Avant guerre, posséder une automobile était un luxe uniquement réservé aux plus aisés. Partant de ce constat, les frères Michelin qui rachetèrent la marque Citroën en 1935, demandèrent à son PDG, Pierre-Jules Boulanger de réaliser une étude sur une voiture bon marché destinée aux agriculteurs et aux personnes à petits revenus. C’est ainsi que fut lancé le projet TPV (Toute Petite Voiture). Le cahier des charges était simple: 2cv fiscaux, quatre places assises, traction avant, consommation inférieure à 4 l / 100 km, 60 km/h en vitesse de pointe (ce qui était faible même pour l’époque), 50 kg de bagages et entretien facile et peu onéreux.
En 1939, un curieux prototype en tôle ondulée avec un seul phare fut construit. Il était équipé d’un bi-cylindre de 375 cm3 refroidi par eau. Mais la guerre stoppa net toutes les études. En 1941, malgré l’occupation allemande, on se remit au travail en cachette et ce n’est que plusieurs années plus tard que la 2cv Type A fut présentée au salon de Paris 1948.
Son « design » est heureusement assez éloigné du prototype de 1939 mais n’en demeure pas moins assez austère. Ce choix de commercialiser une automobile au physique ingrat fut décidé par Pierre-Jules Boulanger lui-même. Il souhaitait que la 2cv soit un véhicule utilitaire « du pauvre » absolument pas désirable pour ne pas concurrencer les modèles plus huppés de la marque.
L’Histoire lui donna tort puisque la 2cv fut un succès auprès de toutes les classes sociales. En 1949, celle que la presse surnomme « le vilain petit canard » est enfin commercialisée. Son bi-cylindre refroidit pas air de 375 cm3 développe une puissance de 9 ch. Malgré les moqueries, les concessionnaires Citroën sont pris d’assaut. La 2cv n’est disponible qu’en une seule couleur (gris) et dispose d’un équipement minimaliste et pourtant tout le monde la veut.
Pour montrer à quel point la recherche du moindre coût a été poussée à l’extrême, l’histoire de la couleur des phares est assez révélatrice. Ceux-ci étaient livrés peints en noir par le fournisseur et comme il n’était pas question de passer une couche de peinture supplémentaire, ils étaient montés tels quels sur les premiers modèles.
Les premières années, les délais d’attentes sont de 3 à 5 ans. C’est ainsi qu’à cette époque les 2cv d’occasion coûtaient plus cher que les 2cv neuves. Malheureusement, en 1950, alors que son « bébé » démarre tout juste une carrière longue de 40 ans, Pierre-Jules Boulanger se tue sur le route entre Paris et Clermont-Ferrand sans avoir pu assister à son succès.
A suivre