Le film du samedi : Death Racers

Lotus se vante que ses voitures font de la figuration active dans The Host, RED 2 et It’s a lot, trois navets abyssaux. Ils « oublient » de citer Death Racers, où on voit largement une Elise jaune. S’ils préfèrent citer un Stéphanie Meyer à ça, c’est dire le niveau de Death Racers

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En 1975, Roger Corman fait tourner à la diable Death Race 2000 (La course à la mort de l’an 2000, en V.F.) C’est une adaptation de la nouvelle Le pilote. Il s’agit d’une course où les pilotes gagnent des points lorsqu’ils tuent des spectateurs. Corman y ajoute un contexte post-apocalyptique (6 ans avant Mad Max 2), une émission qui « couvre » la course, de l’érotisme-soft et de l’ultra-violence (des thématiques typiques de l’époque.) De quoi faire un malheur dans les drive-ins. Tant pis si, comme d’habitude chez Corman, le scénario est indigent et le budget, misérable.

Corman a souvent eu des coups de chance. Pour Death Race 2000, il a recruté des seconds couteaux peu regardants sur le salaire (plus David Carradine pour mettre un nom sur l’affiche.) Dans le lot, il y a un Sylvester Stallone alors quasi-SDF. Des années après, « Sly » devient une star et Corman de rééditer le film, en mettant son nom en gros (alors qu’il n’a qu’un second rôle.) Le gag, c’est qu’avec Kill Bill, Carradine revient en force, d’où une troisième jaquette avec les deux hommes dessus !

L’un dans l’autre, Death Race 2000 connait une petite célébrité. Hollywood n’ose pas investir à l’aveuglette. Un remake d’un film connu, c’est a priori une valeur sure. D’où un Death Race, en 2008, avec Jason Statham.

Arrive The Asylum, une société de production ayant encore moins de budget et de scrupules que Corman. Ils sont toujours sur la corde raide en terme de copyright. On leur doit Transmorphers, Alien vs hunter, Sunday School Musical ou 30 000 lieux sous les mers. En un temps record et avec trois queues de cerise, il mettent en boîte Death Racers. Ce clone sort (en DVD) quelques jours après le Death Race de 2008 (sur les écrans.)

Copier/coller

The Asylum n’a pas eu le temps d’attendre que Death Race sorte en salle pour le copier. Au moment du tournage, ils n’en avaient que le synopsis (une course de véhicule tunés dans une prison géante.) Ils y ont rajouté des morceaux de Los Angeles 2017. D’où une histoire pas très claire de super-méchant qui a pris le contrôle de la prison et menace de déverser du sarin dans l’unique réservoir d’eau potable des USA. Le tout avec les poncifs de la bisserie des années 70-80 (politicien véreux et comploteur, TV voyeuriste, etc.)

Budget limité oblige, il n’y a que quatre véhicules, dont trois semblent sortir d’une casse. Le « Homeland Security » roulent dans une Willy MB avec mitrailleuses qui apparaissent et disparaissent au gré des plans. Le « Severe Head Gang » ont une Lincoln Town Car flammée avec une tête décapitée de mannequin en figure de proue. Les Insane Clown Posse ont un camion postal maquillé en camion glacier (un hommage au jeu Twisted Metal ?) Quant aux femmes fatales « Vaginamite », elles ont la fameuse Lotus Elise. Cette dernière est la moins tunée du lot : il fallait visiblement la rendre en l’état au loueur, à la fin. C’est l’une des rares apparitions à l’écran d’une Lotus, à l’ère pré-Dany Bahar.

Y-a-t-il un acteur dans la salle ?

Le super méchant, c’est The Raven, un catcheur. Lui, il ne participe pas à la course. C’est son premier rôle au cinéma. Face à lui, les Insane Clown Posse, sous-rappeurs, qui jouent leur propre rôle. Ils ont accepté car ils envisagent de tourner un film et ils veulent  apprendre les ficèles du métier. Stephen Blackeheart joue le rôle d’un présentateur TV, qui commente la course. Blackeheart s’appellerait en fait « Brando » et il serait le fils caché de Marlon Brando. On a connu des acteurs dont le seul mérite est d’être « fils de ». The Asylum invente le concept de « fils illégitime de » !

Aucun des quatre hommes n’a prouvé quoi que ce soit devant une caméra. Ce n’est pas grave, car tous les autres personnages sont taillés à la serpe : les militaires sont bas du front, le latino ne pense qu’à draguer, les deux lesbiennes veulent tuer de l’homme viril… D’après la légende, les I.C.P. ont été recrutés au dernier moment. Les stars, ça devait être les deux vamps (voilà pourquoi elles ont la plus belle voiture du lot.) Lors du tournage, les rappeurs cabotinent et improvisent pas mal. Cela plait à la production, qui transforme le film en « véhicule » pour les deux rappeurs. Encore que par moment, ça semble être une pub pour l’Elise, toujours pimpante et bien filmée.

Deuxième degré ?

Le résultat est affligeant. En gros, les 4 voitures tournent en rond dans un entrepôt, avec les I.C.P. qui enchaînent les plaisanteries de cours de récré. Les acteurs savent tellement se battre et manipuler des armes que les méchants en sont à foncer sur eux pour attraper qui un poing, qui une flèche. Le tout sous un déluge de grenadine et de mannequins mutilés. La photo est affreuse : les moment censément filmés au caméscope sont plus « propres » et les deux filles (qui jouent des bimbo dominatrices) ont l’air beaucoup plus vieilles que dans la réalité ! Après 92 minutes de massacre (dont un plan de l’ordinateur du montage qui plante !) la production a dit « c’est dans la boite » !

The Asylum produit à la chaîne. D’ailleurs, le réalisateur, Roy Knyrim, est en fait maquilleur de son état ! Le but est de tromper son monde dans les vidéo-clubs. Ensuite, le titre est revendu à vil prix aux chaînes de la TNT. « Vous n’avez pas les moyens de prendre Death Race ? Pour la moitié du prix, on vous refile Death Racers ET Sunday School Musical ! » Quentin Tarantino a fait l’éloge des films ratés. Aujourd’hui, The Asylum tente donc de vendre ses films comme « si nuls qu’ils deviennent bons ». Il faut quand même une certaine dose de masochisme pour s’infliger Death Racers. A moins d’être un fan d’Elise…

Bande annonce :

Crédits photos : The Asylum (sauf photo 2, Corman.)

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