La grève des employés du constructeur automobile General Motors aux Etats-Unis a déjà provoqué la fermeture d’une usine au Canada et quatre autres fermeront aussi leurs portes dans les prochains jours, a annoncé lundi le syndicat des travailleurs canadiens de l’automobile (TCA).
Près de 73.000 employés américains de General Motors ont entamé lundi un mouvement de grève faute de pouvoir finaliser un renouvellement du contrat salarial d’entreprise après plusieurs semaines de négociations.
« En ce qui concerne l’impact du conflit de travail au Canada, nos usines d’assemblage le subissent presque immédiatement », a déclaré lors d’un point de presse le président des TCA, Buzz Hargrove. L’usine de Windsor, près de Detroit, à la frontière canado-américaine, a déjà cessé ses activités lundi matin et des fermetures sont prévues d’ici quelques jours dans quatre autres usines de GM au Canada, a-t-il ajouté.
Des employés syndiqués américains ont commencé à installer des piquets de grève dans plusieurs usines de GM. Il s’agit du premier conflit de cet ordre chez le constructeur américain depuis 1998, mouvement qui avait coûté la “bagatelle” de 2 milliards de dollars à GM après 53 jours de blocage.
Les deux parties discutaient depuis des semaines pour renouveler le contrat salarial d’entreprise noué en 2003 et arrivé à expiration le 14 septembre. Au coeur des âpres discussions figurent la question de la protection sociale des 460.000 retraités du groupe et de leurs conjoints. Ce volet, qui représente des engagements de 50 milliards de dollars pour GM, a éclipsé les autres points du contrat (salaires, bonus…) car la direction voudrait imposer un changement culturel historique au syndicat : l’arrêt de la prise en charge de ces frais par le constructeur au profit de la création d’un fonds commun de placement (« VEBA ») financé en actions GM.
Ce mode de financement est loin d’être « apprécié » par le syndicat UAW, qui a en mémoire la faillite retentissante du courtier en énergie Enron en 2001, dont le fonds de gestion des retraites des salariés avait été réduit à néant.
Le patron de l’UAW Ron Gettelfinger, a quant à lui tenu la direction de GM pour responsable de l’échec des négociations, lui reprochant d’exiger trop de concessions salariales pour aligner la compétitivité de GM sur les constructeurs asiatiques … lesquels détiennent désormais 50% du marché automobile américain.
Un accord entre GM et le syndicat de l’automobile doit servir de base de travail pour les négociations à venir entre Ford, Chrysler et l’UAW. Au total, les trois compagnies ont perdu 25 milliards de dollars depuis 2005
A noter par ailleurs que si General Motors emploie 19.000 personnes dans six usines au Canada, selon son site internet, la grève des employés américains pourrait entraîner la mise au chômage technique de quelque 80.000 autres personnes au Canada qui travaillent dans des usines fournissant GM en pièces détachées.
A la Bourse de New York, l’action GM évoluait dans le vert malgré le déclenchement de la grève (+0,89% à 35,25 dollars vers 15H45 GMT), le marché pariant sur une résolution rapide de la crise, estimant que GM est en trop mauvaise posture face à ses rivaux japonais pour se permettre une grève dure …
Source : AFP