HysetCo ouvre donc ce qui est selon elle la plus importante station hydrogène d’Europe. Cette station, elle va d’abord servir en interne. En effet, HysetCo a été cofondé par les taxis Step (Société du Taxi Electrique Parisien alias Hype), taxis hydrogène. 15 millions d’euros d’investissement (en partie financé par l’Etat qui soutient la filière H2) pour implanter cette station à la Porte de Saint-Cloud, côté XVIe arrondissement de Paris.
A destination des taxis à hydrogène de HYPE, mais pas que…
La station n’est pas qu’une réserve d’hydrogène puisqu’elle dispose de son propre électrolyseur. Cet électrolyseur, comme son nom l’indique, réalise la séparation de l’eau (H2O) en dioxygène (O2) et dihydrogène (H2). Elle est en théorie capable de produire jusqu’à 1 tonne de H2 par jour.
6 pompes sont disponibles, ce qui devrait être largement suffisant vu la rapidité d’un plein de H2 et la flotte limitée de véhicules utilisant ce gaz comme carburant. Ce sont en quasi-totalité des véhicules à pile à combustible H2 qui l’utiliseront. Selon HysetCo, cette station doit pouvoir réaliser 400 pleins par jour. Autant dire, une goutte d’eau par rapport à ce qu’une station carburant classique délivre quotidiennement.
HysetCo a été créée par Air Liquide, Toyota, la société d’investissement Kouros, l’ETI spécialisée dans les services d’efficacité énergétique Idex et la compagnie de taxis Step. La start up attise les convoitises. et a réussi une levée de fonds de 80 millions d’euros début 2021. Le H2 a le vent en poupe et un géant comme TotalEnergies a carrément pris des parts dans l’entreprise (TotalEnergies possède 20% de HysetCo NDLA).
L’hydrogène poussé en avant et financé par l’Etat
La France, sous l’impulsion de l’ancien Ministre Djebarri passé chez Hopium, acteur de la filière H2, va investir plus de 7 milliards d’euros dans l’hydrogène d’ici 2030. Cela devrait permettre l’installation de plus de 10 stations à hydrogène rapidement sur l’Ile de France, mais aussi dans les territoires. Au Mans, une station a été installée il y a plusieurs mois déjà, pour alimenter les bus à hydrogène.
L’hydrogène est poussé par plusieurs acteurs automobiles. Le dernier à entrer dans la danse pour les véhicules particuliers est Renault. En effet, si les Master et autres utilitaires existent déjà avec un fonctionnement à l’hydrogène (via HYVIA, coentreprise Renault-Plug Power), les véhicules particuliers étaient jusqu’alors ignorés. C’est désormais réparé avec le concept Renault Scenic Vision qui inaugure la future motorisation hybride électrique+H2, la H2-Tech. Une pile de 16 kW alimente une batterie qui alimente le moteur électrique.
Le H2 pour les particuliers : un avenir flou et incertain
Cependant, pas de miracle, ces véhicules restent très cher pour ceux qui existent comme la Toyota Mirai. Et un plein de H2 est très onéreux. Il faut compter encore plus de 10 € le kg de H2. Et 1 kg de H2 (33 kWh bruts) permet en gros de parcourir 80 à 100 km (hors autoroute). Le H2 demande de lourds et volumineux réservoirs pour une quantité limitée de gaz comprimé.
En revanche, l’hydrogène a pour lui de pouvoir être produit sur place, à partir d’électricité nucléaire décarbonée, ou d’énergie renouvelable. Et aussi de pouvoir faire le plein en 5 minutes. Pour le reste, il pourrait être utilisé directement dans l’industrie sans passer par les rendements médiocres des PàC par exemple.
Les véhicules particuliers à hydrogène (donc électriques) ne devraient pas devenir « bon marché » avant 2030 au mieux. Quant au prix du H2, aura-t-il baissé alors qu’il demande de l’électricité qui sera très demandé pour pallier la baisse des énergies fossiles ? Rien n’est moins sûr.
A date, HysetCo a trois stations opérationnelles en Ile de France et deux – dont celle de la Porte Saint Cloud – bientôt en service. En France, il existe pour le moment environ 30 stations H2, dont seulement 10 fonctionnent sous 700 bars de pression. La majorité fournit du H2 sous 350 bars, ce qui ne permet qu’un demi-plein.
Je ne pense pas que c’est le moment de tirer des plans sur la comète sur le H2 automobile… le H2 se développera forcément pour le transport lourd, pour le stockage des EnR, et pour l’industrie.
On parle de volume qui pourrait monter d’une façon exponentielle sur les 20 prochaines années… Même avec zéro voiture PàC H2 dans le monde.
Cela deviendra juste un peu embryonnaire vers 2025 avec une accélération pas avant 2030 quand l’ensemble des infrastructures de distribution du H2 existeront déjà pour tous les autres domaines !
D’ici là, les progrès sur les PàC et le prix du H2 auront fait des pas-de-géant,… Mais en 2022, pour la voiture, c’est limite de la SF, enfin presque.
D’ici là la physique sera toujours la même et les rendements de 20% aussi…
Oui OK, après il y a aussi l’aspect géopolitique du remplacement des énergies fossiles Russes à « n’importe quel prix » pourvu que cela soit rapide en conséquent !
Malheureusement, trop tard pour que le nucléaire puisse répondre à temps.
Les événements sont tels que ça aurait été aussi aberrant de dire à Hitler en pleine Seconde Guerre mondiale que le procédé Fischer-Tropsch avait un rendement médiocre.
Dans l’immédiat, tout est bon, de moment que cela nous réduit nos dépendances.
L’aspect géopolitique du remplacement des énergies fossiles Russes à « n’importe quel prix » pourvu que cela soit rapide en conséquent !
Oui, c’est possible : en remplaçant une 308 HDI par une Toyota Mirai
SGL
Pas forcement
Une infrastructure H2 pour usages industriels peut ne pas être utilisable, pas compatible pour un usage automobile de monsieur tout le monde.
L’hydrogène est utilisé en chimie, comme pour produire de l’ammoniac dont l’essentiel sert à produire de l’engrais azoté. Tant qu’à faire, autant avoir cette usine proche de l’électrolyseur. Et pour les électrolyseurs, tant qu’à faire, autant être proche d’une très grosse source d’électricité, comme une centrale nucléaire. Et donc grosso modo, cette usine d’ammoniac serait très proche d’une centrale nucléaire dont l’infrastructure H2 se résumerait à un tuyau entre l’usine électrolyse et l’usine ammoniac (et quelques cuves tampon à faible pression)
Idem pour une sidérurgie dont on a remplacé le coke par du H2.
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/4/4d/Nuclear_power_plants_map_France-fr_2.svg/1200px-Nuclear_power_plants_map_France-fr_2.svg.png
Voici la liste des centrales nucléaires française.
On voit que le Pays Basque est alimenté par la centrale Blayais ou Golfech. Perpignan par Golfech ou Tricastin. L’électricité se transporte sans problème sur 200-300km
On voit que dans une zone de 250-300km au Nord, il y a 5 centrales : Chooz (3000MW) , Graveline (5400) , Penly (2600) , Paluel (5200), Flamanville (2600)
https://asset.lemde.fr/prd-blogs/2020/06/Conso-en-perspective.png
On peut voir qu’il y a environ 20TWh de différence entre janvier et les beaux mois : c’est la production en continue de 27GW. Grosso modo, dans la région Nord, de mai à septembre, Graveline et Paluel pourrait être arrêtés….ou continuer à produire pour alimenter autre chose, comme des électrolyseurs, juste à côté de la centrale.
Puis hiver ou été, il y a une différence entre la journée et la nuit, sur les 4 ou 6 réacteurs, une partie de cette puissance peut ne pas être injectée dans le réseau mais alimentera les électrolyseurs juste à côté
Et puis en cas de pic de vent, alors au lieu de réduire la puissance des réacteurs pour réguler le réseau, il suffit de ne pas injecter leur puissance dans le réseau, et alimenter les électrolyseurs juste à côté, qui à leur tour ne sont pas très loin d’une giga usine consommatrice de H2
Bref, une infrastructure H2 pour les industriels, ça peut être très simple, et pas utilisable pour l’usage automobile
D’ailleurs le H2 est surtout intéressant pour l’industrie. Cela évite la compression qui perd de l’énergie et l’éventuel transport si on ne produit pas sur place (pour des questions d’économies d’échelles), etc. C’est ce H2 qui est intéressant à produire avec les surplus, pas celui utopique et médiocre pour la bagnole électrique à pile à combustible.
Vive les subventions, les serrages de pognes devant les journalistes, le crédit impôt recherche, l’auto-congratulation des politiques devant le volontarisme qu’ils démontrent à lutter contre la pollution et le réchauffement climatique.