Lorsqu’à la fin des années 70, la Chine a cherché à développer son industrie automobile en s’appuyant sur l’étranger, c’était de manière très encadrée. Parmi les mesures encore d’actualité il y a l’interdiction de posséder plus de 50% d’une marque Chinoise (ce qui vaut aussi pour les équipementiers), l’interdiction de posséder plus de deux joint-ventures et la surtaxe de 25% sur les véhicules importés. Est considéré comme « importé » tout véhicule vendu dont moins de 60% de la valeur provient de pièces réalisées en Chine. En dessous de 60%, une voiture importée ne sera surtaxée « que » de 10%. Cela a obligé les constructeurs et les équipementiers a s’installer sur place pour pouvoir vendre en Chine et a monter des joint-ventures. Ajoutez-y un yuan accroché artificiellement au dollar et vous obtenez un cas typique du protectionnisme.
Or, depuis 2001, la Chine fait parti de l’OMC et elle est censée libéraliser ses règles commerciales. Elle a tout de même aboli les quotas et baissé la surtaxe sur les voitures importées. Les questions de la contrefaçon et des normes de sécurité (ou plutôt de leur absence) sont sur la table, mais l’OMC a préféré débuter par la question des pièces détachées; un thème plus consensuel. Après environ 6 mois de jugement, le verdict officiel est tombé (un verdict officieux est tombé dés février) et la Chine doit modifier sa législation. Le terme employé est « discrimination », ce qui est plus soft que « protectionnisme ».
La ministère Chinois du commerce dit que ce jugement est injuste. Elle devrait faire appel; un moyen de gagner du temps. Les milieux nationalistes (toujours prompt à s’enflammer) pointent du doigt l’Inde, qui est également très protectionniste.
Si la Chine se mettait en conformité, les importations ne seraient plus surtaxées. Sauf que la plupart des constructeurs et des équipementiers ont déjà investi la Chine. Lorsque vous avez construit une usine, ce n’est pas pour la fermer 6 mois plus tard. L’impact serait davantage à moyen, voir long terme. De plus, produire des phares ou des airbags en Europe pour les monter sur des véhicules en Chine n’a aucun sens sur un terme logistique. Rappelons enfin que la Chine est l’un des pays ayant la main d’uvre la moins chère et que le yuan reste accroché au dollar (donc le plongeon actuel du billet vert ne l’embête pas.) Le seul qui pourrait en profiter, c’est le Vietnam, où la main d’uvre est encore moins chère.
Les plus chagrins diront que de toute façon, c’est trop tard. Grâce aux joint-ventures, les équipementiers Chinois ont appris à faire des phares à LED, des sièges isofix ou des boitiers d’ESP. Donc ils disposent de tout le savoir-faire pour concurrencer les grands noms…
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