Interview : La signature lumineuse selon Peugeot

Une démarche longue et complexe

Pour expliquer leur mission, nous pourrions dire qu’ils sont chargés de faire converger le style et la technique dans ce domaine de l’éclairage et la signalisation.

LBA : Quand est apparu ce concept de signature lumineuse chez Peugeot ?

« On est en 2003 et c’est sur la 307 coupé cabriolet, avec deux griffes de chaque côté sur l’arrière du véhicule. Ensuite, on a généralisé la signature avec les  lanternes arrière sur les véhicules haut de gamme d’abord et aujourd’hui, on ne produit pas un véhicule sans signature. A partir de la 208, en 2012, nous avons clairement une signature qui arrive sur la face avant. »

Pour le nouveau 3008 à quel moment la question de la signature lumineuse est-elle intégrée dans le processus de conception ?

« La question de la signature lumineuse se pose dès le commencement du projet, car il faut estimer son coût, pour l’engager ou la revoir. L’année précédant le démarrage du développement du nouveau 3008, afin d’exprimer avec force notre souhait style,nous avons  conçu un démonstrateur signature lumineuse. Sur cette maquette en polystyrène échelle 1, nous avions des projecteurs et des feux réalistes et fonctionnels, dont les signatures s’allumaient. »

A quels critères correspondent les signatures lumineuses Peugeot ?

« Elles doivent contribuer à l’attrait du véhicule avec la richesse qu’elles apportent. Elles nous permettent de signer l’identité de la marque, de jour comme de nuit. Du point de vue technique nous avons un cahier des charges très précis en termes de luminance, d’intensité et d’homogénéité de la lumière dans toutes les directions. Nous avons également des spécifications en termes de couleurs et de lumière blanche qui doit être émise. Toutes ces choses-là contribuent à la qualité de la signature sur le véhicule. »

Existe-t-il des normes particulières sur cette question ?

« En fait, on ne peut pas allumer juste pour faire joli. Nous devons répondre à des réglementations très précises en termes d’intensité, en termes de couleurs et selon les directions d’émission de la lumière. On se sert de cette base obligatoire pour y apporter ensuite du design. Sur une réglementation assez stricte, il convient ensuite de traduire toute l’intention du styliste dans nos signatures lumineuses. »

Un dialogue permanent

Jusqu’où peut aller le designer sans gêner la technique ?

« Nous sommes dans un dialogue permanent. On négocie les contraintes techniques. On s’adapte, on change nos dessins. Un échange permanent est établi entre le fournisseur, l’ingénierie PSA et le design de Peugeot. »

Le surcoût est-il important en production ?

« Le prix est plus important qu’avec des lampes traditionnelles. Ensuite tout va dépendre des effets que nous voulons apporter, par exemple une ligne pointillée ou continue. Si la forme de la signature n’est pas rectiligne et complexe dans l’espace, cela peut entraîner un coût assez élevé. Tout dépendra également des technologies disponibles, qui s’additionnent sur les étagères des fournisseurs et nous permettent d’accéder à des qualités et des gestes de lumières qui sont  réussis, tout en essayant de contenir le prix. »

La signature lumineuse fonctionne-t-elle obligatoirement de jour ?

« Depuis 2011, selon la réglementation européenne, dès le contact moteur, les feux diurnes s’allument. »

Est-ce la faible consommation des leds qui a accéléré l’arrivée des signatures lumineuses ?

« Oui, ce sont les leds, qui ont rendu possible le fait de mettre de la lumière dans des éléments d’optique type matériaux transparents sans trop les chauffer, contrairement aux lampes.

On peut quasiment dire que seules les leds permettent de réaliser des signatures. Dans ce domaine les lampes sont hors course. De plus, la dimension même de la led permet d’implanter des sources de lumière, là ou d’habitude nous n’avons pas de place, je pense au niveau de l’aile, sous le capot…

En tout cas, nous pouvons avec les leds réaliser des signatures comme un trait de crayon. On joue avec la lumière avec beaucoup plus de liberté qu’avec une lampe. Ajoutons que les leds, ayant un rendement énergétique favorable, cela nous a permis d’aller vers des signatures assez spectaculaires. A titre d’exemple, un feu de jour avec lampe consommera 21 watts avec des leds ça ne pourra consommer que 7 watts ! »

Comment passe-t-on du design à la production ?

« Dès le départ du projet, on arrive avec notre souhait stylisé, étudié en interne en termes d’ingénierie et de coût. Il faut que cela rentre dans l’enveloppe du projet, cela entraîne une énorme préparation d’études et de débats en interne. Ensuite, nous passons à une mise en consultation auprès des fournisseurs comme Valeo, AutomotiveLigthing, Varroc et bien d’autres,puis nous choisissons l’un d’entre eux. Nous aurons avec lui une phase de  trois ou quatre mois de convergence technique. Le fournisseur nous présente ensuite une maquette fonctionnelle, qui arrive avant le top réalisation usinage série et nous permet de dialoguer avec lui, en vue d’une livraison en bout de ligne d’un produit absolument conforme à nos exigences de qualité. »

Nos interlocuteurs sont prolixes sur le sujet et affirment en chœur : « la signature lumineuse c’est le signe qui caractérise notre marque à l’arrière ou à l’avant de manière irréfutable ».

Peugeot n’est bien évidemment pas seule dans cette démarche d’identification de ses véhicules. On pourrait d’ailleurs s’amuser à tester nos connaissances en la matière et s’apercevoir que Mini, Audi, Renault, Jaguar Land Rover entre autres, ont déjà bien réussi à entrer dans la mémoire collective des automobilistes.

Crédit images : Peugeot

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