On peaufine, on peaufine
Commençons par la technique. Certes, F1 2020 n’est pas le plus beau jeu vidéo actuel d’un point de vue graphique, mais l’ensemble demeure très satisfaisant, bien fini et surtout permet de le faire tourner sur des PC sans avoir besoin d’un ordinateur de la NASA. Les voitures sont néanmoins très bien finies, très bien modélisées. Le rendu de la pluie et des jeux de lumière est de très bonne facture. Les graphismes sont propres et on apprécie les détails comme les couvertures chauffantes ou l’instrumentation sur les volants.
Le contenu comporte évidemment la saison 2020, avec tous les circuits (y compris les nouveaux venus à Zandvoort et au Vietnam) ainsi que la F2, par laquelle on peut entamer sa carrière d’ailleurs. Les voitures « retro » sont toujours de la partie, mais les modèles des années 70-début années 80 sont partis. La plus ancienne rétro disponible est désormais la MP4/4 de 1988. S’y ajoutent cette année 4 modèles qui rendent hommage à Michael Schumacher, avec la Jordan de 1991, les Benetton de 1994-1995 et la Ferrari F1-2000. Petit bémol cependant, ces voitures rétros ne sont pas assez bien exploitées dans le jeu. Les monoplaces des années 2000-2010 sont bien reproduites, y compris dans le ressenti du pilotage, mais les plus anciennes manquent de « mordant ». Seul le bruit du V12 Ferrari est bien reproduit.
En course simple comme en championnat, on retrouve évidemment toutes les règles de la F1 (dotation pneu, qualifs, parc fermé, drapeaux, safety-car, pénalités, etc.) et, comme les années précédentes, il faudra rouler, rouler et encore rouler, notamment lors des essais libres, pour valider les différents programmes de notre ingénieur (gestion des pneus, du carburant, de l’ERS, etc.) afin d’accumuler des points de recherche (qui s’obtiennent également par vos performances) qui vous serviront à développer la voiture, selon un arbre de R&D désormais bien connu, complet et intuitif. L’immersion est toujours présente, comme sur le précédent opus, avec les cinématiques d’avant course commentées par Julien Fébreau, les interviews, les podiums, la gestion de votre contrat, des possibilités de transferts, etc. On peut toujours personnaliser son pilote en lui choisissant un visage, un casque et même une célébration de podium spécifique ! Le scenario de F1 2019, qui vous plongeait dans une rivalité exacerbée avec deux autres pilotes fictifs (Lucas Weber et Devon Butler) a été retirée, n’ayant pas vraiment convaincu.
Bon compromis accessibilité / simulation
Le pilotage ne change guère par rapport aux éditions précédentes. Il mélange parfaitement une approche « grand public » et des aspects de simulation, sans être trop dur ou trop exigeant comme le sont d’autres simulations pointues (Assetto Corsa, iRacing) où un volant est souvent indispensable. Le calibrage du pilotage est bien pensé, en étant un peu plus réaliste que sur F1 2019, en ce sens qu’il est moins permissif sur les virages coupés ou les réaccélérations sur les vibreurs. A condition de désactiver l’antipatinage en mode maximal, vous devrez doser en sortie de courbe ou d’épingle vos relances sous peine de partir en toupie ou de bousiller vos pneus. Le freinage est aussi plus réaliste, surtout en utilisant un volant avec retour de force. La gestion de l’ERS a également été simplifiée ( on passe de 5 modes à 3, comme dans la réalité) mais fait totalement partie du pilotage et de la gestion de course.
La principale amélioration technique vient du son des moteurs, beaucoup plus travaillé et avec des différences sonores bien marquées désormais entre les différents propulseurs, mention spéciale au bloc Ferrari. Les différences de comportement des monoplaces et de puissance des moteurs sont bien rendues d’ailleurs.
Le multijoueur n’a pas été testé (mais il est de notoriété publique que, à moins de participer à des ligues sérieusement gérées, vous tombez souvent sur de l’auto-tamponneuse) mais on notera, pour le plaisir du jeu à plusieurs, le retour de l’écran partagé, qui permet donc de jouer simultanément à deux.
Joue-là comme Brabham
La grande nouveauté vient du mode « My team », qui vous propose d’être un patron-pilote, dans la veine de Jack Brabham ou Bruce McLaren. Tout en occupant le poste de 1er pilote, vous aller créer et gérer votre propre structure. Dans un premier temps, il vous faudra choisir un sponsor-titre (pour des raisons sans doute de droits, ils sont fictifs – dommage car dans Race Grid et Dirt 4, on avait de vrais sponsors), chacun proposant des contrats et des primes d’objectifs différents. Cet argent vous permet dans un premier temps de choisir un motoriste puis un 2e pilote qui est, obligatoirement lors de la 1ère année, un pilote de F2. Vous personnalisez ensuite votre écurie en lui donnant une identité visuelle (logo, couleurs des combinaisons, etc.) et en créant une livrée de la monoplace, sur laquelle vous placez les logos des sponsors. Par contre, il n’est pas possible de changer le « design » de la monoplace, la carrosserie est « standard ». Une fois que tout cela est validé, le plus dur commence.
Au départ, vos infrastructures (aéro, châssis, R&D, fiabilité, marketing, simulateur) sont embryonnaires et justement, les gains obtenus grâce au sponsor et à vos résultats en piste permettront d’améliorer les installations de votre écurie. C’est indispensable, sous peine de se retrouver comme Haas avec une voiture totalement larguée. Il faudra améliorer par exemple le contrôle qualité, pour éviter que les nouvelles pièces soient défectueuses, l’outil de simulation pour optimiser le feedback des pilotes ou encore développer le département technique afin de produire plus vite et en simultané de nouvelles pièces. Les finances doivent faire l’objet de toute votre attention, car tout a un coût. Un investissement hasardeux ou précipité peut vous amener, surtout si les résultats ne suivent pas en piste, à faire machine arrière, car le risque de faillite est réel. De même, il faudra surveiller le planning, puisque vous devrez occuper le temps disponible entre chaque GP, en affectant votre staff à différentes tâches (team building, entraînement, opérations promotionnelles, etc ).
Ce mode promet une longue durée de vie puisque, vous l’aurez compris, il va falloir en même temps gérer le développement de votre équipe, la R&D de la voiture en cours de saison, piloter…mais aussi se soucier d’améliorer vos propres capacités. En effet, les gains cumulés en cours de saison peuvent être utilisés pour améliorer vos compétences de pilote (meilleure gestion du moteur par exemple) et aussi influer sur vos négociations contractuelles. Enfin, un nouveau principe baptisé » Podium Pass », qui repose sur un système d’accumulation de points et de niveaux successifs à atteindre, permet de débloquer des contenus supplémentaires (défis, décorations, items) que vous pourrez ensuite incorporer, sachant que les contenus les plus exclusifs et aboutis – sont payants.
Au final, F1 2020 peut-être considéré, à juste titre, comme le jeu de F1 le plus abouti à ce jour. ll mêle – ce qui était attendu depuis TRÈS longtemps par les fans – à la fois le pilotage et la gestion d’écurie, renforçant ainsi l’immersion. La saga a pris un très bon virage depuis 2017 et se bonifie à chaque fois. Ce nouveau mode « my team » est intéressant, sans être non plus trop complexe comme dans les jeux de gestion purs et durs (Motorsport Manager, GP manager), d’autant qu’un jeu de F1 axé sur le management est également prévu dans un avenir proche. Le mode « My Team » ne doit pas cannibaliser, à terme, ce futur jeu de gestion. Les novices de cette saga de Codemasters peuvent y aller les yeux fermés, tandis que les habitués trouveront dans le mode de gestion d’équipe une approche originale des jeux de F1 et un contenu d’une grande richesse.
Pour compléter ce test écrit, voici un test vidéo fait par un des meilleurs youtubeurs francophones de la spécialité :