Dans ce monde où la tromperie semble de plus en plus être de mise … Kobe Steel, le troisième sidérurgiste nippon, vient de concéder qu’il avait pu falsifier les données sur ses composants de poudre de fer. Confirmant ainsi les révélations publiées mercredi par le quotidien japonais Yomiuri. Des matériaux utilisés par les constructeurs automobiles, l’aviation, mais également par le secteur spatial et la défense.
Un périmètre de falsifications de plus en plus étendu
Dimanche dernier, Kobe Steel avait d’ores et déjà admis la falsification des données de contrôles qualité, afin que ses produits d’aluminium et de cuivre soient en mesure de répondre aux cahiers des charges de ses clients.
Des révélations avaient alors indiqué que des cadres et employés de quatre sites de production du groupe auraient notamment trafiqué les données concernant les capacités de résistance et de flexibilité.
Selon Kobe Steel, le problème aurait été découvert lors d’une « inspection interne et d’audits d’urgence sur la qualité » … sans expliquer ce qui avait bien pu mettre la puce à l’oreille des inspecteurs pour nécessiter de telles mesures, et qui plus est des mesures d’urgence.
Le groupe sidérurgique a par ailleurs précisé que les falsifications auraient été pratiquées pendant près d’un an, entre septembre 2016 et août 2017. Il a néanmoins décidé d’élargir son enquête aux dix dernières années.
L’affaire concerne 19 300 tonnes de produits laminés plats et de produits extrudés en aluminium, 19 400 pièces d’aluminium coulées et forgées et 2 200 tonnes de produits en cuivre, ce qui correspond à 4 % de la production annuelle du groupe.
L’industrie automobile grandement concernée
Selon le Nikkei et les déclarations de certaines entreprises, Toyota, Mazda, Subaru, Central Japan Railway, Mitsubishi Heavy Industries et Boeing figurent au premier rang des sociétés impactées par les malversations de leur fournisseur.
Histoire de rassurer consommateurs et actionnaires … certains groupes ont pris les devants, redoutant très certainement que la crise n’affecte leur propre cours de bourse. Ils ont ainsi affirmé qu’ils allaient effectuer des tests sur leurs produits afin de vérifier que toutes les normes de sécurité sont optimales.
Des conséquences financières non négligeables
Le résultat ne s’est pas fait attendre : le cours du titre du groupe japonais – connu à l’international sous le nom de Kobelco – a plongé mercredi 11 octobre à la Bourse de Tokyo. L’action a terminé en baisse de 17,79% à 878 yens mercredi soir … soit pour nous, en fin de matinée. Il avait d’ores et déjà chuté de 22 % la veille. Lundi 9 octobre étant férié au Japon, il s’agissait des premières cotations après les révélations parues dimanche 8 octobre.
Le quotidien financier japonais Nikkei écrit pour sa part que Kobe Steel envisage de vendre ses actifs immobiliers. Objectif : consolider des finances d’ores et déjà fragiles …. et désormais plus que fragilisées par le scandale qui vient d’émerger. Reste que le porte-parole Kobe Steel s’est refusé à commenter les informations du journal.
Précisons que les ventes du groupe ont reculé de 7 %, à 1 696 milliards de yens (13 milliards d’euros) pour l’exercice clos fin mars. La perte s’est établie à 23 milliards de yens sur la même période.
Si l’ampleur de l’impact financier de ces falsifications demeure encore flou, certains analystes préviennent d’ores et déjà que les conséquences économiques du scandale seront intimement liées aux demandes de remplacement ou de rappel des produits qui pourraient voir le jour. Précisons que Kobe emploie 37 000 personnes dans des activités allant de la machinerie au nucléaire.
Le scandale pourrait plus largement ternir l’image du secteur manufacturier japonais, qui jusqu’à présent arrive à se différencier de la concurrence chinoise et sud coréenne en tablant sur la qualité de ses produits.
Une enquête interne demandée par le gouvernement japonais
Mardi 10 octobre, le gouvernement japonais a quant à lui réclamé à Kobe Steel que soit menée une enquête approfondie. Le ministère japonais de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie a également demandé au sidérurgiste de vérifier si ces manipulations avaient des conséquences sur la sécurité de ces composants. C’est en effet ce qu’a déclaré à la presse Yasuji Komiyama, directeur du département des industries de métaux. Mercredi, un porte-parole de Kobe Steel a confirmé l’ouverture d’une enquête interne.
Le ministre de l’industrie, Hiroshige Seko, a également déploré l’« attitude inappropriée » de Kobe Steel, qui a « faussé les règles des pratiques commerciales honnêtes ».
Le Nikkei affirme également que d’après Kobelco Research Institute, une filiale du sidérurgiste chargée de tester des produits pour le groupe ainsi que d’autres entreprises, des matériaux employés dans la fabrication des semi-conducteurs ont été adressés à des clients sans vérification. Des porte-paroles de la société-mère et de la filiale ont confirmé que cette dernière faisait l’objet d’une enquête.
Sources : Reuters, Presse japonaise
Crédit Illustration : Kobe Steel