Le gouvernement australien tente de sauver les meubles pour le secteur automobile

Alors que les trois grands constructeurs automobiles implantés en Australie – Toyota, Ford et Holden – ont d’ores et déjà annoncé qu’ils cesseraient toute production dans le pays au plus tard en 2017, le gouvernement australien tente en quelque sorte de sauver les meubles, et de retarder l’échéance autant que faire se peut, 2017 étant une date au plus tard.

La solution miracle : injecter de l’argent, histoire notamment de maintenir l’activité et surtout l’emploi. Le gouvernement va ainsi débloquer 350 millions d’euros afin de permettre aux constructeurs et aux équipementiers de maintenir leur production sur le territoire australien jusqu’en 2017. « Nous savons que c’est terminé pour l’industrie automobile en Australie. Mais nous devons nous assurer que l’activité se poursuivra jusqu’à fin 2017 », a ainsi déclaré le ministre de l’Industrie Ian Macfarlane.

Selon les groupes industriels, cet abandon serait justifié par l’étroitesse du marché australien et des coûts trop élevés, autant d’éléments aboutissant au final à un manque de compétitivité. Dans un rapport publié en décembre 2013, une commission gouvernementale avait pointé du doigt les maux à l’origine de la déconfiture du secteur automobile en Australie, tant sur ses débouchés à l’export (40 % de la production nationale) que sur le marché local.

Le verdict était alors tombé : avec un taux horaire de 30 dollars, le salaire australien dans l’industrie automobile est l’un des plus élevés des pays développés et n’est pas en mesure de rivaliser face à ceux pratiqués dans les pays voisins de l’Asie du Sud-Est. Depuis, l’envolée du dollar australien n’a rien arrangé à l’affaire, les constructeurs se tournant notamment vers l’Indonésie, pays en fort développement, pour y implanter leurs plateformes d’export.

Autre élément à prendre en compte : le marché local trop restreint – représentant 1,1 million de voitures neuves écoulées en 2013 – n’est pas suffisant pour absorber une part conséquente de leur production. Des barrières tarifaires à l’importation peu élevées limitent quant à elles les avantages d’une production locale.

Cette annonce intervient alors que les subventions à l’industrie automobile ont subi des coupes dans le budget fédéral l’an dernier, non sans provoquer de vives inquiétudes parmi la population et le gouvernement qui s’inquiète désormais de l’impact de ces mesures sur les équipementiers automobiles. Car les difficultés pourraient survenir en cascade, l’effet domino étant à craindre. Le ministre a ainsi déclaré que Holden et Toyota, ainsi que « Ford dans une moindre mesure » avaient déclaré « qu’ils ne pouvaient garantir aux gouvernements que leurs fournisseurs seraient toujours en activité en 2017 ». Les constructeurs automobiles eux-mêmes pourraient également être contraints de mettre la clé sous la porte avant la date fatidique de 2017.

De ce fait, les sommes débloquées ont pour objectif de sécuriser l’échéance de fin 2017 à la fois pour les constructeurs et les équipementiers. Volte-face un peu tardif du gouvernement conservateur arrivé au pouvoir en Australie en 2013, diront certains. Rappelons à cet égard que ses premières mesures furent de serrer la vis des aides à l’industrie.

Le syndicat australien des employés de l’industrie s’est quant à lui félicité de cette mesure. Rappelons qu’au final, près de 45.000 emplois sont menacés (si l’on inclut les sous-traitants, sans toutefois comptabiliser les réseaux de distribution et de réparation), soit 5 % de l’emploi manufacturier australien.

« Rien de ce que nous pourrons dire ou faire ne pourra limiter l’anéantissement de tant de personnes », avait ainsi déclaré en février 2014 le Premier ministre australien, Tony Abbott lorsque Toyota avait annoncé l’arrêt de sa production locale à partir de la fin 2017, le constructeur employant 2500 salariés sur son usine d’assemblage d’Altona, dans la banlieue de Melbourne. Cette annonce faisait elle-même suite au retrait de General Motors, qui, en décembre 2013, avait indiqué l’arrêt de ses activités industrielle à partir de 2017 (décision impactant ses 2900 salariés employés par sa filiale Holden). En mai 2013, Ford avait ouvert le bal en annonçant un retrait en 2016, mettant ainsi en péril l’emploi de 1200 salariés.

Sources : AFP, Les Echos

Crédit photo : Holden

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