Alfa Romeo en crise
Au faîte de sa gloire, commerciale comme sportive, dans les années 60, Alfa Romeo souffre dans la seconde moitié des années 70. Le choc pétrolier est passé par là, rédhibitoire pour les modèles sportifs dont le Biscione s’était fait une spécialité. L’heure est aussi à la crise économique et sociale, et donc à des choix plus économiques aussi bien pour les constructeurs que pour les consommateurs. L’Italie est traversée par une crise économique et sociale, à laquelle s’ajoute aussi une grave crise politique, celle des années de plomb marquées par le terrorisme des brigades rouges
Malgré les succès commerciaux initiaux de l’Alfasud, lancée en 1972, et de l’Alfetta, en 1974, les ressources financières d’Alfa Romeo sont minces et les problèmes de fiabilité, dont la fameuse corrosion, ont commencé à entamer la réputation de la marque. L’Alfasud, lancée au départ comme un modèle devant permettre l’expansion de la marque, est en train de la plomber à cause de sa réputation désastreuse sur le plan de la qualité de fabrication. A la fin de la décennie, Alfa Romeo va passer plutôt maître dans l’art de faire du neuf avec du vieux. Si la mayonnaise prend assez bien avec la Giulietta de 1977, qui récupère les moteurs et la plate-forme de l’Alfetta, c’est raté par contre pour la berline de luxe Alfa 6, déjà presque datée esthétiquement et surtout pas du tout adaptée au contexte de l’époque.
Tout le monde veut une compacte !
Entre temps, un certain Volkswagen a créé la sensation en sortant la Golf, une berline compacte qui s’impose rapidement comme l’un des nouveaux best-sellers en Europe. Lancia et Fiat ont riposté avec la Delta et la Ritmo. Face à la montée en puissance de ce nouveau segment de plus en plus prisé par les Européens, Alfa a traîné la patte mais veut sa compacte à succès. Pour autant, les caisses sont vides et pas possible, vu les ressources limitées (ce qui n’empêche pas un programme F1…), de développer un tout nouveau modèle. C’est là qu’une opportunité se présente avec Nissan qui, de son côté, cherche à pénétrer le marché européen encore assez protectionniste face aux marques nippones, alors qu’il vient de développer une compacte qui doit être lancée sur son marché domestique en 1981.
Ainsi, le 9 octobre 1980, par le biais de leurs présidents respectifs Ettore Massaccesi et Takaschi Ishihara, Alfa Romeo signe un accord de co-entreprise avec Nissan, qui donne naissance à la société Alfa Romeo Nissan Automobili SpA. L’objectif pour le constructeur milanais est de créer rapidement et à bas coût une automobile du segment C capable de rivaliser avec la Volkswagen Golf, la Fiat Ritmo et la Lancia Delta. De son côté, la firme nipponne pourra écouler sous un autre nom l’un de ses modèles afin de contourner les quotas d’importation.
La stratégie des deux constructeurs est de produire une version « italienne » de la Nissan Cherry (ou Pulsar sur les marchés nord-américain et japonais) dotée des moteurs Boxer, de la boîte de vitesses et des suspensions de l’Alfasud. Elle sera alors vendue en Europe sous le nom d’Alfa Romeo Arna et au Japon sous celui de Nissan Cherry Milano. Mieux, une nouvelle unité de production est spécialement édifiée à Pratola Serra, en Campagnie, dans des délais record pour accueillir la production.
Mauvaises surprises
A peine les premiers prototypes assemblés, un premier grave écueil apparaît : cela peut sembler incroyable, mais les ingénieurs Alfa et Nissan n’ont que très peu coopéré et ils se sont heurtés à des cultures de travail bien différentes. On s’aperçoit alors que la carrosserie de la Pulsar doit être…modifiée pour accueillir la mécanique de l’Alfasud, ce qui entraîne non seulement une hausse imprévue des coûts de production mais surtout un retard important dans la mise en vente du modèle. D’ailleurs, face à ce retard imprévu, alors que l’Alfasud est en fin de vie et que le site de Pomigliano d’Arco doit être pérennisé, Alfa Romeo développe rapidement en parallèle une remplaçante qui arborera une nouvelle carrosserie mais avec des solutions techniques éprouvées : la 33.
Mais outre les retards de développement, le plus grave problème de l’Arna sera tout simplement son image. La voiture a beau avoir des moteurs réputés et une bonne fiabilité globale – même si le châssis d’origine Nissan n’est pas vraiment adapté à la sportivité du Bicione – la réception du véhicule est terrible. Développée à l‘économie, l’Arna s’est contentée de reprendre la ligne anguleuse, fade et impersonnelle de la Nissan Pulsar. Seul un timide et petit scudetto sur la calandre permet de reconnaître l’appartenance de ce « déplaçoir » au Biscione. Et le verdict ne se fait pas attendre : les alfistes rejettent en bloc un modèle non seulement daté visuellement mais surtout blasphématoire à leurs yeux de par ses origines étrangères, une « chose » contre-nature dont ils ne veulent pas entendre parler !
A peine sortie, déjà has been
Il faut attendre 1983 pour voir la sortie de l’Arna , proposée en version 3 et 5 portes, dotées de motorisation de base de l’Alfasud, c’est-à-dire le moteur boxer 1.2 de 63 ch auquel on ajoute en 1984 une version TI dotée du moteur 1.3 de 86 ch. Les aciers utilisés subissent un traitement zincrometal qui résolvait les problèmes récurrents de corrosion qui avaient touché la production de l’Alfasud, mais cela ne suffit pas. La même année, la 2ème génération de la Golf et la Peugeot 205 sortent, avec des lignes et des solutions mécaniques plus modernes. A peine inaugurée, l’Arna semble déjà d’un autre temps.
Trop « batarde » pour les alfistes, trop vieillotte pour la plupart, elle ne trouve pas son public, d’autant qu’elle n’est pas commercialisée sur les marchés où Nissan est présent et qu’elle subit aussi la concurrence interne de la nouvelle Alfa 33, bien plus séduisante dans sa ligne comme dans ses prestations. Après seulement trois ans et demi de commercialisation et à peine plus de 50.000 exemplaires vendus, la production est définitivement arrêtée en 1987 par le nouveau directoire Fiat Auto, devenu cette année-là propriétaire d’Alfa Romeo, puisque la production de l’Arna s’effectuait en forte perte.
Autant dire que le constructeur a vite oublié cette catastrophe industrielle et commerciale.
Comme disait l’autre… Alfa, c’était mieux avant ! ?
J’ai déjà lu cet article au moins 10 fois ces dernières années…..
C’était sans doute la plus fiable des Alfas de cette décennie, et elle alliait le meilleur des deux marques : un moteur plein d’allant bien italien (et fiable) et une carrosserie qui ne rouillait pas.
Bon la ligne était insipide c’est certain.
C’est plus Alfa qui a tué cette voiture que le marché puisqu’elle n’était pas vendue hors Italie (je me trompe ?)
J’ai fait une seconde lecture de l’article (je me suis arrêté à la photo) :
Sans revenir sur les questions sexistes, c’est l’attitude de grand rire de celle-ci qui m’a le plus interloqué : pourquoi en ces temps là pouvait on avoir pareille attitude positive et joyeuse alors qu’aujourd’hui, homme ou femme ou troisième genre sinon 4ème, bref, le rempli sandwich (avec l’obligation de l’intégration d’une ‘minorité beige, black, blanc, LGBTQI+++) n’ a plus cette attitude simplement joyeuse mais toujours cet air de penser très profondément à ce qui se passe.
Aurait on perdu spontanéité ?
Regardez là, elle se moque de cette pseudo alfa car elle sait qu’elle et le photographe vont ensuite… parler du dernier séchoir Brandt ou Vedette et de l’avantage des pâtes Lustucru sur les Panzani (ce qui est fou est qu’Alfa à presque disparu et pas ces pâtes)