Le coût de développement des batteries facturé à Autolib’ ?

Le montage d’Autolib’ est un peu complexe. En effet, Autolib’ n’est pas une marque du groupe Bolloré, mais, le nom d’un syndicat francilien (Autolib’ Vélib’ Métropole exactement). Ce syndicat regroupe les communes disposant de stations Autolib’, mais aussi 3 Établissements Publics Territoriaux, le département des Hauts-de-Seine et Val de Marne, la Région Île-de-France et la Métropole du Grand Paris.

Le marché a été concédé au groupe Bolloré en échange de la fourniture des stations, des voitures, de l’entretien et du service de location. De son côté, le groupe Bolloré a réparti le marché entre ses différentes filiales. Et c’est là qu’intervient le fameux chiffre de 38 000 euros. On le trouve dans un document financier du groupe Bolloré (voir ici, fin de la page 34).

Ce chiffre, c’est le prix de vente de la batterie lithium métal polymère (LMP) développée par Blue Solutions et vendue à Blue Car. Cette dernière revendant à Blue Applications (qui se charge des applications concrètes et des solutions de mobilité électrique du groupe) les voitures.

Pour le client final, c’est théoriquement transparent puisque la batterie est uniquement disponible en location. Ce prix s’explique par l’amortissement de démarrage de la batterie LMP. En effet, solution unique développée par le groupe breton, la batterie ne s’est pas écoulée lors des premières années à des millions d’exemplaires, permettant de baisser rapidement le coût de revient. Depuis janvier, ce prix est d’ailleurs dégressif et indexé sur le volume produit.

Un coût refacturé ?

Sauf qu’il semblerait que dans le montant réclamé par le groupe Bolloré à Autolib’, le prix des batteries soit inclus. Cela pourrait expliquer un peu plus « facilement » le déficit de 293 millions d’euros d’ici 2023 estimé par le groupe Bolloré pour le service Autolib’.

Si cela s’avère, cela signifierait que Blue Solutions essaie de faire payer au syndicat d’économie mixte Autolib’ le développement des batteries. Les discussions entre la Mairie et le groupe Bolloré sont désormais plus que tendues et il y a de forts risques de voir tout cela se terminer devant la justice et avant 2023. En fonction des termes du contrat initial, cela pourrait pencher d’un côté ou de l’autre. En tout cas, la facture sera salée. Après le raté de Velib’, la transition d’Autolib’ va être compliquée.

La Mairie tente désormais d’attirer de nouveaux acteurs pour un autopartage repensé. Après des années à être salué par beaucoup de métropoles mondiales, le service Autolib’ connait un état des voitures moins soigné et surtout la Mairie ne fait pas grand-chose pour mettre en avant le service. Lors des dernières journées sans voiture, il était interdit de rouler en Autolib’ électrique, tandis que les taxis ou les VTC, même en thermique, avaient le droit de circuler. Une drôle de façon d’aider le service d’autopartage francilien.

Les batteries commencent à trouver preneur

Preuve que les batteries LMP de Blue Solutions ne rebutent pas tout le monde, Gaussin Manugistique vient de signer un contrat pour la fourniture de ces batteries pour son tracteur portuaire APM HE, destiné aux opérations portuaires. Les batteries LMP ont été choisies car elles travaillent d’autant mieux qu’il fait chaud (*). Le APM HE ainsi équipé est destiné en majorité aux pays du Golfe et d’Afrique, dans les ports gérés par le Groupe Bolloré (!).

Les batteries sont évidemment aussi utilisées au sein du Groupe Bolloré. En effet, on les retrouve dans les Blue Bus, bus électriques utilisés notamment en Ile-de-France, mais aussi dans des applications stationnaires de stockage de l’électricité.

(*) la technologie LMP produit sa pleine puissance « à chaud ». C’est pour cela que les batteries Bolloré s’auto-consomment pour maintenir une température de fonctionnement optimum sous nos latitudes aux températures « fraîches ».

Illustration : Autolib’

(18 commentaires)

  1. « Gaussin Manugistique vient de signer un contrat pour la fourniture de ces batteries pour son tracteur portuaire APM HE »

    En fait, le produit existe avec d’autres types de batteries, mais j’ai surtout l’impression qu’ils ont mis au point une version avec batteries LMP surtout pour les besoins de… Bolloré Ports !

    1. Oui le tracteur version électrique existe déjà mais ne fonctionne pas bien dans les pays d’Afrique ou du Golfe à cause de la chaleur (les lithium ion n’aiment pas trop de chaleur).
      Et effectivement, le groupe Bolloré est très présent dans les ports d’Afrique et du Golfe 🙂

  2. Tout n’est pas mauvais dans Autolib, les stations avec les bornes et les emplacements sont un réel avantage par rapport au « free-floating » que nous propose PSA et Renault.
    Par contre, il faudra renforcer progressivement la puissance des bornes vers les 50-100 kW.

    1. Selon une étude CSA datant de décembre 2015, le service d’autopartage aurait même permis de retirer plus de 36.000 véhicules de la circulation en Ile-de-France.
      … faut peut-être pas Jeter le bébé avec l’eau du bain !?

  3. Cher, voiture dans un état déplorable
    Et de toute façon (c’est la mairie qui le dit) dans paris on va plus vite à vélo !

  4. Saviez-vous que la durée théorique d’une BlueCar n’est que de 3 ans !!!
    Du fait de son usage intensif.
    Bolloré ne remplaçait plus le tiers de la flotte comme convenu, car ils ne fabriquent plus le modèle depuis octobre 2016.

    1. Une durée en années ?
      La BlueCar était annoncée à ses débuts pour 200 000 km. Puis un peu plus tard 400 000.
      Quand il y a une dégradation qui nécessite une réparation, la voiture est envoyée à l’atelier où elle est réparée avant d’être remise dans le circuit.

      L’arrêt de la production de voitures entières (la BlueCar vendue aux particuliers ayant été abandonnées) ne veut pas dire qu’il y a arrêt des pièces.
      Et heureusement, sinon cela signifierait que la moitié du parc de 4000 voitures ne fonctionnerait plus…

      Après on peut aussi y voir un moyen pour l’industriel, de se désengager (ou de se faire désengager) par la Municipalité parisienne (car c’est elle qui décide et les 100 autres suivent…) avant 2023.

      Le principal souci à mon avis d’Autolib’, cela a été l’extension à la banlieue.
      Cela oblige à multiplier les stations, les entretiens de stations, et les rotations de camions qui répartissent les voitures sur les stations.
      Cela a fait exploser les coût du service que la mairie précédente avait voulu « peu cher ».
      D’un service qui aurait du rester intra-muros ou presque, on est passé à un service francilien trop étendu pour être viable.

      1. En fait, ils n’ont pas totalement arrêté la production, mais de 1 150 nouvelles Bluecar chaque année pour remplacer un tiers du parc, ils ont passé brutalement à 56 ex en 2017 et 75 ex en 2018.
        Même si ce sont 200 ex en 2018 … On est loin des 1 150 nouvelles Bluecar de remplacement.
        D’après les infos de L’argus.

  5. Remplacer 1/3 chaque année suppose qu’après 3 ans la bagnole est morte.
    C’est hm…une hérésie. La voiture étant faite pour plus de 200 000 km (400 000 km annoncés après), il semble assez impensable que ce soit le km après 3 ans vu les chiffres d’utilisation.
    Donc il ne faut pas remplacer la voiture mais la réparer. Et pour cela, nul besoin de produire une voiture entière. Des pièces suffisent.
    Les batteries par exemple, ou le châssis, ou le moteur, n’ont pas à être remplacés.

    En 2016, le kilométrage moyen annuel d’une Autolib’ était de 12 500 km…avant d’atteindre les 200 voire 400 000 km…y a de la marge 😉
    Le principal souci est que les sanctions pour l’utilisation impropre de la voiture n’existent pas vraiment.
    Donc l’atelier de 3000 m2 qui inspecte plus de 50 véhicules par jour et tourne 20h/24h…tourne à plein régime.

    Personnellement, ne pas introduire des milliers de nouvelles voitures tous les ans ne me semble pas étonnant.
    On a atteint le régime de roulement classique AMHA.

  6. Je me répète, mais si on avait confié le marché à Car2go, les choses seraient différentes aujourd’hui.
    Mais non, Delanoë avait préféré un acteur qui lui permettait de prendre des parts dans la société, quitte à assumer une partie des pertes, plutôt que de tout laisser à une entreprise indépendante.

  7. Oui, mais on parie combien que Car2go serait arrivé au même résultat, avec en plus un meilleur bilan énergétique, les smart ED ne demandant pas d’être chargées en permanence? 🙂
    Si le bébé est moche, fait des cochonneries, coûte une fortune et se révèle être un mutant qui va tout faire péter, vaut mieux le jeter.

    1. Car2Go à Lyon, échec en 4 mois.
      1er souci, on peut la garer partout…quand il y a des places.
      2ème souci (de taille) en France, la densité de nos villes fait qu’elles ne sont pas si étendues que cela, même le grand Paris.
      A Lyon, très vite il est apparu que les voitures le soir, se retrouvaient toutes en banlieue. Soit il fallait plus de voiture pour en conserver dans le centre, soit et c’est ce qui a été fait, il fallait payer des employés pour aller chercher la voiture et la ramener…coût exorbitant.

      Le principe d’Autolib avec des stations « captives » permet de limiter cet effet de dispersion. Mais, il existe tout de même et c’est d’ailleurs ce qui plombe le service en partie.
      Tant qu’il était circonscrit à Paris IM et sa banlieue attenante, pas de souci. Mais avec 100 communes, il y a des stations très loin. Arriver sur une station pleine et ne pas en avoir d’autre à proximité…c’est le drame 🙂

      Bref, le car sharing est super sur le papier. Dans les faits…c’est toujours compliqué.
      D’autres exemples, à taille plus modeste, ont aussi montrer leurs failles. Système en « boucle » (il faut ramener sa voiture là où on l’a prise), stations mal positionnées, tarifs prohibitifs, etc.

      Et il faut voir qu’entre le lancement et maintenant, il y a deux offres concurrentes qui sont apparues. Les VTC qui captent une partie de ceux qui se rabattaient sur Autolib faute de taxi, et le car sharing entre particulier. Plus marginal mais qui compte.

      1. Pour les stations captives, c´est aussi le modèle car2go, simplement la municipalité de Lyon n´a pas souhaité mettre des espaces à Disposition de la Société comme Paris l´a fait Avec Autolib.
        Il faut comparer ce qui est comparable 😉

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