« La faute, c’est pas les camions ! »: les routiers excédés par le manque d’anticipation

Mardi après-midi, des centaines de camions bloqués depuis la veille au soir ont progressivement redémarré dans une désorganisation totale. De chaque côté du col, deux gendarmes tentaient de faire la circulation, sans talkie-walkie, alors que les poids lourds se mettaient en branle dans les deux sens, en direction de Saint-Etienne et du Puy-en-Velay, ont constaté des journalistes de l’AFP. « C’est une honte, franchement c’est une honte. On a vu absolument personne. La tempête de neige était prévue, tout le monde le savait mais rien n’a été prévu en conséquence. Fallait réagir avant ! », tonne l’un d’eux, Mickaël, qui avait quitté lundi le Jura pour Le Puy-en-Velay. « On nous explique que c’est la faute des routiers, parce qu’on n’a pas respecté l’arrêté préfectoral. Ca fait 24 heures qu’on n’a pas bougé ! Y en a marre ! », continue-t-il.

Au Pertuis, les chauffeurs sortis de leurs cabines le long de la route et sur le parking de la salle polyvalente de la petite commune de 440 âmes râlent auprès des agents de la direction interdépartementale des routes, en tenue orange. « Qu’est-ce que vous faites ? Vous pouvez pas plutôt venir déneiger le parking? On attend nous ! », lance un routier au conducteur du chasse-neige. Beaucoup critiquent aussi la responsabilité de la préfecture de ne pas « avoir assez anticipé la tempête de neige ». « Lundi soir à la préfecture, ils devaient avoir les deux pieds dans les pantoufles sur le canapé. Les routiers, on n’en a rien à faire. C’est une honte. Je n’ai pas vu un chasse-neige pendant quatorze heures ». « Le préfet ferait mieux d’anticiper, de prévoir à manger plutôt que d’annoncer 80 radars supplémentaires », ajoute un autre.

Automobilistes indisciplinés

Mardi, le préfet de la Loire Evence Richard a reconnu la nécessité « d’améliorer l’information des automobilistes », ajoutant que face à cet « événement exceptionnel, il était parfois difficile de faire entendre raison à certains utilisateurs de la route, notamment des chauffeurs de poids lourds ». « Ce qui est mis en évidence par cet épisode, c’est que vous avez beau diffuser des messages d’interdiction quels que soient les moyens employés que ce soit avec des signaux lumineux, à la radio, sur SMS, vous avez malheureusement toujours un certain nombre d’utilisateurs de la route qui pensent qu’ils vont pouvoir arriver à bon port quels que soient les conseils de prudence que l’on peut formuler », regrette le préfet.

« Moi je n’ai rien mangé depuis dimanche soir », fulmine Jérôme Bigot, joint par téléphone. Parti de Saint-Flour en direction de Lyon, il a été bloqué pendant 24 heures à Firminy (Loire). « Pas de covoiturage, pas de salle polyvalente, rien ! Un collègue a été chez un particulier qui lui a donné deux saucissons », raconte-t-il. « Là, on en a marre, on est encore bloqués vers Fix-Saint-Geneys. On va forcer les barrages avec des collègues, il y a plus de neige ». Même amertume du côté de la RN 88 où le déneigement a pris du temps. « Hier, on est arrivé à 16H00 et la police nous a fait sortir une première fois (…) puis ils nous ont bloqués. Tout le monde est arrivé en même temps, ça a été le bordel complet ! », déplore ce chauffeur excédé.

Par AFP

(12 commentaires)

  1. …avec la brutalité changeante du climat, ces histoires vont se répéter: Oui, les pneus vont devenir obligatoires l’an prochain, mais quand il tombe 60 cm de neige, c’est différent ! C’est l’auto chenille qui peut encore bouger.
    Quand je roulais beaucoup en hiver , j’avais dans le quattro sangles, outils pour pouvoir se sauver, démonter les glissières de bord de route. treuil tire fort à main , la panoplie qui, de toutes façons ne peut rien quand le climat se déchaîne. Le camion a déroulé près de 100 m de cable quand je me suis posé dans une congère pour me sauver. Des congères : on en a vu jusque dans le Calvados. Donc on ne peut pas toujours accabler les pouvoirs publics . Aide toi, le ciel t’aidera ! parfois, il t’ensevelit…

  2. C´est l´article le plus bizarre qu´il m´ait été donné de voir sur ce blog, Avec en plus un titre qui fait Tabloid:

    1. C’est facile de répercuter « je n’ai rien mangé depuis dimanche … » .. mais les sites météo existent et le camionneur a souvent une glaciere electrique ou un mini frigo … à moins qu’il soit parti les mains vides, du style sans regarder rien à l’avance, bref il le fait à l’habitude et là c’est différent …

      Et ce sont les mêmes qui vont raler qu’ils payent trop d’impots, et que la préfecture n’organise pas bien salle polyvalente et ravitaillement local

    2. Nous testons la publication sur notre site de dépêches AFP (comme indiqué en bas du sujet : Par AFP)…

  3. C’est hélas typiquement français; chacun se rejette la responsabilité mais au final, c’est toujours l’état qui est cause de tout ! Bof, rien de nouveau dans les comportements, finalement. Allez, ralez bien et beaucoup. !

  4. Moi qui loue beaucoup de voitures, je suis sidéré de voir que nos voisins alpin ( Italie/Suisse) ont l obligation de fournir des véhicules équipés de pneu neige mais rien n est fait en France. L exemple parfait est l aéroport de Genève entre le côté international et le côté français.
    Même sans habiter à la montagne, je préfère investir dans une paire de jantes hiver pour ma sécurité et celle de mes proches sachant que les pneu dureront facilement plusieurs saisons

    1. ça va changer ça, j’ai vu un article passer il y a quelques mois disant que ça allait être obligatoire dans les zones montagneuses.

  5. C’est marrant mais le titre me fait penser à un autre discours que j’entends souvent : « si on avance pas c’est de la faute des bus qui s’arrêtent en pleine voie pour desservir un arrêt ».
    Les mêmes qui n’ont pas compris que si ils étaient dans le bus de derrière, celui-ci ne serait pas bloqué par eux et pourrait avancer plus vite et prendre plus de passagers donc moins de voiture, donc moins d’encombrement, donc plus de bus, donc plus de passagers, donc moins de voitures, etc.

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