejoints par les 45 meilleurs pilotes du TCR World Rankings. Des titres seront attribués aux pilotes, équipes et constructeurs.
« Parallèlement, ce plan vise à renforcer la coopération que nous avons établie avec les promoteurs des séries régionales et nationales. Cette coopération permettra de rehausser le niveau des épreuves sélectionnées pour le TCR World Tour en termes de visibilité, de médiatisation et d’ambiance, donnant également aux pilotes locaux l’opportunité de se mesurer à une forte participation internationale (…) C’est aussi une opportunité pour les constructeurs d’établir des relations plus étroites avec leurs propres clients de course et d’accroître leur fidélité envers la marque. »
Du côté de l’ETCR (version électrique), le format continue avec un plateau assez limité…A suivre.
sources : TCR series, touringcar times