Bugatti, Smart ForTwo, Zenn… L’air de rien, cela fera bientôt trois modèles Made in France vendus aux Etats-Unis!
Cela fait soixante ans que les constructeurs français tentent régulièrement de s’implanter outre-atlantique. Espérons que ces trois voitures auront plus de chances que leur prédécétrices…
Les premières voitures tricolores vendues aux Etats-Unis furent des Bugatti, Delahaye et autres Talbot. Il s’agissait en fait des modèles exposés dans des salons ou des concours d’élégance et vendus sur place. Réfugié en Amérique pendant la guerre, Emile Mathis, déjà brouillé avec Ford, envisagea de produire des voitures là-bas, sous le nom de Matham (Mathis Amérique), mais le projet fit long feu.
En 1945, les photos officielles de la « Juva » furent prises à New-York (bravo au passage aux retoucheurs de Renault qui présentent successivement tous les modèles de la gamme en partant d’une seule image!) Hélas, l’actionnaire étatique voulait tout miser sur la 4cv.
Dans les années 50, les matières premières manquent en Europe. Les gouvernements disent aux constructeurs: « Si vous voulez de l’acier, il faudra le mériter! » Il doivent donc exporter, afin de faire rentrer des devises. De l’Aronde à la DS 19, en passant par la 4cv et la 403, la plupart des modèles de la fin des années 50 tenteront leur chance, sans succès. Même Talbot essayera de vendre ses Lago America (des T26 à moteur V8 BMW.) Un millionnaire Américain voudra importer des Facel-Vega Excellence munie d’un badge Packard (la marque venait de disparaître), un projet mort-né.
En 1957, Renault réussit tout de même à vendre 28 000 Dauphine outre-atlantique. La firme de Boulogne-Billancourt y croit et expédie 40 000 Dauphine par bateau. Les « trois grands » prennent peur et organisent une grève des dockers. Les Renault restent à quai et ensuite, les vendeurs n’en voudront plus. Les Dauphine sont rapatriées au prix fort, pour les revendre en France et Renault, les finances émoussées, d’être obligé de faire l’un des premiers plans sociaux…
Dans les années 60, les Français se font petits. Caravelle, R8 et 404 sont vendues au compte-goutte. Alors que Renault essaye de vendre, sans plus de succès, des Rambler en France.
Au début des années 70, Citroën réussit une belle percée avec la DS et la SM. Mais là encore, le protectionisme frappe l’entreprise: certains états imposent une hauteur de caisse fixe et les Citroën, avec leurs suspensions hydro-pneumatique ne peuvent être homologuées… La crise du pétrole et la quasi-faillite de Citroën sabordera définitivement les ambitions du quai de Javel.
Quelques années plus tard, Renault décide de racheter 25% d’AMC, le dernier constructeur américain indépendant. Dans les années 80, quasiment toute la gamme fut produite par AMC: 5 (Le Car), 9 (Alliance), 11 (Encore), 21 (Medaillon) et 25 (Premier, en carrosserie trois volumes.) Auxquels s’ajoutent quelques 17, 18, ainsi que des Fuego, vendues avec parcimonie. Renault suggère également à AMC de fabriquer un 4×4 à vocation urbaine, ce sera le Cherokee, distribué par Renault dans l’hexagone.
Copiant Renault, Peugeot décide à son tour de s’installer aux Etats-Unis. Les diesels sont briévements à la mode et la firme de Sochaux aura du succès avec ses 504, 604 et surtout 505. Puis la roue tourne: AMC perd trop d’argent et comme Renault est au bord du gouffre, l’état Français accepte de mettre la main au portefeuille s’il revend AMC à Chrysler. Les Espace et Alpine V6 normes US resteront des prototypes. Peugeot tente de vendre la 405, mais elle est trop chère et surtout, suite à un défaut, elle rouille. Renault parti en 1988 (la Premier restera un peu au catalogue et sera même vendue sous le nom de Dodge Monaco), Peugeot n’a plus à rester et le projet d’y vendre la XM tombera à l’eau.
A noter qu’il exista également un projet de vendre la Venturi aux Etats-Unis, en 1987.
Ensuite, en 1999, Renault songera briévement à vendre l’Avantime sous le badge Nissan aux Etats-Unis et finalement, il fermera son bureau de veille à Detroit en 2005.