Il y a quelques années, d’aucuns prévoyaient un destin « à la Oldsmobile » pour Buick. La faute à une image déplorable de voitures qui n’ont ni le chic de Cadillac, ni l’aspect populaire des Chevrolet et des Pontiac.
D’ailleurs, à un moment, General Motors y a sérieusement songé.
Or, avec 486 000 voitures produites l’an dernier, Buick a atteint un niveau inédit depuis 27 ans.
La recette de ce miracle est phonétique. Au milieu des années 90, GM veut s’offrir une tête de pont en Chine. Sous quel marque vendre les véhicules? Parmi l’imposant portefeuille du groupe, il s’avère que « Buick » est le nom le plus facile à proncer pour les Chinois. Alors ce sera Buick!
Les Buick chinoises sont produites à Shanghai, en collaboration avec SAIC, depuis 1998.
Le premier véhicule fut une Buick Century quasiment identique au modèle Américain contemporain.
Mais depuis, les deux gammes n’ont plus grand chose à voir. Voici par exemple la Buick Lacrosse US:
Et sa cousine chinoise (dessinée par Pininfarina):
Le Buick GL8/Firstland rappelle l’Opel Sintra, lequel était encore vendu il y a peu, maquillé en SUV, aux Etats-Unis sous le nom de Buick Terraza.
Sans doute pour mieux se fondre dans le paysage chinois, Buick s’est doté, comme ses concurrents d’un site à l’érgonomie douteuse. Côté modèles, comme ils savent que les Chinois adorent les produits occidentaux ou plus exactement de ce qui à l’air occidental.
Pour eux, GM a créé la Royaum (sic), qui n’est autre qu’une Holden Statesman. C’est une propulsion munie au choix d’un V6 2,8l 250ch ou d’un 3,6l 258ch.
Pour respecter la tradition des traductions approximatives (n’est-ce pas Tanghua), le site internet nous précise que « Royaum », vient du français qui signifie « commandement » et « qualité aristocratique ».
A l’autre bout de la gamme, il y avait autrefois la Buick Sail (une Corsa 4 portes ou break.) Désormais, il y a l’Excelle/HRV, soeur jumelle des Chevrolet Lacetti et Holden Viva.
On est loin des Roadmasters et autres Riviera, mais la stratégie de GM paye: le constructeur est l’un des leaders du marché Chinois. D’ailleurs, sur les 484 000 Buick vendues l’an dernier, seules 110 000 ont trouvé preneur aux Etats-Unis, où la marque survit avec des SUV plus ou moins patauds.
Mais que voulez-vous, les Buick sont de vraies madeleines pour moi. En 1985, j’allais pour la première fois aux Etats-Unis, avec mon père et ma soeur. A Disneyland, il y avait un concours pour gagner une Buick Regal bleue et j’ai participé, malgré mes 6 ans! La semaine suivante, nous étions à Las Vegas, où mon père en avait loué une (bordeaux) si asthmatique qu’il fallait choisir entre gravir une pente ET mettre la clim’. De retour à Fontenay sous Bois (94), une lettre m’annonce que je n’ai pas gagné le concours, mais que je peux aller chez le plus proche concessionnaire Buick où le vendeur m’accueillera volontiers. Tout fier, j’annonçais à tous le CE1 que ma première voiture serait une Buick Regal bleue! Plus tard, il y eu la Roadmaster 1949 crème de Rain Man et j’achetais peu après ce qui y ressemblait le plus: une Roadmaster 1950 verte de Solido.
En 1993, je fais la Route 66 avec mon père. On choisit une Buick Regal coupé bleu (c’était ça ou une Chevrolet Lumina.) A mi-parcours, il me passe le volant, pour que j’apprenne et que « en cas de problème », je sois capable de le conduire à l’hopital (précisons que parfois, on faisait 100km sans croiser une maison.) Voilà comment, à 14 ans, j’ai conduit la première fois et comment, hasard ou coïncidence, j’ai réalisé ce qui ne semblait qu’une vantardise 8 ans plus tôt! Alors, vous comprennez pourquoi je suis ému lorsque j’entends le mot « Buick ».
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