Nissan aurait pu pour son retour dans la Sarthe se contenter de faire un prototype « classique » et de se concentrer sur la motorisation hybride déjà particulièrement génératrice de céphalées pour les ingénieurs. Mais comme Nissan ne fait jamais rien comme les autres, et aime se mettre de gros objectifs, le constructeur japonais revient avec un prototype à moteur avant et à traction.
A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire…encore faut-il triompher.
Avouons le tout de go, la Nissan GT-R LM Nismo est impressionnante à voir en vrai. Il s’agit ici de l’une des deux maquettes réalisées en Angleterre selon les fichiers numériques du prototype (assemblé lui aux USA) et ce qui frappe en premier c’est que la voiture est extrêmement « lisse ». En effet les prototypes concurrents sont tous avec des appendices aérodynamiques divers, des « winglets » et autres ailerons. Ici, à part l’aileron arrière, rien de tout cela.
La GT-R LM Nismo utilise l’un des effets fétiches de son concepteur Ben Bowlby, l’effet Venturi. La prise d’air à l’avant génère deux flux qui passent dans des tunnels dans les soubassements de la voiture et qui ressortent par le diffuseur pour plaquer la voiture au sol. Toute la carrosserie est dessinée pour gérer l’écoulement du flux supérieur et ainsi l’utilisation d’aileron devient presque superflu.
La voiture génère moins de traînée et sa signature aérodynamique lui autorise des vitesses de pointes dans le peloton de tête tout en utilisant moins de carburant (nerf de la guerre en ces temps d’hybridation). Selon Bowlby, la Nissan GT-R LM Nismo devrait rattraper en ligne droite ce qu’elle perdra dans le sinueux du fait de son architecture peu banale en sport automobile contemporain. En gros, sur le grand circuit du Mans cela pourra le faire, sur les circuits plus courts, il n’est pas certains de voir la Nissan jouer les premiers rôles.
Une foultitude de détails atypiques
Il existe d’autres points remarquables sur cette automobile, son regard tout d’abord, qui peut faire penser à des touches d’accordéon, avec les 30 LED qui composent les feux avant. Le cockpit, en goutte d’eau, est très reculé (moteur à l’avant oblige) et on a l’impression d’avoir affaire à une cousine des Panoz Esperante qui tentèrent l’aventure du Mans il y a plus de 15 ans déjà (pas sur que cela arrange les relations entre Don Panoz et Nissan NDLA). Ce long capot travaille directement pour l’appui aérodynamique.
Les échappement sortent par le capot avant et participent au flux aérodynamique supérieur. Enfin, les pneus à l’avant sont bien plus larges que ceux de l’arrière (35,56 cm de large contre 22,86) et sur des jantes elles aussi plus grandes (18 à l’avant contre 16 pouces à l’arrière). Développées par le partenaire Michelin, ces enveloppes répondent évidemment au besoin d’encaisser le couple sur les roues avant et de supporter le poids en virage pour éviter un trop grand sous-virage.
Pour les pilotes, il a fallu un temps d’adaptation car la conduite de cette GT-R LM Nismo n’est pas la même que celle des protos « habituels » du WEC.
L’objectif pour Nissan cette année est clairement modeste. Il ne s’agit apparemment pas de fausse modestie car le risque pris est énorme. Mais du côté de Nissan on assume ce risque pris et on y met les moyens (il y aura 3 voitures aux 24 heures et le prototype effectue beaucoup d’essais pour gagner en rythme de course) car on sait pertinemment que cette voiture assurera au minimum le « buzz ». Si en plus elle est à l’arrivée, en bonne place, Nissan aura réussi son pari pour son retour en LM P1. Il ne restera alors plus qu’à gagner Le Mans avec cette drôle de sauterelle. Mais ça c’est pour les saisons à venir.
Fiche technique express de la GT-R LM Nismo :
Moteur : Nissan VRX 30A NISMO, V6 bi-turbo de 3 litres
Puissance : 550 chevaux
Boîte de vitesse : séquentielle à 5 rapports (+ marche arrière). Le dernier rapport est épicycloïdal (pour la compacité)
Poids homologué : 870 kg
Réservoir : 68 litres
Longueur : 4,645 m
Largeur : 1,9 m
Hauteur : 1,03 m
Crédit photo : T. Emme/le blog auto