L’action Nissan a perdu 30 % depuis l’arrestation de Ghosn

Un an après l’arrestation de Carlos Ghosn, la presse japonaise fait les comptes. Dans un article publié en fin de semaine, le journal Nikkei constate tout d’abord que 12 mois après le début de l’incarcération du désormais ex-dirigeant de Nissan, le constructeur poursuit sa quête d’un nouveau cap, tout en luttant avec son partenaire Renault en vue d’accroître son pouvoir au sein de l’Alliance.

Il observe parallèlement un net mécontentement des investisseurs face à l’incapacité de Nissan à reprendre rapidement les choses en mains. Un sentiment qui se traduit par une véritable dégringolade de la valeur des titres de Renault et Nissan.

Dégringolade des cours et de la valeur boursière de Renault et Nissan

Les actions de Nissan et de Renault ont ainsi chuté de près d’un tiers depuis le 19 novembre 2018, date de l’arrestation de Ghosn à l’aéroport de Haneda, à Tokyo, pour inconduite financière.

Désormais, la capitalisation boursière de Nissan s’élève à 2 900 milliards de yens (26,7 milliards de dollars), certes 2,5 fois plus que lors du début du partenariat avec Renault, en mars 1999, mais moins de la moitié de la valeur maximale atteinte en 2006.

L’affaire Ghosn a « définitivement terni » l’image de Nissan

L’arrestation de M. Ghosn et les troubles qui en ont résulté « ont définitivement terni l’image des consommateurs » du constructeur japonais, a par ailleurs déclaré au journal nippon l’un des dirigeants d’une concession Nissan au Japon. Le résultat parle de lui-même  : la société reste embourbée à la cinquième place de son marché national.

Prévisions de bénéfices  de Nissan revus à la baisse

Nissan a revu à la baisse ses prévisions de bénéfice net pour l’ensemble de l’année 2019 la semaine dernière, prévoyant une chute de 66% à 110 milliards de yens en raison de la faiblesse des volumes de ventes réalisés aux États-Unis, marché crucial pour le constructeur.

Selon les prévisions, la marge bénéficiaire d’exploitation pour l’exercice 2019 serait de 1,4%, soit un niveau comparable à celui de l’exercice 1999, date de l’arrivée de Carlos Ghosn dont la mission première était alors d’aider le constructeur frappé par une crise majeure.

Un système de gouvernance improductif

Renault est de plus en plus frustré par le système de « leadership collectif » mis en place au printemps dernier par les deux sociétés et par le troisième membre de l’alliance, Mitsubishi Motors. Le moins que l’on puisse dire est que la  structure  adoptée ne produit pas de résultats significatifs.

Renault et Nissan s’accordent au moins sur un point : la dangereuse baisse des revenus du constructeur japonais doit être traité avant toute autre chose.

Un rééquilibrage capitalistique difficile à atteindre

Or, Nissan doit renforcer le cours de son action pour espérer convaincre Renault de réduire sa participation (de 43% à l’heure actuelle) et rééquilibrer une relation capitalistique que le constructeur japonais considère comme injuste. Renault a déboursé 400 yens par action Nissan en 1999 et en 2002, mais le constructeur français aurait réévalué sa participation depuis lors, et la société pourrait subir une perte si elle vend au prix actuel de l’action de Nissan, lequel avoisine 690 yens.

Renault dépend fortement des résultats de Nissan

Dans le même temps, Renault dépend fortement des résultats de Nissan. Ils constituaient ainsi la majeure partie de son résultat net consolidé en 2017. Un élément clé du dossier que la presse française n’a relevé que très discrètement …

La contribution de Nissan dans Renault a quant à elle été réduite de moitié environ en 2018 et une nouvelle baisse est attendue cette année.

Nissan prend des mesures pour améliorer sa rentabilité, notamment en réduisant sa capacité de production annuelle de 600 000 véhicules pour la fixer à 6,6 millions d’unités.

Nissan pénalisé par son manque d’investissements dans les nouvelles technologies

Les prochaines étapes auxquelles est confronté le constructeur japonais comportent un risque évident avertit le Nikkei.

Le journal nippon estime en effet que si Nissan était autrefois un pionnier dans le domaine des énergies alternatives grâce la Leaf électrique, il a désormais cédé le pas à d’autres. Le Nikkei reproche au constructeur japonais d‘avoir beaucoup moins investi que ses concurrents dans les technologies de prochaine génération, notamment l’électrification et la conduite autonome.

Nissan a certes dépensé 520 milliards de yens en recherche et développement au cours de l’exercice 2018, soit une augmentation d’environ 300 milliards de yens par rapport à près de deux décennies plus tôt. Mais Toyota a augmenté son investissement dans la recherche et le développement de 560 milliards de yens au cours de la même période, pour atteindre un peu plus d’un milliard de yens, investissant parallèlement dans Subaru et Suzuki Motor. Honda a quant à lui plus que doublé son montant, lequel s’élève à 820 milliards de yens.

Des atouts inexploités ?

Certains analystes estiment que si l’alliance franco-japonaise est certes une bonne combinaison, au cours de la dernière année les deux constructeurs n’ont pas cherché à discuter en vue d’utiliser les atouts de chacun pour se distinguer. « Un gâchis », selon eux.

L’avis de Leblogauto.com

Le 1 er décembre prochain, Nissan disposera enfin d’une gouvernance stable …. soit plus d’un an après le début de l’affaire Ghosn et son arrestation. Une période durant laquelle le contexte économique et financier des constructeurs s’est largement dégradé. Occupés à gérer leurs tensions internes, Renault et Nissan en auraient presque oublié de s’attaquer à leurs véritables adversaires … et d’engager des investissements leur permettant de faire face dans un secteur en plein bouleversement …

Si certes, Makoto Uchida, prend la relève en tant que PDG, Nissan semble toujours manquer de personnalités capables d’assurer le rôle de « transformateur » joué par Ghosn il y a 20 ans.

Sources : Nikkei

Illustration : WSJ 

(26 commentaires)

  1. En étant cynique je dirais que c’est le moment d’acheter. Après tout en achetant les 7% qu’il lui manque et en faisant sauter l’accord RAMA Renault serait après libre de faire ce qu’il souhaite chez Nissan, bon par contre dans ce cas Carlos ne sortirait plus de l’archipel.

    C’est quand même hallucinant de voir la passivité des dirigeants de Renault et des membres du gouvernement Français suite à cette affaire alors qu’ils sont loin d’être bêtes et comme pas mal d’observateurs ils ont compris le but de la manœuvre des Japonnais.

    1. oui en effet

      mais il faut noter aussi que Carlos n’est pas vierge non plus: lui et sa famille y ont laissé trainer les doigts dans le pot de confiture….

      1. D’un autre côté, Ghosn n’aurait pas voulu fusionner Renault et Nissan, Nissan n’aurait jamais dévoilé tout ça et aurait laissé continuer Ghosn … en en profitant aussi largement !

      2. Bien sur qu’il n’est pas vierge, d’ailleurs l’état Français n’a quasiment jamais voté pour sa rémunération lors des AG de Renault alors que ça passait crème chez Nissan.

        Nissan avec les autorités Japonaises l’ont quand même fait à l’envers à Renault ainsi que le gouvernement Français, perso j’aurais tendance à faire pareil, l’action Nissan étant plutôt basse autant en profiter, si Renault dispose de + de 50% des actions de Nissan les Japonnais n’auront plus trop le choix, là c’est quand même hallucinant tu as la société « fille » qui exige que son actionnaire principal se désengage???

  2. J’ai presque envie de dire : bien fait!
    Après tout c’est Nissan qui a mit la merde. Il a voulu faire cavalier seul en mettant Renault dans l’embarras et au final ça se retourne comme lui.
    Mais tout ça cache une gouvernance incapable de transformer l’entreprise.

  3. Oui wizz. Mais personne n’est parfait et tous autant qu’on est on aurait voulu s’en mettre de côté.
    En attendant Ghosn faisant tourner la boutique.
    Maintenant à faire leur gue-guerre interne voilà le résultat. Les chiffres de vente sont catastrophiques et forcément l’action baisse

    1. les chiffres de vente de Renault sont loin d’être catastrophique. Sinon, on ne donnerait pas cher de la peau de Fiat, de Alfa….

      si les actions d’une entreprise baissent, c’est juste l’intérêt que portent les actionnaires-traders: y aura t il à manger rapidement?

      https://www.boursorama.com/cours/1gFCA/
      par exemple, en l’espace de 48h, les ventes de FCA n’ont pas évolué. FCA a juste annoncé une discussion avec PSA pour une fusion. Et comme FCA a préparé le plan de route, il annonçait un versement exceptionnel de 5.5 milliards à ses actionnaires. Dans la foulée, le cours de FCA a grimpé en flèche

      .

      et inversement, on pourrait imaginer un grand constructeur, une grande entreprise florissante. Elle annonce vouloir mettre bouchée double dans ses investissements pour acquérir et préparer la technologie de demain, et de devenir leader. Et pour cela, l’entreprise ne distribuera pas de dividende pendant 10 ans, et mettre tout cet argent dans la R&D. Combien de traders voudraient acheter ces actions et d’attendre 10 ans avant de percevoir des dividendes….si jamais ça aboutit. Personne, et donc le cours va chuter…

        1. ce évite de parler du sujet de fond.

          « Un élément clé du dossier que la presse française n’a relevé que très discrètement … »

    2. Faux, il trichait et on en voit les conséquences directes.
      Mauvaise gestion des deux groupes en laissant chacun sur ses territoires et sans jamais essayer de répartir, associer les deux groupes.
      Clarlos Goshn a perdu la tête en sauvant Nissan et hélas, ensuite il s’est pris pour le Napoléon de l’automobile et comme lui il finira en prison!!!

    3. L’avarice est un vilain défaut, surtout avec ce niveau de revenus, cela montre la bassesse du personnage.rajoutez le vol par dessus ça. Si il est excusé alors on peut sortir tout les petits escrocs de prison.

  4. Ghosn va pouvoir fêter ça à Versailles…ou derrière les barreaux ?? On lui amènera des clémentines corses ? Qu en pense les courageux ouvriers de renault qui voient leur entreprise dépérir de jour en jour ?
    Ghosn le fossoyeur, on connaît déjà sa reconversion.

    1. Sans Ghosn je ne suis pas sûr que renault ait encore beaucoup d’ ouvriers courageux aujourd’hui… sauf au pôle emploi.

      1. En tout cas, ce n’était pas un visionnaire dans l’automobile. Dommage pour ces pauvres ouvriers qui subiront sa folie des grandeurs. L’entreprise fait partie des entreprises-zombie et sera très vulnérable à une éventuelle remontée des taux.

      2. Cela me fait rire d’entendre que Ghosn n’est pas un visionnaire. Ce qu’un Ghonophobes » croit être un « non visionnaire » a quand même réussi à mettre Renault-Nissan numéro 1 mondial en 2017, à sauver Nissan de la banqueroute (ce qui leur repend au nez maintenant, visiblement), à faire de Renault un excellent constructeur (alors que beaucoup de « Ghonophobes » juraient que Carlos voulait couler Renault pour faciliter la tâche de Dacia) […]
        Tout est à relativiser, donc

      3. Il n’y a pas d’homme irremplaçable et surtout c’est un homme que son succès du sauvetage de Nissan a grisé. Il n’acceptait pas qu’on le contredise, il décidait tout et pas toujours avec succès et surtout il se trouvait toujours pas assez payé!! Jusqu’à sa perte.
        Le napoléon de l’automobile finira comme le premier en prison par prétention, c’est triste. Mais cela montre une nouvelle fois que le succès, peu importe la profession, est très difficile à gérer….. bien plus qu’une entreprise.

        1. il a eu aussi le pb du gars qui ne sait pas former la relève. Normal quand tu te crois au dessus de tous & eternel. Hey Carlos t’es pas au dessus de Dieu.

      4. cette habitude a croire à l’homme providentiel au lieu de dire qu’il existe des « équipes »… Le culte de la personnalité !
        Merci a Schweitzer pour le rachat de Dacia, merci a Pelata d’avoir tenu un peu la boutique pour pas qu’elle se delite plutot. Merci a Merco d’avoir laisser Nissan à Renault.

  5. « Mais Toyota a augmenté son investissement dans la recherche et le développement de 560 milliards de yens au cours de la même période, pour atteindre un peu plus d’un milliard de yens »
    Heu donc on augmente de 560 milliards, ce qui fait un milliard au total?
    Il y a une logique mathematique qui m’ echappe?

  6. @wizz: « les chiffres de vente de Renault sont loin d’être catastrophique »: ben non je parle de Nissan, qui plus est annonce -66% de résultat a venir. le sujet est sur Nissan pas sur Renault ni FCA d’ailleurs.

    1. jdg

      http://carsalesbase.com/
      les chiffres de vente de Nissan sont loin d’être catastrophiques. Il y a baisse, mais pas dégringolade

      En revanche, ce qui a plongé, ce sont les bénéfices. Et comme Nissan maintient son programme d’investissement, alors forcement, il y aura moins pour les actionnaires, d’où la chute du cours

      Je sais bien que tu parlais des ventes de Nissan. Mais Renault et FCA étaient là en tant que 2 exemples de légères baisses des ventes, du chiffre d’affaire, mais avec 2 conséquences opposées. L’un verse des dividendes confortables à ses actionnaires au détriment de ses investissements, et pas l’autre. Et donc le cours de Renault plonge, et pas celui de FCA.

  7. une entreprise en difficulté qui gèle ses investissements, il y en a partout tous les jours

    une entreprise faisant des bénéfices qui investit pour assurer son avenir, il y en a partout des exemples

    une entreprise faisant des bénéfices mais qui gèle les investissements, ne renouvelle pas ses produits avant de les supprimer, dans le secteur de l’automobile, je ne connais qu’un seul : FCA

    sans être obsédé par FCA, lorsqu’on doit citer des exemples et des contre exemples, on n’a pas trop le choix: le nom de FCA revient immanquablement, parce qu’il n’y a pas d’autre. Aucun constructeur ne gère ses affaires comme FCA

  8. « Hey Carlos t’es pas au dessus de Dieu. »
    Un problème d’égo communs aux deux Carlos de l’automobile. Normal quand on sait qu’un des Carlos était un des seconds de l’autre !

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