A fond la nostalgie
Synthwave en musique électro, reboot, remakes et suites de franchises mythiques au cinéma…les années 80 et même 70 hantent nos mémoires, idéalisées comme des périodes de liberté et d’audaces créatrices, avec un brin de folie et parfois même de provocation que nos temps modernes ne proposeraient plus, sacrifiés sur l’autel du politiquement correct et du rationalisme financier.
L’automobile n’échappe pas à cette tendance culturelle de fond, en témoigne le phénomène youngtimer. Une autre tendance pas mal plébiscitée ces derniers temps est celle du Restomod, variante du « custom » américain qui consisite à moderniser un véhicule classique tout en préservant le charme de ses lignes classiques, ce qui peut aller jusqu’à changer complètement sa motorisation en y implantant, en lieu et place des moteurs thermiques, des blocs électrifiés, ce qui anticipe inconsciemment peut-être les restrictions toujours plus sévères qui planent sur les possibilités de circulation des voitures anciennes. Les constructeurs y ont vu un bon filon de communication pour promouvoir leur stratégie électrique, en rappelant des vieilles gloires afin de les revisiter sous l’angle de la modernité électrifiée, à l’image des récents concepts Peugeot E-Legend, R5 electric ou encore Opel Manta GSe.
Les artisans se lâchent
Mais à côté des coups marketing des grands constructeurs, qui resteront peut-être purement et simplement au stade du concept, des artisans vont plus loin dans le « revival » et sautent le pas de la petite production, montrant pour certains un attachement scrupuleux au passé et un refus absolu de l’anachronisme en maintenant souvent le choix de motorisations thermiques et même de boîtes manuelles. C’est en Italie et en Angleterre que l’on trouve les spots les plus actifs.
Du côté britannique, on penche beaucoup en ce moment pour les fifties et les sixties avec la réusrrection des anglaises Vanwall et BRM qui vont produire des répliques de monoplaces des années 50 ou encore le projet de GTO Engeneeering qui planche sur une 250 GTO moderne. Du côté italien, ça penche pas mal vers les seventies et les eighties. On connaît bien le projet New Stratos développé depuis de longues années par les turinois de MAT Automobili et qui, après plusieurs années de vicissitudes, devrait bientôt se concrétiser. Ares Design, qui a beaucoup fait parler de lui en déboutant Ferrari en justice sur la propriété du design de la 250 GTO, développe la Panther ProgettoUno qui rend hommage à la De Tomaso Pantera. Lapo Elkann, le frère de John, possède sa propre société Garage Italia Customs qui planche sur un Spider Alfa Romeo électrique.
Première reine des Groupe B
Le dernier de la série, c’est Kimera Automobili. A la base, cette entreprise basée à Cuneo, dans le Piémont, travaille dans la restauration de voitures de série et de course historiques, avec une spécialisation dans les Lancia des années 70/80, proposant notamment de reproduire des pièces détachées grâce à ses bonnes relations avec les constructeurs. Mais cette fois-ci, Kimera va plus loin et vient de teaser un modèle complet développé par ses soins, qui sera produit en série très limitée, baptisé EVO37.
Pas besoin de chercher bien loin, il s’agit de revisiter la fameuse Lancia Rally 037 qui fut développée par Lancia pour répondre à la catégorie Groupe B en 1982. Contrairement à l’Audi Quattro qui introduisait la révolution de la transmission intégrale, Lancia misa sur un modèle propulsion qui compensait son déficit de traction par un aérodynamisme très étudié ainsi qu’une plus grande légèreté et agilité, ce qui fut concluant puisque la Rally 037 décrocha le titre mondial des constructeurs 1983. Par la suite, elle fut peu à peu dépassée en performance pure par les 4RM, ce qui incita Lancia à la remplacer par la Delta S4. Néanmoins, entre 1982 et 1986, elle remporta de nombreux titres dont deux championnats d’Europe et 6 championnats d’Italie.
Cette Kimera EVO37 est pour l’instant une « chimère » mais elle deviendra réalité complètement le 22 mai. Une première vidéo laisse déjà deviner sa ligne, qui sera bien entendu fidèle à l’originale avec ses 4 phares ronds à l’avant, son pavillon très bas, ses passages de roues musclés et l’énorme spoiler arrière intégré à la carrosserie. Le blason de Kimera ornera la calandre et les moyens de jantes. On voit aussi que le carbone sera abondamment utilisé pour la calandre, les prises d’air, les rétroviseurs ou encore le diffuseur arrière, alors que l’éclairage des optiques annonce les éléments de modernisation.
Kimera explique sur son site qu’il s’agira d’un véhicule qui « combine le style, la saveur et le charme d’une légendaire « fusée » de course des années 80 avec toutes les caractéristiques d’une étonnate voiture moderne en termes d’avant-garde technique, de performance et de plaisir de conduite« . Rien n’indique encore si cette EVO37 sera électrique ou thermique, mais le prix, lui, devrait laisser cette supercar au stade de chimère pour la plupart d’entre nous !
Magnifique !