Jeu vidéo : Test de F1 2018 (PC)

Un contenu qui s’enrichit encore

Après une version 2016 qui avait enfin renouvelé une saga en perte de vitesse avec l’introduction du développement de la monoplace, la version 2017 était allée beaucoup plus loin en proposant au joueur de gérer en profondeur la R&D. Le principe est simple et efficace : vos performances en piste et l’accomplissement des programmes en essais libres (gestion carburant, usure pneus, etc.) vous permettent d’accumuler des points que vous pouvez ensuite investir dans l’amélioration de la fiabilité, du moteur, du châssis ou de de l’aérodynamique. Le tout est géré à partir d’une arborescence à l’interface plutôt intuitive. Ces améliorations peuvent cependant échouer et retarder les évolutions de l’écurie.

L’édition 2018 reprend cette formule efficace en y ajoutant encore quelques subtilités. En cours de carrière, il se peut que la règlementation du championnat soit modifiée, ce qui vous forcera à faire des choix et à redéployer vos ressources pour que votre écurie ne rate pas le changement règlementaire. Ces bouleversements techniques pourront entraîner une redistribution des cartes au niveau de la hiérarchie du plateau d’une saison sur l’autre. Bien vu et très immersif.

L’autre évolution en profondeur du jeu concerne enfin votre carrière. Présentes sur la version 2010 (!) seulement, les interviews reviennent dans le jeu, ponctuant les différents grands prix. Mais contrairement à F1 2010 où cette interaction avec les médias était du simple remplissage, votre gestion des médias aura cette fois-ci un impact sur votre réputation et votre carrière. En somme, à chaque question, vous devez choisir dans un temps imparti entre 3 ou 4 réponses possibles. Selon votre choix, votre réputation oscillera entre le « fair play » ou le « showman ». Bref, vous pouvez la jouer très « corporate », façon Rosberg, ou plutôt opter pour un profil au caractère bien trempé, dans la veine d’Hamilton ou Alonso. Cette orientation vous ouvrira plus ou moins des portes avec les top-teams selon le profil de pilote qu’ils recherchent. Enfin, les négociations des contrats sont bien plus poussées et renforcent encore cette immersion dans la carrière d’un pilote.

Côté circuits et voitures, pas de surprise. Licence oblige, F1 2018 propose les 10 écuries officielles et les 21 circuits de la saison en cours, ce qui nous permettra enfin de rouler sur le Castellet. Les voitures historiques sont toujours là et plus nombreuses encore. Aux 12 voitures classiques de l’édition 2017 qui sont encore de la partie (F2002 et F2004, Renault RS26, McLaren MP4/4, MP4/6, etc.), s’ajoutent 12 nouvelles classiques, dont beaucoup d’icônes des seventies : Lotus 72 et 79, Ferrari 312 T2 et McLaren M26 (de quoi se refaire Rush en jeu), Ferrari 312 T4, etc…La variété est donc au rendez-vous. Parallèlement à la saison officielle, le mode contre-la-montre vous permet de défier en ligne les meilleurs chronos et le mode championnat vous propose toute une flopée de compétitions alternatives qui rallongent la durée de vie : championnat sprint, championnat à courses doubles, championnat urbain, sous la pluie, etc.

En termes de contenu, F1 2018 est donc une vraie réussite, avec une offre riche et surtout un mode carrière très approfondi et passionnant.

Une réalisation peaufinée

Là aussi, F1 2018 présente par petites touches des améliorations bienvenues. Graphiquement, rien de bien révolutionnaire. Le jeu n’est pas au niveau d’un Project Cars 2 ou de Forza Motorsport, mais les graphismes demeurent agréables. La lumière a été totalement revue et offre un rendu plus naturel. De même, le design des pneus, des pistes ou encore des visages des pilotes sont plus fins. Le Halo fait bien sûr son apparition mais s’oublie assez vite, sachant que l’on dispose d’une grande variété de vues pour conduire.

La conduite reste un aspect fondamental des jeux de course. Là aussi, F1 2018 propose une expérience encore meilleure. Certes, nous n’atteignons pas le niveau de simulation d’Assetto Corsa, car la série doit rester accessible. Codemasters a trouvé une bonne formule entre la rigueur nécessaire d’une simulation et le plaisir de jouer sans trop de frustration. Le comportement de la voiture est plus pointu que dans F1 2017 et il faudra bien se garder de franchir allègrement les vibreurs, sous peine de finir dans le mur. Les réactions des monoplaces sont plus subtiles, tout comme le comportement des suspensions ou la simulation des dégâts, moins permissive. En désactivant les aides, on peut relever un vrai challenge, surtout avec les F1 classiques au comportement très nerveux et joueur.

L’ambiance est au rendez-vous : jingle et habillage TV officiel de la F1, présentation des courses avec la voix de Julien Fébreau, le commentateur officiel de Canal + (Codemasters a eu la bonne idée de remplacer la précédente voix off française, assez ridicule), nombreuses cinématiques montrant la prégrille, la cérémonie des podiums, les scènes de joie ou de défaite, etc. Les courses sont intenses et nous immergent dans toute la complexité des GP : il faudra à la fois piloter en évitant les pénalités, penser à la stratégie et gérer la consommation de carburant ainsi que – nouveauté – les modes de l’ERS. L’ingénieur est toujours présent et communique fréquemment par radio pour échanger les données. Au début, un certain temps d’adaptation sera nécessaire pour maîtriser l’ensemble des paramètres.

Petit bémol au niveau du son : certes, l’ère des turbos hybrides n’aide pas, mais la restitution des sons moteurs est assez décevante. C’est encore plus dommage pour les voitures classiques. On aurait aimé entendre vraiment rugir le V12 Ferrari ou le V10 Renault, mais ce que propose le jeu nous laisse un peu sur notre faim. C’est encore moins bien dans les replays en caméra extérieure, où le V12 Ferrari ressemble à une grosse tondeuse à gazon. C’est clairement un point à améliorer à l’avenir, car Project Cars ou Assetto Corsa placent la barre plus haut.

Un multijoueur encore perfectible

Incontournable désormais -surtout depuis que la F1 a basculé dans l’ère de l’eSport – le multijoueur a été un peu revu. Bugs ou pépins techniques mis à part et rapidement corrigés par des patchs, le principal souci du Multi est plutôt…humain : beaucoup de joueurs confondent une course de F1 avec les auto-tamponneuses ou Destruction Derby. Il n’est pas rare, malgré des efforts de prudence, d’être poussé, percuté ou victime de freinages suicides. Ces comportements puérils gâchent l’expérience du multijoueur. Pour tenter d’y remédier, Codemasters a scindé le multi en deux catégories : le Multi « non classé » vous permet rapidement de participer à un grand choix de courses contre n’importe qui, à vos risques et périls, tandis que le mode « classé » vous inscrit dans des courses avec des joueurs ayant un niveau similaire au votre.

Le système est simple : course après course, en fonction de vos performances et surtout de votre fair-play en piste, vous accumulez des points qui vous attribuent un « rang » et un niveau de licence. Quand vous lancez une partie « classée », le jeu fait en sorte de vous aligner avec des joueurs ayant une notation à peu près similaire à la vôtre. Le système a le mérite d’exister mais n’a pas encore la finesse du système de notation de IRacing. De toute façon, que les choses soient claires, si vous cherchez une expérience multi au top, il faut se tourner vers les ligues qui organisent des championnats réguliers avec des règlementations solides et un « filtrage » des pilotes. Le multi gagne donc encore à s’améliorer, ce qui devrait sans doute être le prochain objectif des futurs opus de la saga F1.

Vous l’aurez compris, F1 2018 est sans aucun doute le meilleur de la série initiée en 2009 par Codemasters. C’est sur cet opus que se disputeront les phases finales des F1 eSports Pro series.

Images : captures d’écran de l’auteur

(2 commentaires)

  1. Franchement, en bon fan j’ai toujours eu les jeux de F1, à quelques exceptions près suivant les années… et bien celui-ci est pour moi le plus agréable depuis longtemps en temps que joueur occasionnel. Au point que je me pique à faire des courses complètes sur le championnat, avec la durée totale, chose qui ne m’etait pas arrivée depuis mon adolescence et F1 97 !

  2. Perso j’ai lâché l’affaire avec l’arrivée du DRS et du SREC: cela gâche mon plaisir. J’en suis resté à rFactor et les MOD F1 des 80’s à milieu 90’s.

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