Japan Classic Car Association New Year Meeting 2013

Dans la capitale française le début de l’année est l’occasion pour les amateurs d’anciennes de se réunir pour la Traversée de Paris, comme on l’a vu de l’intérieur cette année grâce à notre intrépide reporter sur place. A Tokyo, c’est un peu la même chose. la JCCA a coutume de battre le rappel pour le traditionnel New Year Meeting à Odaiba où se réunissent, dans un esprit parfaitement oecuménique et décontracté, les propriétaires d’anciennes de tout poil, japonaises ou pas. Le blog auto y était.

Comme au Festival d’Avignon, il y a la manifestation officielle, sur un grand parking clos et organisé où se retrouvent les clubs et une méga-foire aux pièces, modèles réduits et autres bric à brac, et le “Off”, les parkings voisins, où se déroulent des rassemblements plus informels en particulier celui des bosozokus qui fournissent la bande sonore de la journée : un concert de vocalises en échappement libre mêlées à des avertisseurs interprétant les grands classiques du genre : Cucaracha, Thème du Parrain… La cacophonie résultante donne pour une fois le sourire aux spectateurs qui préfèrent ces démonstrations sonores dans ce cadre plutôt que dans leur quartier à 3 heures du matin en semaine, ce qui arrive aussi.

Voici une sélection en vrac, car c’est ainsi que se savoure la manifestation, de l’incroyable étendue de ce que l’on a pu voir cette année encore.

L’ancienne la plus emblématique au pays du Soleil Levant est sans doute la Nissan Skyline C10 “Hakosuka” et en particulier la première GT-R, en 4 et 2 portes. Les authentiques GT-R de cette époque sont très recherchées et désormais hors de prix, et la plupart de celles que l’on voit sont des répliques ou des 2000 GT et sont souvent, un peu comme la Giulia à laquelle la C10 ressemble dans le gabarit et la philosophie, modifiées “course” : surbaissées, équipées de jantes larges et échappement sport laissant entendre la belle sonorité rétro du 6 cylindres en ligne gavé par des triples Mikuni.

La Skyline se prête à toute sortes d’interprétations, de la réplique de voiture de course à la restauration pure et dure. Voici par exemple un traitement shakotan d’une heureuse sobriété avec d’intéressantes jantes en tôle à grand déport au lieu des habituelles RS Watanabe.

Interlude : on parlait de Giulia ? Que serait un rassemblement d’anciennes sans une Giulia…

Petit saut en arrière dans le temps pour revenir à la première Skyline GT,  du temps où la Skyline était toujours Prince et pas encore Nissan… Nous sommes en 1964 : comment rendre la Skyline capable de donner la réplique aux sportives venues d’Europe pour les premières courses autos internationales ? Très simple : plus de puissance ! En rentrant aux forceps le 6 cylindres en ligne 2 litres de la Gloria sous le capot, au prix d’une extension pas très seyante de l’empattement et du capot. Mais il faut ce qu’il faut. Résultat : la Skyline 2000GT, qui causera d’homme à homme avec la Porsche 904 GTS au deuxième GP du Japon et finira seconde après avoir un temps occupé la tête de la course. C’est le début de la lignée des Skyline sportives qui fêteront leur cinquantenaire l’année prochaine, un an après la Porsche 911.

Voilà un bel exemple de Skyline 2000 GT « Kenmeri » dans le plus pur style kaido racer à l’ancienne. Un peu comme les hot rodders américains ne sont plus les blousons noirs d’antan mais de vieux messieurs férus de period correct, beaucoup des bosozoku du New Year Meeting ont tourné collectionneurs et perfectionnistes.

Car il y a des points communs dans l’approche avec les amateurs de Muscle Cars. Et si cette Fairlady au traitement typiquement boso mais frappée de la bannière étoilée était le chaînon manquant entre les deux cultures ?

En parlant de Muscle car…

On termine avec les Skyline par cette R30 RS Turbo des années 80, dans une couleur inhabituelle alors que l’on a plus souvent coutume de la voir en rouge et noir. Ah, les années 80, le style géométrique à la serpe et les couleurs flashy, avant l’avénement du biodesign…

Il n’est pas interdit de préférer une période plus ancienne, où les constructeurs japonais s’en remettaient aux meilleurs stylistes européens. La première Nissan Silvia de 1966 est ainsi l’oeuvre d’Albrecht Goertz qui posera à la même époque les bases de silhouette de la 240 Z.

Le coupé Isuzu 117, apparu deux ans plus tard, est signé par Giorgetto Giugiaro.

Quant à la Daihatsu Compagno apparue en 1964, c’est un dessin de Vignale.

L’Hino Contessa de 1964 à moteur arrière est elle oeuvre de Giovanni Michelotti.

La Nissan Cedric de 1966 respire elle aussi l’Italie. Ce pourrait être une grande Fiat et l’on n’y verrait que du feu. Le fait qu’elle sorte des studios Pininfarina n’y est sans doute pas pour rien…

Trois ans seulement avant, c’était une tout autre histoire. La Cedric aurait alors pu sortir de Detroit sans que personne ne trouve ça étrange.

Interlude : en parlant d’américaine, voilà une fort belle Chrysler.

Tout cela ne signifie pas pour autant que les constructeurs japonais dans les années 60 n’ont pas d’identité propre. A la même époque où certaines autos sont confiées aux carrozzerie transalpines, on développe de jolies choses en local comme la Mazda Cosmo Sport, la première sportive à moteur rotatif de Mazda en 1967. Racée, exclusive, elle est destinée à connaître un regain d’appréciation comme la Toyota 2000GT l’a été depuis quelques années. La voiture de la photo appartient au président du club Cosmo Sport au Japon, et est une réplique de la voiture qui a fini à la surprise générale à la quatrième place du Marathon de la Route en 1968, limant le Nordschleife bien avant que les autres constructeurs japonais n’y trouvent leur Graal.

Et que dire de la gironde Honda S600 ? Sous sa robe élégante se cache un moteur à la haute technicité pour l’époque (1964), double arbre à came en tête et quatre carburateurs, annonçant le motoriste d’exception qu’allait devenir Honda.

La S6oo allait être suivie de la S800, que l’on voit ici en compagnie d’une MG Midget contemporaine que la japonaise surclasse implacablement grâce à ses 70 chevaux qui l’emmènent à 160 km/h, laissant dans la poussière l’anglaise au moteur de Mini Cooper.

Non pas que les anglaises soient toutes impotentes. Elles ont leurs amateurs au Japon, très éclairés comme le propriétaire de cette Triumph TR4 aux couleurs des voitures de l’écurie d’usine.

Qui dit anglaise dit Jaguar, présentes en nombre. Une immaculée XK120 aux couleurs de l’écurie Ecosse prenait le soleil matinal…

… seulement éclipsée par une réplique plus que parfaite de D Type.

Aux côtés de ces deux pièces maîtresses, le trio de E-Type Roadster paraissait presque banal, et pourtant, il y a peu d’autos plus désirables qu’une Type E dans un tel état d’origine.

Qui dit anglaise dit bien évidemment Mini, une auto qui parle particulièrement aux Japonais pour qui la petite voiture est un art de vivre.

Le Japon sait tout faire en moins de 4 mètres. Les camions plateaux, comme ce très propre Honda T360 de 1963, la première Honda à 4 roues produite en série,

le très attachant Honda Vamos de 1970, entre le kei-truck et la Mini Moke,

le non moins charmant Mazda Porter Cab de la même année, ici décoré de son sosie, le très populaire personnage pour les enfants Gachapin,

les coupés sport, comme cette Mitsubishi Minica GSS de 1970,

Et même les micro-supercars, comme ces deux AZ-1. Moteur central arrière (3 cylindres 660 cm3 turbo + intercooler), deux places et portes papillon, c’est le sommet jamais dépassé de la Kei-car, un effort conjugué entre Suzuki et Mazda en 1992, au moment où l’industrie auto japonaise, dans une période d’inventivité intense, ne disait non à aucune idée.

 Quand il s’agit de petites voitures, toutes sont les bienvenues, surtout si elles ont l’esprit sportif. Autobianchi A112 Abarth ? Bene bene !

Et si Carlo Abarth avait habité au Japon, le scorpion se retrouverait sur la Subaru 360 au lieu de la Fiat 500. Comme ça :

Mais alors, on n’aura pas eu ça, et ç’eut été dommage.

Allez, un retour vers les japonaises avec quelques autos moins connues en France, comme la Toyota Corolla Sprinter, l’ancêtre de la GT86.

Une Nissan Cherry X1-R, très rare version affutée de la Cherry Coupé.

Une encore plus rare Subaru Leone RX/A, un coupé Subaru 4×4 qui préfigure les Legacy et Impreza à venir dix ans plus tard.

 Et pour finir ce petit tour d’horizon, retour aux européennes, avec quelques raretés comme cette Mercedes Ponton Cabriolet très aristocratique,

Une autre belle de Stuttgart,

Une BMW 2002 Alpina, un label que les Japonais apprécient particulièrement,

Et une autre voiture d’homologation pour faire pendant aux 131 vues plus haut, une très belle Opel Manta 400 dans ses couleurs traditionnelles.

Et les françaises ? On va terminer par là. Si la DS et la SM sont incontournables et font partie des classiques indispensables à toute réunion qui se respecte quel que soit le coin de planète où elle se déroule,

voilà quelque chose de beaucoup plus inattendu : une Simca 1500 dans son jus.

Séquence émotion pour votre serviteur avec la voiture de son enfance, souvent imitée, jamais égalée : la Renault 16, ici dans ses deux incarnations majeures : une TL et une TS. Il convient de noter que si la TL, la blanche, vit une seconde vie bien loin de la Seine et Marne où elle a passé la première, la TS, avec volant à droite, a été vendue neuve au Japon par l’importateur d’alors, la première 16 dans ce cas et peut-être même la dernière confiait son propriétaire qui vient de mettre la main dessus et est en train d’établir sa biographie.

Et on termine en beauté avec la plus spectaculaire représentante de la poignée de Berlinettes disséminées dans les parkings, une Groupe 4 lyonnaise dont on aimerait bien connaître l’histoire.

Voilà pour ce petit tour dans une manifestation attachante par son éclectisme et son esprit bon enfant. Il y avait encore beaucoup à montrer, alors on reviendra l’année prochaine !

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