Pour une bonne cause
Le casque authentique de marque AGV que portait Niki Lauda lors de son terrible accident survenu sur le tracé Nürburgring le 1er août 1976 sera mis en vente lors d’enchères organisées au Grand Prix de Miami en fin de semaine. Ce casque, récupéré après l’accident et conservé, a été fortement endommagé, sa visière ayant commencé à fondre dans le brasier. La société Bonhams confirme que la famille Lauda a donné son accord pour effectuer la vente et qu’une partie des profits sera versée à l’UNICEF.
« Nous sommes ravis que l’héritage de notre père se perpétue pour apporter aide et assistance à ceux qui en ont le plus besoin », explique Lukas Lauda, l’un des cinq enfants du champion autrichien décédé en 2019. « Les défis auxquels l’Unicef doit faire face pour apporter une aide humanitaire aux enfants du monde entier sont énormes. Si nous pouvons apporter une petite contribution à ces opportunités pour d’autres, alors nous sommes ravis de le faire. »
La marque italienne AGV, fondée en 1947 par Gino Amisano et implantée près d’Alessandria, a d’abord produit des casques pour les pilotes de motos. Le sigle est lié de manière indélébile aux casques de Giacomo Agostini et de Valentino Rossi. Emerson Fittipaldi a été le premier pilote de F1 à porter un casque doublé en Nomex suivi par d’autres champions, comme Nelson Piquet et Niki Lauda qui avait aussi adopté un casque AGV X1. Mauro Forghieri, le directeur technique de la Scuderia Ferrari, avait avisé Lauda de porter un casque d’une marque mieux établie en F1, mais l’Autrichien s’en était tenu à son AGV.
Un circuit que Lauda détestait
Ce long et terrifiant tracé de plus de 22 kilomètres était dans le collimateur depuis de nombreuses années pour ses insuffisances évidentes en termes de sécurité. Niki Lauda lui-même était un farouche opposant de cette piste et avait tenté, en vain, de s’opposer à la tenue de la course. Un vote fut organisé parmi les pilotes du Championnat du monde, qui décidèrent finalement − à une voix près − de disputer l’épreuve. On peut établir un parallèle troublant avec les critiques qui avaient été longtemps formulées contre le mur en béton du virage de Tamburello à Imola, y compris par Senna…
Le matin du 1er août 1976, il a plu abondamment sur le massif de l’Eifel, mais la piste s’assèche rapidement, entraînant une ruée des pilotes aux stands pour monter des pneus slick dès la fin du 1er tour. Reparti lui aussi en pneus slicks, Niki Lauda cravache pour revenir sur les hommes de tête. Dans son deuxième tour, dans le gauche rapide précédant le virage de Bergwerk, à la suite du bris d’une biellette de suspension endommagée plus tôt au cours d’un choc, il perd le contrôle de sa voiture. À plus de 250 km/h, Lauda vient frapper le talus à l’extérieur de la piste avant de rebondir pour aller taper les glissières de sécurité et revenir en plein milieu de la trajectoire, où il est percuté par Brett Lunger et Guy Edwards lancés à pleine vitesse.
Au moment de l’impact, Lauda perd son casque sous la force du choc et se retrouve bloqué dans sa Ferrari au milieu des flammes, protégé uniquement par sa combinaison et sa cagoule, pendant près d’une minute. Sur ce tracé qui disparaitra du calendrier dès 1977 pour céder sa place à Hockenheim, les secours avaient mis 11 longues minutes pour arriver sur place. Lauda n’avait dû sa survie qu’au courage de plusieurs pilotes qui s’étaient arrêtés pour l’extirper des flammes, Brett Lunger, Guy Edwards, Harald Ertl et surtout Arturio Merzario, qui n’avait pas hésité à s’aventurer dans les flammes. Ironie de l’histoire, Merzario et Lauda se détestaient cordialement.
Un miraculé et des stigmates
Brûlé au visage mais souffrant surtout de poumons très détériorés après avoir inhalé des gaz chauds et toxiques, et après être tombé dans le coma, Lauda était même considéré comme perdu et avait même reçu l’extrême onction après une nuit de crise respiratoire grave, avant de surmonter cette épreuve pour s’en sortir et revenir à la compétition seulement 1 mois et demie plus tard, lors du Grand Prix d’Italie à Monza, le visage encore couvert de pansements. Lauda a subi de nombreuses cicatrices dues aux brûlures à la tête, perdant la majeure partie de son oreille droite ainsi que les cheveux du côté droit de sa tête, ses sourcils et ses paupières. Il a choisi de limiter la chirurgie reconstructive au remplacement des paupières et à la restauration de leur fonctionnalité.
Comment Lauda a-t-il perdu son casque lors de l’accident ? Le casque, bien que rayé et brûlé, n’a pas été endommagé structurellement. AGV ne fabriquait qu’une seule taille de coquille et l’ajustement était effectué avec un rembourrage à l’intérieur du casque. Ayant une petite tête, Lauda avait donc besoin de beaucoup de rembourrage pour être confortable. Toutefois, la mentonnière se trouvait assez près de l’avant du casque. Lorsque son casque a heurté l’appui-tête lors du violent choc contre les rails, le rembourrage s’est suffisamment comprimé pour que la courroie glisse de son menton, provoquant l’éjection du casque.
Bonhams prévoit que le casque sera vendu pour une somme estimée entre 50 000 et 60 000$. Les enchères tenues en ligne à Miami mettront aussi en vente des objets tels des affiches et des programmes souvenirs autographiés, des combinaisons de Sebastian Vettel, Rubens Barrichello, Nelson Piquet et Graham Hill, un plan du circuit de Monaco signé par Ayrton Senna, des pièces de voitures de F1, des chaussures et des gants de pilotes de F1 autographiés ainsi que des répliques de casques.
pour une bonne cause, mais un peu malsain quand même. A quand la vente de la colonne de direction de la Williams de Senna ?