C’est comme les membres éloignés de la famille : on ne se souvient d’eux que quand ils disparaissent, et on se rappelle leur nombreuses qualités. L’Alfa 166 s’en va sur la pointe des pneus, dans la mélodie feutrée de son 5 cylindres JTD de 185 ch, son dernier bloc disponible. Lancée en 1998, habilement restylée en 2003, la grande Milanaise ne s’écoulait plus qu’à quelques milliers d’unités annuelles, après une carrière somme toute honorable. Edifiée sur la même plateforme que la Lancia Kappa, l’Alfa a su jouer de sa plastique plus avantageuse, et puiser allègrement dans la fabuleuse lignée des V6 de la marque, eux aussi disparus. 2.0 turbo, 2.5, 3.0, 3.2, elle aura reçu ce moteur dans toutes ses cylindrées. Elle a aussi existé avec un très vaillant 2.0 4 cylindres atmosphérique Twin Spark, et bien sûr, avec l’excellent 2.4 JTD 5 cylindres, offrant de 136 à 185 ch.
La 166 a montré à sa sortie un niveau de qualité inédit sur une Alfa, pas si éloigné que ça des standards allemands, établis par BMW, Mercedes ou Audi. Et contrairement à ses rivales françaises Vel Satis ou 607, elle a été épargnée par les soucis de fiabilité.
Délibérément tournée vers le plaisir du seul conducteur, la 166 manquait un peu d’habitabilité et de confort, et elle a fini par vieillir dynamiquement. Pourtant, elle constituait une des rares alternatives valables à l’hégémonie germanique en haut de gamme, de par son excellent agrément de conduite. On a attendu une remplaçante, cousine technique de la Lancia Thesis (qui a connu un succès bien moindre), qui n’est jamais venue. Alors, c’en est fini d’Alfa Romeo dans le segment de la grande berline? Pas tout à fait : une descendante, typée coupé comme la Mercedes CLS, serait prévue pour 2009. Qui sait, peut-être inaugurera-t-elle un retour à la propulsion.