Le futur et le passé de Logan

Rencontre intéressante en Belgique avec Luc Alexandre Ménard, Président du Conseil dAdministration de Dacia. Lors de ce déjeuner de presse, outre la présentation de la Logan MCV, cet ancien élève de lENA a rappelé lhistoire de laventure Logan avant de dévoiler le calendrier des arrivées dans la gamme. Et comme lhomme na guère la langue de bois, on se régale à ses côtés.

Logan, cest dabord lidée de Louis Schweitzer. Ensuite, un coup de pot : la vente de Dacia. Avec ses deux éléments essentiels, le projet pouvait voir le jour avec un site dans un pays cible et la volonté du dirigeant de lentreprise. Le cahier des charges Logan nétait pas évident pour des ingénieurs plus habitués à innover et inventer quà « désinventer » et jouer parfois au centime sur le coût de production des éléments de la voiture. Que disait ce cahier des charges ? Offrir une voiture offrant 5 places pour adultes, confortable, avec un design spécifique, répondre aux normes Euro 3 tout en étant prête à respecter celles dEuro 4 et à 5000 euros. Aux prémices du projet, cela semblait impossible à réaliser. À moins dune révolution. Et la révolution sest faite dans la mentalité où lingéniosité devait servir au coût avant la technologie.

On connaît maintenant le résultat avec Logan. Les choix stratégiques ont été les suivants :

– reprendre des éléments de chez Renault ;

– concevoir les moins cher possible avec, par exemple, des pièces symétriques diminuant les coûts de fabrication, concevoir une pare-brise et une lunette arrière avec une seule courbure ou bien zapper la phase des outils tests ;

– produire au plus proche des marchés pour lesquels la voiture est conçue ;

– pas de pub télé et des investissements marketing réduits.

Et la Roumanie, avec Dacia, a permis cette implantation dans les pays de lEurope de lEst. En 1999, Renault achète cette marque nationale. Lusine de 27.000 personnes est repensée. 14.000 personnes sont gardées pour une unité de production réorganisé et nayant quun seul robot. On peut donc dire quune Logan est fabriquée à la main, presque comme des voitures haut de gamme. Le marché cible, au départ, était des pays de lancien Pacte de Varsovie, du Proche et du Moyen Orient et dAmérique du Sud. Vu lengouement publique et médiatique, la décision a vite été prise de vendre aussi la Logan dans lensemble de lUnion européenne. Avec succès puisque le marché français se classe dans le Top 3 des ventes Logan. Dautant que de la vendre en France, cest un argument marketing à létranger. Bingo ! Puisque la voiture marche aussi très bien en Roumanie, en Russie, au Maroc, en Algérie, en Turquie, en Colombie, en Allemagne, en Espagne, en Ukraine etc. Mais moins en Belgique.

Le faible démarrage Logan en Belgique est dû à différents éléments dont un manque de motivation des concessionnaires mais aussi à une culture de la négociation du prix chez le Belge moyen. Or, pas de pourcentage sur une Logan. Car lidée de cette voiture low-cost est davoir un montant unique et une gamme daccessoires qui lenrichit en fonction des désirs ou du budget de lacheteur. Une gamme simple, des options ciblées et un prix défini par avance, quasi non négociable. Toutefois, le responsable marketing pour le produit Logan dans le Royaume précise que les ventes se portent mieux depuis quelques mois. Et avoue que limportateur a raté le coche lors du dernier salon de Bruxelles et na pas senti comment aborder cette nouvelle clientèle qui pousse les portes des showrooms Renault, pour acheter une Logan. Tout en expliquant aux concessionnaires quil ne sert à rien de perdre son temps à essayer de vendre une Clio Campus, mais de plutôt capitaliser le temps gagné par la simplicité de la gamme Logan en vendant ce modèle pour lequel lacheteur est expressément venu. rappelons quand même que si la Logan est si bon marché, cest que les coûts sont serrés. Y compris donc la marge du vendeur (environ 5 %). Toutefois, celui-ci a besoin de moins de temps pour vendre ce produit. Donc, si la marge est moindre, on perd toutefois moins de temps pour conclure le contrat de vente. Ce qui est finalement rentable.

La Logan, berline, se portant tellement bien, les têtes pensantes de Renault ont bien vite admis quil fallait élargir la gamme. Et cest la MCV qui ouvre le bal. Cette Logan nest ni un break, ni un ludospace. Cest quelque chose de nouveau. La plate-forme Clio utilisée par la Logan a été stretchée oups pardon allongée de 27 cm. Le train arrière a été modifié pour devenir de type Kangoo, le toit a été surélevé et on a ajouté une troisième rangée de sièges. Finalement, la partie qui a coûté le plus cher dans ce projet. Résultat : une vraie 7 places. Testée et approuvée par votre serviteur. Mieux que dans une Scenic. Cette troisième rangée, qui sera proposée en option, ne pesant que 17 kg, il est facile de la sortir du véhicule pour la ranger dans le garage. Sur le marché roumain où la Logan MCV est déjà vendue depuis octobre, la version 7 places avec rails de toit fait un vrai tabac. À tel point que les fournisseurs ont du mal à suivre le rythme. Avec donc un délai dattente pour les clients. Des clients qui semblent avoir bien compris le caractère polyvalent de cette voiture.

Lavenir cest très vite larrivée dune version fourgonnette. Pour diminuer les coûts, toujours, cette Logan gardera ses portes, mais avec de la tôle à la place des vitres. Pas douverture coulissante donc. Luc Alexandre Ménard espère bien séduire les artisans et les hommes de métier avec cette solution économiquement intéressante.

Arrivera après une Logan avec hayon, de la taille dune Mégane. Ce modèle sera dabord lancé au Brésil. Suivront ensuite un pick-up léger et un cross-over (SUV) pour 2009. Dun point de vue industriel, la production commencera au Brésil fin de cette année, en Inde en février 2007, en Iran en mars 2007 et puis en Afrique du Sud pour 2008. Actuellement, la Logan est déjà construite en Roumanie, en Russie, au Maroc et en Colombie.

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