Le Japon obtient libre-accès au marché automobile de l’UE

Il donne naissance à la plus grande zone de libre échange au monde. Si le secteur agroalimentaire européen est sorti grand vainqueur des discussions, les Japonais obtiennent de leur côté un libre accès au marché européen pour leur industrie automobile, à l’issue d’une période transitoire de plusieurs années.

L’automobile en contre-partie du secteur agro-alimentaire

L’accord marque l’aboutissement de discussions ouvertes en 2013. Baptisé Jefta (Japan-UE free trade agreement), le plus important pacte jamais négocié par l’UE, porte sur une zone de libre-échange couvrant près d’un tiers du produit intérieur brut (PIB) mondial et plus de 600 millions d’habitants.

Le secteur agroalimentaire européen est sorti grand vainqueur des négociations. Ainsi, 85% des produits agroalimentaires de l’UE pourront entrer au Japon sans droits de douane, certains à l’issue de périodes de transition.

En retour, les Japonais obtiennent un libre accès au marché européen pour leur industrie automobile, à l’issue d’une période transitoire de plusieurs années.

Vers une baisse des prix des véhicules grâce à la fin des droits de douane

L’arrêt des droits de douane (lesquels sont de 10% à l’heure actuelle) devrait permettre aux constructeurs japonais de proposer aux consommateurs européens des prix de vente inférieurs. Dans la mesure toutefois, où la suppression des taxes sera directement répercutée sur les tarifs … et non sur les marges.

Impacts à relativiser

L’impact positif d’un tel accord pour les constructeurs japonais et leurs clients européens, demeure néanmoins à relativiser, les groupes automobiles nippons possédant des unités de production sur le Vieux Continent, les véhicules n’étant donc pas de ce fait importés et donc soumis aux droits de douane. Rappelons ainsi que Toyota produit la Yaris dans son usine d’Onnaing, près de Valenciennes. Les constructeurs japonais avaient justement choisi d’implanter des usines en Europe pour s’affranchir des taxes.

Un bémol toutefois : le marché haut de gamme. Les modèles Infiniti, Lexus, Subaru, Mazda seront bien évidemment eux-aussi concernés. Or, des tarifs inférieurs obtenus grâce à la suppression des droits de douane devraient accroître la concurrence avec les constructeurs allemands, fort présents sur le segment.

Entrée en vigueur prévue en 2019

Le texte doit encore être soumis au Parlement européen d’ici la fin de l’année en vue d’une entrée en vigueur en 2019. Pour tenir le planning, le Parlement japonais devra quant à lui rapidement le voter de son côté.

A noter que contrairement à l’accord UE-Canada (CETA) – actuellement contesté par l’Italie – l’accord ne doit pas être ratifié par chacun des Parlements nationaux.

Protection des investissements : un sujet de discorde

Reste que la protection des investissements n’est pas comprise dans l’accord signé la semaine dernière. Le sujet a en effet constitué le principal point d’achoppement des discussions.

Rappelons que la plupart des ententes commerciales négociées au niveau international permettent à une entreprise d’attaquer un Etat en vue d’obtenir réparation si elle s’estime lésée par la politique de ce dernier après avoir réalisé des investissements dans le pays concerné.

De sources européennes, on précise toutefois que l’absence de ce volet au sein de l’accord permet d’éviter de passer par les Parlements nationaux.

Des ONG françaises critiquent quant à elles cette absence de ratification, estimant que cela « empêche tout débat sur le sujet. »

Sources : AFP, Capital

Illustration : ACEA/ Eurostat

(9 commentaires)

  1. Et les voitures européennes sur le sol japonais ??? Concernées aussi ou accord unilatéral à l’avantage du Japon ??? 😮

    1. à part une poignée d’individus qui souhaitent rouler différemment, sinon, il faudrait voir le « nationalisme mercantile » de l’automobiliste japonais

      1. L’automobiliste japonais privilégie ses constructeurs nationaux c’est un fait, mais c’est aussi le cas en Allemagne.

        L’acheteur français se comporte comme son homologue US, c’est-à-dire que compte-tenu de l’offre élargie il fait jouer la concurrence. On peut le regretter mais c’est le jeu d’un marché ouvert.

        Concernant le premium (ou haut de gamme), Lexus semble être le grand gagnant. Ils sont les seuls (à mon sens) à proposer une alternative crédible aux constructeurs allemands. Ils ont une offre hybride qui s’élargie, leurs voitures sont qualitatives et ils ont leur propre style.

        En revanche, je ne partage pas l’avis de l’auteur de l’article sur le paragraphe consacré au marché du haut de gamme. Subaru et Mazda ne sont pas des constructeurs haut de gamme, à l’inverse de Lexus Infiniti et Acura. D’ailleurs verra-t-on Acura débarquer en Europe ?

        1. Il n’a jamais été question d’importer Acura en Europe et il ne le sera jamais.
          La marque est taillée de toutes pièces pour le marché US, il n’y a que là bas qu’elle peut fonctionner, à plus forte raison avec sa gamme actuelle (3 berlines, 2 crossover et la NSX), dont tous les modèles à l’exception de la NSX sont fades à pleurer (bien que super équipées et confortables).
          Honda avait déjà tenté la montée en gamme en Europe par le passé, avec le peu de succès malheureusement (gamme Legend).
          Seul Lexus a réussi à se démarquer en créant une véritable identité et un style à la fois attirant (même si polarisant) et unique. Leur grand coup aura aussi été de commencer à faire des belles GT et des sportives propres à la marque, et non plus des modèles rebadgés comme le font toujours Acura et Infinity.

    2. Il ne faut pas oublier qu’il y a en gros 8 constructeurs généralistes japonais qui ont pour certains des gammes de 20 ou 30 modèles. Le marché japonais est totalement saturé par ses propres constructeurs et n’affiche pas une croissance folle.
      Les constructeurs européens savent qu’ils ne peuvent absolument pas rivaliser avec les constructeurs japonais sur leur sol donc ils préfèrent faire de petits volumes avec de fortes marges en vendant leurs modèles comme du « premium ».

    1. A part que Toyota France a poussé la Prius 4 non rechargeable dans les oubliettes. Elle ne figure pas ou très peu dans les publicités sur l’hybride (papier ou autres supports).
      Dommage, car avec sa fabrication Japonaise, à prix égal, elle est plus qualitative que le CHR ou même l’Auris.

  2. Je ne voit pas trop l’intérêt à signer cet accord pour nous: Les japonais sont viscéralement nationalistes et je nous vois mal leur faire acheter ce qu’ils produisent déjà!
    Par contre, ils ont une densité de population très élevée qu’il faut bien nourrir…
    On voudrait que les usines installées ici voient leur production repartir que l’on ne s’y prendrait pas mieux.
    Des fois, on en regretterait presque de ne pas avoir un Trump, en un peu plus finaud. Et à minima des politiques qui font ce pour quoi ils ont été élus.

    1. Cet accord nous avantage dans le domaine de l’agro-alimentaire, domaine dans lequel nous sommes bien plus fort que l’automobile. L’agro-alimentaire français va pouvoir conquérir le marché japonais.

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