Il y a 30 ans, Vatanen domptait Pikes Peak et la Peugeot 405 T16

En 1985, Audi remporte la montée de Pikes Peak avec une certaine Michèle Mouton au volant d’une Audi Sport Quattro S1. C’est la première Française à remporter la course. Pour l’anecdote, elle avait remporté la catégorie Open Rally l’année précédente mais échoué d’un rien au général. Audi met les moyens et domine durant 3 années consécutives la montée du Colorado. La dernière victoire, c’est 1987 avec Walter Röhrl et une version encore plus préparée pour l’épreuve de l’Audi Quattro.

Revenons-en à Peugeot. Peugeot Talbot Sport (PTS) est créée fin 1981 sous la houlette de Jean Todt. Direction le rallye avec la 205 Turbo 16, épouvantail des rallyes 85/86. En 1987, Peugeot remporte le Dakar avec la 205 T16 et Ari Vatanen au volant. Elle remporte aussi l’épreuve en 1988. Peugeot tente de remporter Pikes Peak avec la 205. 3 voitures sont envoyées dans le Colorado en 1987 mais buttent sur le grand Walter et son Audi.

La grande voiture lancée par la marque sochalienne à cette époque, c’est la Peugeot 405 (1987). Pour faire de la publicité à sa familiale, Peugeot exploite les 24 heures du Mans. Il y aura le record de vitesse des Hunaudières de 407 km/h mis à 405 km/h pour des raisons marketting, mais aussi le projet 905 avec une première version singeant les faces avant des voitures de route.

Le sport auto comme page de pub pour la 405

Il y aura aussi le Dakar avec la 205 T16 remplacée par la 405 T16 Grand Raid pour les victoires 1989 et 1990, toujours avec Ari Vatanen. Et, il y aura donc cette montée de Pikes Peak, la revanche ! Peugeot prend ses pilotes maison, Vatanen et Kankkunen et deux 405 Turbo 16 aux couleurs PTS.

L’objectif est la victoire au général, mais aussi de battre le record qu’Audi a abaissé à 10:47.850. A cette époque, la piste est encore en terre, recouverte de graviers, avec des morceaux en vieil asphalte, et la conduite est spectaculaire. Ari Vatanen remporte l’épreuve, et bat le record pour 630 millièmes ! 10:47.220. Le record tiendra 5 éditions avant d’être abaissé régulièrement jusqu’à atteindre 10:01.408 par Nobuhiro « Monster » Tajima sur Suzuki. Ensuite, c’est 2011 et la transformation définitive de l’épreuve. Kankkunen termine second et est très souvent oublié dans cette victoire de Peugeot à Pikes Peak 1988.

A noter que la Peugeot 405 T16 remportera aussi l’épreuve en 1989 avec Robby Unser, fils de la légende de Pikes Peak Bobby Unser (10 fois vainqueur) et cousin de Al Unser Jr (double champion de CART et double vainqueur des 500 miles d’Indianapolis). Il faudra attendre 25 ans pour voir Peugeot retourner à Pikes Peak, avec la 208 T16 Pikes Peak et Sébastien Loeb.

Climb dance

Jean-Louis Mourey montera toutes les images disponibles de la victoire de Vatanen et produira le film « Climb dance ». Le court-métrage remportera 4 prix prestigieux, en France ou aux Etats-Unis. Il restera, et reste toujours, dans les esprits. C’était il y a 30 ans, c’était en terre, c’était une autre époque.

Depuis 2002, la ville de Colorado Spring a été forcée de bitumer la montée de Pikes Peak. En effet, elle remettait régulièrement de la terre et des graviers pour refaire la route utilisée en temps normal surtout par des camping-cars. Attaquée en justice par une association de défense de l’environnement, la ville a perdu et a donc d s’engager à bitumer la route, seule solution pour ne plus déverser des tonnes de graviers.

En 2011, la dernière portion de terre est supprimée et depuis, l’épreuve a complètement changée. La dernière production filmée, la montée victorieuse de Romain Dumas en VW électrique, est un exploit technique et humain, mais, ne procure pas la même sensation que cette montée il y a 30 ans. Pour le plaisir, on la regarde encore une fois, en version « remasterisée ».

Illustration : Peugeot

(25 commentaires)

  1. C’est et cela restera à jamais une des meilleures montées. C’est du grand pilotage et une vidéo toujours aussi impressionnante.

  2. Impressionnant de voir comment, en 30 ans, on est passé du grand cinéma-spectacle qui fait te dresser les poils et écarquiller les yeux, à la petite vidéo aussi bricolée que celle d’un banal Youtubeur, et ce malgré un hélico et toute la force de frappe du premier constructeur mondial, faisant passer un record et un authentique exploit technique pour une vulgaire démonstration de voiture radio-commandée.

    Alors sans vouloir passer pour le réac’ de service, merci pour ce rappel que l’on espère aussi destiné aux plus jeunes générations…

    1. Je crois que le bruit d’électroménager (un blender peut-être) émis par la VW n’aide pas niveau sensation.

      Et puis, quoiqu’on en dise, c’est la dangerosité de l’exploit qui rend le tout particulièrement palpitant.
      Comme les Groupe B en rallye. Ces voitures était mortelles, au propre comme au figuré.

  3. Le gars conduit pied au plancher au bord d’une falaise d’une seule main toute en se protégeant du soleil de l’autre… Ah ouais…

    C’était autre chose dans les années 80 !

    1. fais gaffe, on va passer pour de vieux réacs, surtout ici, ou de nos jours où tout ce qui est sorti ou nouveaux est forcément mieux…

  4. Prestation mythique et historique d’un autre temps … bien au-dessus de la montée ennuyeuse de Dumas pour moi. Un peu comme si on comparait les vieilles F1 à boîte manuelle et celles d’aujourd’hui automatiques et ultra connectées …
    A l ‘époque, le sport auto était plus basique, plus risqué et donc plus impressionnant… Encore un grand coup de chapeau à MONSIEUR Vatanen.

  5. Est-ce qu’on sait quelle était la configuration du moteur de la voiture de Vatanen? Je suppose qu’il avait été préparé en conséquence…

    1. http://www.motorsdb.com/fiche-technique/auto/67/Peugeot-405-T16-Pikes-Peak-1988-1989.html
      1.9l, 660ch (sans doute à 1015hPa, un peu moins au départ, beaucoup moins en haut de pikes peak à 4500m d’altitude)
      Avec de bons réglages des turbos, la voiture ne perdrait que 25% de puissance
      https://www.caradisiac.com/J-6-Pikes-Peak-2013-les-effets-de-l-altitude-87641.htm
      165ch de perdus !
      Pikes peak sera définitivement gagné par les électriques qui ne subissent pas cette perte de puissance

    2. 880 kg, 4 roues directionnelles, moteur 4 cylindres en position centrale arrière, injection électronique Magnettti Marelli, turbocompresseur Garrett.
      Elle développait 550 chevaux, au niveau de la mer (bien moins en haut à 4000 m, mais la légèreté aidait).

  6. Dans l’absolu, dès lors que l’on sait que le bruit est un facteur handicapant en terme de sensation, et que quand on s’appelle VW et qu’on met déjà le paquet dans un tel projet, on embauche Hans Zimmer et on fait monter la sauce, au lieu de laisser le son embarqué tel quel. D’autant plus si le film a été « monté » par la suite, et que l’on n’est pas du tout dans une retransmission live.

    Pour ce qui est de la dangerosité, les ravins sont les mêmes qu’il y a 30 ans, même si le grip n’est bien évidemment plus à voir et que tout file droit, bien propre. Mais puisqu’on filme tout de haut au télé-objo, et en plan séquence, l’ensemble est entièrement aplatit et sans idée de vertige.

    Si je reste dans mon parti pris de pointer les différences (criantes) de mise en scène, puisque la représentation qu’on a de ce run a aussi été mystifiée grâce à ce film brillant (par ailleurs récompensé comme précisé), on a là la parfaite explication de ce qui différencie une réalisation digne du cinéma par rapport à un film amateur.
    Et à l’heure où l’idée est d’essayer d’imposer au monde une nouvelle technologie, doublé pour VW au fait de vouloir redorer son image en territoire hostile, le résultat et le rendu sont assez désastreux en terme d’entreprise de séduction.

    1. Je crois que le pire, c’est d’avoir conservé le son de l’intérieur de la voiture, tout en mettant les images de l’extérieur.
      En cela, la vidéo de Red Bull de la montée de Loeb est bien plus sympathique :
      https://www.youtube.com/watch?v=Y20CLumT2Sg

      Cela n’a pas la patte de caméras pro postées sur la montée, mais déjà cela fait vivre plus intensément la montée.
      Et on voit que les ravins sont toujours là 😉

  7. …surtout si on considère le nombre d’escort ( caisses ) qu’il a empilées avant d’avoir enfin l’appellation de pilote…
    c’est bien d’évoquer performance de ce temps là ( ce n’est pas si vieux) , sur cette route là, à présent d’un toujours grand champion.
    Vatanen: j’ajoute des autres noms : Arthur Blanck, Hans kühnis, Ignazio Giunti, Scarfiotti , Rouveyran, Neuman, plus anciens…et d’autres qui m’ont donné le frisson en côte…j’veux pas écrire un livre. mais j’ai toujours une forte pensée pour Lionel Regal …
    le vide ou l’obstacle de bord de chaussée : la côte plus que d’autres disciplines est risquée https://www.dailymotion.com/video/x1k9qh9

  8. Mythique !!! Et puis, autre temps, autres moeurs, Peugeot à beaucoup communiquéer sur cette victoire !! A croire qu’en termes d’image, les gens s’en rappellent plus que les victoires au mans, le passage en f1 et récemment le dakar ! A tel point que Vatanen est toujours aussi populaire, bien plus que nombre de pilotes actuels !

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