Début avril, le président chinois, Xi Jinping, avait annoncé une baisse « considérable » des taxes à l’importation des voitures en Chine en 2018, sans toutefois donner de chiffres ni fournir de calendrier. C’est désormais chose faite !
Dans moins de deux mois, la Chine, premier marché automobile mondial, va réduire dans ses droits de douane sur les véhicules. Montrant ainsi un important signe de détente dans les tensions commerciales qui ont opposé Pékin et Washington ces derniers mois.
Abaissement des droits de douane
Mardi, Pékin a ainsi annoncé une ouverture accrue de son marché automobile. Le ministère des Finances indiquant que les droits de douane sur les automobiles allaient baisser de 25 % à 15 % à compter du 1er juillet 2018.
A noter que cette décision intervient trois jours à peine après un armistice obtenu in extremis … avant le déclenchement d’une guerre commerciale entre les deux puissants pays.
Cette décision est prise « afin de poursuivre les réformes et l’ouverture, de promouvoir la réforme de l’offre ainsi que la transformation et la modernisation du secteur et de répondre à la demande des consommateurs », a expliqué le ministère dans un communiqué.
Autre élément notable : les droits de douane seront également réduits pour l’importation de pièces détachées. Compris auparavant entre 8 et 25 %, ils seront désormais de 6 %.
Rappelons qu’à l’heure actuelle, les voitures importées en Chine font l’objet d’une taxe prohibitive de 25 %. Un taux volontairement très élevé pour inciter les constructeurs étrangers à produire en Chine et qui constitue un important sujet de discorde entre Pékin et Washington. Donald Trump cite volontiers cet exemple pour pointer du doigt la politique commerciale « protectionniste » du régime chinois.
Mais en quelques semaines, la Chine montre un sérieux assouplissement en prenant des mesures bénéficiant aux constructeurs étrangers. Mi-avril, le gouvernement avait annoncé la levée d’ici cinq ans des restrictions les empêchant de contrôler leur filiale locale.
Des mesures favorisant les modèles haut de gamme
Si ces mesures peuvent certes potentiellement profiter à tous les constructeurs mondiaux, elles devraient surtout favoriser les groupes allemands.
Si la plupart des constructeurs étrangers assemblent leurs modèles sur place, ce n’est pas le cas pour les les modèles haut-de-gamme, pour la plupart importés. Un secteur où les constructeurs allemands sont dominants. Lexus pourrait également y retirer avantage en tant que seule marque japonaise premium ne fabriquant pas en Chine ou n’ayant pas annoncé son intention de le faire.
Rappelons que la Chine est le plus grand marché automobile mondial, avec 28,9 millions de véhicules vendus en 2017, si l’on en croit la fédération professionnelle chinoise CAAM. Les marques étrangères disposaient d’environ 55 % du marché au premier trimestre 2018.
Les Allemands ravis
« Nous saluons cette annonce, c’est une bonne idée », a ainsi déclaré un responsable gouvernemental allemand, estimant par ailleurs l’évolution « positive » pour l’industrie automobile de l’Allemagne. Il est vrai que selon la fédération du secteur, le pays importe en Chine près de 500.000 voitures par an.
Selon le quotidien économique Handelsblatt, citant une analyse du cabinet Evercore Isi, la baisse des droits de douane pourrait rapporter jusqu’à 4,5 milliards d’euros de bénéfices supplémentaires aux constructeurs allemands.
BMW dont les importations sur le marché chinois représentent un tiers de ses modèles vendus « salue » pour sa part un « signe fort que la Chine poursuit son chemin de l’ouverture ».
Précisons que BMW et Mercedes-Benz sont les deux plus gros importateurs automobiles en Chine (avec respectivement 207.000 et 178.000 véhicules importés en 2017), devant Toyota ( avec 144.000 véhi cules). Les nouvelles mesures ne peuvent donc que les satisfaire !
Notons que l’annonce de Pékin intervient à la veille de la venue de la chancelière allemande, Angela Merkel, en Chine, jeudi.
Tesla ne cache pas sa joie !
Même si ces mesures constituent depuis des lustres le cheval de bataille de Donald Trump, cette baisse de taxe ne devrait pas profiter en priorité aux constructeurs américains. Selon l’agence Bloomberg, sur les 51 milliards de dollars que représentent les véhicules importés l’an dernier, environ 13,5 milliards provenaient d’Amérique du Nord, parmi lesquels certains modèles issus d’usines de constructeurs non américains comme BMW.
Reste tout de même, que le patron de Tesla, Elon Musk, a de quoi se réjouir : les 15.000 unités du constructeur vendues annuellement en Chine sont des modèles importés.
Une situation qui pourrait changer prochainement. Tesla étudie en effet l’implantation d’une usine autour de Shanghai, cité gigantesque où il vient de créer une filiale au capital de 100 millions de yuans (13 millions d’euros) et dont il est l’unique actionnaire.
Sources : AFP, Handelsblatt, Les Echos, Bloomberg
Crédit Illustration : BMW China